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Le blog d'André Boyer

LA MAITRISE DU MONDE?

28 Novembre 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA MAITRISE DU MONDE?

LA MAITRISE DU MONDE ?

 

L’humanisme est tout entier fondé sur le principe de contrôle, de la nature et de soi-même. Or les résultats spectaculaires de l’humanisme dépassent les attentes de ses promoteurs, d’où la remise en cause partielle ou totale de ses principes.

 

Nous devons tout d’abord nous souvenir que la science est une création grecque qui date de 2500 ans, en partant de l’idée que la réalité sensible, celle à laquelle les sens nous donnent accés, n’est pas la seule réalité accessible.

Avec les Grecs, l’homme a subodoré qu’il y avait des choses derrière les choses, donnant le départ au développement des connaissances en Occident. Comment avoir accés à ces connaissances ? Platon pose qu’il s’agit d’Idées et que l’on y accède par la dialectique, c’est-à-dire que l’on confronte des idées en éliminant dans ce processus les idées incohérentes. On fera donc de la dialectique pendant deux mille ans, sans aboutir à une connaissance certaine, uniforme et partagée de ces choses derrière les choses.

En assurant que le livre de la Nature est écrit en langage mathématique, Galilée a permis le passage du monde qualitatif des idées au monde quantitatif de la mesure des choses.

La mesure est en effet le procédé qui permet de passer d’une sensation qualitative à une donnée quantitative, de l’éloignement d’un objet à la distance qui m’en sépare. Elle constitue la deuxiéme rupture dans l’ordre de la pensée, après la première avancée du monde des Idées de Platon, à laquelle elle donne tout son sens. Et puis tout se mesure, les distances comme les profits, ce qui signifie que ce qui ne se mesure pas n’a pas d’intérêt, ou plus précisément n’a pas de valeur.

Notre rapport à l’espace et au temps est significatif à l’égard de la mesure. Nous n’avons pas besoin d’un mètre pour évaluer une distance, mais nous avons besoin d’une montre pour connaitre l’écoulement du temps objectif que nos sensations ne nous permettent pas d’apprécier. Derrière le temps normalisé apparait une vision déterministe de la nature.

Si le monde est déterministe, comme l’affirme Descartes et tous les scientifiques jusqu’à la fin du XIXe siècle, il est possible de prévoir son évolution. Si l’homme peut prévoir, il peut modéliser les conséquences de ses choix, donc il peut choisir son avenir : l’homme devient Dieu, puisqu’il maitrise son destin.

 

Jusqu’à ce que la science découvre progressivement les limites de son pouvoir de maîtrise, qui l’empêche de décrire totalement la réalité. Le théoreme de Gödel, le second principe de la thermodynamique, le chaos déterministe en mécanique, les relations d’incertitude en physique nucléaires, marquent, entre autres, les limites des avancées scientifiques sur le chemin de la vérité.

En outre, la science porte en elle la technologie qui est mise en œuvre pour maitriser la nature, technologie qui  engendre des effets indésirables, en vertu du second principe de la thermodynamique. Petit à petit, ces effets indésirables, comme la pollution  deviennent insupportables, ce qui conduit au développement d’une nouvelle technologie pour les éliminer, qui génére à son tour de nouveaux effets désirables. Une spirale technologique illimitée s’installe, l’une corrigeant la précedente…

Pour sa part, l’économie entre progressivement dans l’ère du non-maitrisable. Le supplément de pouvoir d’achat dégagé par le progrés technologique, les effets d’expériences et les économies d’échelle ne servent plus seulement à satisfaire des besoins limités, mais des désirs illimités.

Enfin, lorsque la sociologie montre que l’on peut expliquer le comportement humain à partir de sa culture et que la psychanalyse renchérit en l’expliquant à partir de son insconscient, la philosophie abandonne la morale kantienne, selon laquelle l’être humain est libre et responsable.

 

En constatant la remise en cause de la notion de maitrise, l’Homme-Dieu en vient à débattre de l’humanisme qui l’avait mis en mouvement.

À SUIVRE

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