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Le blog d'André Boyer

ADIEU, LES CIMENTS FRANÇAIS

26 Février 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

ADIEU, LES CIMENTS FRANÇAIS

Heureusement, la balance des paiements, grâce au tourisme et aux services aux entreprises, n’accuse qu’un déficit de 16,6 milliards d’Euros en 2018. 

 

Car le tourisme a lui tout seul, génère 45 milliards d’euros de recettes, grâce à 90 millions de visiteurs en 2018. Il suffirait donc d’attirer 120 millions de visiteurs, en ouvrant par exemple deux ou trois Disneyland supplémentaires, pour faire disparaître le déficit de la balance des paiements. À terme, on peut même imaginer une sorte de  Disney France qui suppléerait avantageusement notre insuffisante activité de production industrielle, pourquoi pas ? Qu’en dites-vous les amis allemands ? 

 

En attendant de contempler cet avenir radieux, est-ce un hasard si nous perdons progressivement nos grands groupes industriels que nous avons construit durant la seconde moitié du XXsiècle ? Aujourd’hui même, deux prédateurs, l’un américain, Ford, ferme son usine de Blanquefort à la barbe d’un État français impuissant, l’autre, chinois, trompeusement appelé Casil Europe, veut vendre les 49,9% qu’il détient dans l’exploitation de l’aéroport de Toulouse Blagnac avec une plus-value de 62% en quatre ans...

 

Ce processus de désagrégation a commencé en 1992 par le rachat des Ciments français qui sont devenus une filiale d’Italcementi Group, à l’époque deux fois plus petit que son acquisition et à l’époque personne ne pressentait que cette prise de contrôle était un premier signal d’alerte.

Ce rachat résulte des agissements d’une banque française, Paribas, qui détenait 38,9 % du capital des Ciments français et qui les a cédé au groupe italien. Dommage pour les Ciments Français né en 1881 et en pleine croissance, qui couvrait 40 % du marché français. 

Le groupe Italcementi associé aux Ciments français et devenu Ciments Calcia, a poursuivi sa politique de croissance externe au Maroc, en Thaïlande, en Bulgarie, en Inde et en Égypte. Puis, Ciment Calcia, dont le siège social était à Puteaux, qui était dirigé par un Français et qui était coté à la Bourse de Paris pour 5,6 milliards d’Euros, a été radié de la cote le 15 juillet 2014, avant d’être racheté en 2016 par un géant allemand, HeidelbergCement, dont il est devenu une filiale détenue à 100%. 

5,6 milliards d’euros ont donc quitté le marché français pour se situer en Allemagne, le siège social  avec ses cadres s’est déplacé à Heidelberg, sauf ceux qui gèrent encore les  10 usines et les 1300 salariés français indispensables parce qu’il est couteux de transporter le ciment, compte tenu de son prix au kg. 

Dans l’affaire, Paribas a fait quelques bénéfices à court terme, mais à long terme il a privé la France d’un groupe industriel rentable et puissant. Désormais, les Ciments Français représentent en valeur quelques centièmes du groupe allemand HeidelbergCement, le leader mondial, c’est-à-dire quasiment rien. 

Les Ciments Français ont tout simplement disparu. Et savez-vous qui s’est finalement approprié les Ciments Français ? Ludwig Merckle, un financier allemand un peu dépressif de 54 ans  domicilié à Ulm, la 248efortune mondiale. C’est lui qui contrôle HeidelbergCement dont il possède encore 24% après en avoir vendu prés de la moitié après la crise de 2008, une crise qui a si fortement secoué sa famille que son père s’est suicidé. 

Reste à éclaircir la cause de la vente puis de la disparition des Ciments Français. 

L’une est stratégique, c’est la décision de Paribas, actionnaire avec Axa des Ciments Français depuis vingt ans, de réaliser une plus-value à court terme contre tous ses engagements, puisqu’il proclamait auparavant vouloir « arrimer la banque à l’industrie » : bien audacieux celui qui se fie à son actionnaire-banquier. 

L’autre est conjoncturelle et elle s’explique par la gestion aventureuse de son PDG, Pierre Conso, qui a été rapidement démis de ses fonctions après la fusion, suite à des malversations qui ont ultérieurement donné lieu à condamnation. Il s’agissait d’opérations de portage qui permettaient à Pierre Conso de financer la politique de forte croissance externe des Ciments Français. 

 

En résumé, une politique aventureuse pratiquée par un PDG autocratique, comme souvent en France, ajouté à une banque qui renie ses engagements à long terme pour des profits à court terme et une industrie française qui disparaît. 

 

Une bonne partie de la production française de ciment dépend désormais des choix stratégiques de Monsieur Ludwig Merckle. Et on fait comment pour reprendre le contrôle des ciments fabriqués en France ? Vous avez une idée, BNP Paribas ? 
À SUIVRE
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