Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Le Directoire ou le coup d'État permanent

28 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

À la Terreur et à son retour de flamme que fut la Convention thermidorienne, succéda le Directoire dont les mœurs républicaines sont également pleines d’amers enseignements pour les citoyens du XXIe siècle.

 Barras

S’ils se faisaient des illusions sur leur popularité, les élections qui suivirent démontrèrent aux Jacobins qu’ils avaient eu au moins raison de craindre leur résultat. La composition des deux assemblées indiquait nettement que la volonté des électeurs était ignorée par les anciens conventionnels : alors que les nouveaux élus comptaient 120 royalistes pour seulement 45 républicains, les deux assemblées comprenaient 163 royalistes pour 587 républicains.

Il y eut aussi un fort taux d’abstention. Les élus étaient surtout des ex-constituants modérés, d'anciens Feuillants ou des hommes neufs hostiles au régime. Malgré le décret des Deux Tiers et les pressions exercées la Convention sur les électeurs, seulement 376 Conventionnels sur les 500 qu'imposait le décret furent réélus, ce qui obligea la Convention à désigner elle-même les 124 députés manquants.

Élu le 31 octobre 1795, le Directoire était composé de La Révellière-Lépeaux pour  l'instruction et la religion, de Reubell pour la diplomatie, de Barras pour les affaires intérieures, de Carnot pour la guerre et de Le Tourneur, ce dernier jouant un rôle mineur dans le groupe. Dans les départements, les commissaires du Directoire furent choisis dans la bourgeoisie qui s’était impliquée dans les événements révolutionnaires.

Ces cinq hommes qui composent le Directoire, trois avocats et deux soldats, méritent l’attention car ils fournissent un tableau fidèle du pouvoir issu de la Révolution.

Louis Marie de La Révellière-Lépeaux (1753-1824) est avocat à la veille de la Révolution, grand partisan de l’égalité. Il vote la mort du roi, s’oppose à Robespierre et à Danton et  soutient la Gironde contre Marat. Proscrit, il revient à la Convention après la chute de Robespierre. Élu au Directoire, il soutient la théophilantropie qui visait à se substituer au catholicisme, sans prêtres mais avec des cantiques et des  prêches de morale civique : toujours la tentation des hommes au pouvoir de fabriquer des sujets à leur convenance, comme si la morale était un produit modelable à leur convenance et la religion un produit concurrent!

Quand la Révolution éclate, Jean-François Reubell (1747-1807) est également avocat. À la Constituante, il soutient les droits des hommes de couleur et il se spécialise dans  la dénonciation des tyrans, des privilèges du clergé et des juifs. Député à la Convention, il s’inscrit avec discrétion dans les rangs de la Montagne. Pour lui, républicanisme et anticléricalisme sont synonymes. Membre du Directoire, il se consacre à la  diplomatie de la « Grande Nation ».

Paul François Jean Nicolas, vicomte de Barras (1755-1829), qui a laissé l’image d’un libertin et d’un corrompu, entre dans l’armée à seize ans dont il démissionne à la fin de la guerre d’Indépendance. Il est député à la Convention, où il siège à la Montagne et vote la mort de Louis XVI. Il met la « Terreur à l’ordre du jour » à Marseille et à Toulon, où il remarque Bonaparte. Au soir du 9 Thermidor, il commande l’action militaire qui permet la prise de l’Hôtel de Ville et la fin de Robespierre.

Il devient le spécialiste militaire de la défense de la République. Commandant en chef de l’armée de l’Intérieur au 13 Vendémiaire, il fait de Bonaparte son second et obtient pour lui le commandement de l’armée d’Italie. Il est supposé avoir des opinions de gauche, ce qu’il montre en s’opposant aux poursuites contre les conspirateurs babouvistes ainsi qu’à toute tentative de restauration royaliste, notamment lorsqu’il organise le coup d’État de Fructidor.

Écarté du pouvoir par Bonaparte, il oubliera ses convictions de gauche pour se rapprocher des royalistes.

 

Lire la suite
1 2 3 4 5 6 7 8 > >>