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Le blog d'André Boyer

Le Comité de Salut Public à l'offensive

28 Avril 2013 Publié dans #HISTOIRE

Comme je l’ai écrit dans mes deux derniers blogs relatifs à l’histoire de la Terreur, les 25 mars et 7 avril dernier, la France profonde est en ébullition en ce printemps 1793, il y a exactement 220 ans. J’ai illustré cette agitation par l’exécution, le 13 juillet 1793, de Marat par Charlotte Corday, un événement qui frappe de stupeur la classe politique dirigeante de l’époque, autour de Robespierre, Saint Just et Danton, ces derniers ayant l’un et l’autre moins d’un an à vivre.

ComiteSalutPublic.jpgOn se tromperait cependant en imaginant les dirigeants du Comité de Salut Public et de la Montagne, encerclés, angoissés, étouffés par tant d’obstacles, de résistances et d’ennemis. Ce Comité, après son épuration du 10 juillet 1793, comprend onze membres sans cesse réélus jusqu’au neuf thermidor de l’An II (27 juillet 1794) qui voit la chute de Robespierre. Trois de ses membres sont à droite, Carnot, Prieur de la Côte d’Or et Lindet. Cinq sont à gauche, Robespierre Saint-Just, Couthon, Prieur de la Marne et Jean Bon Saint-André. Deux sont à l’extrême-gauche hébertiste, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois, et deux peuvent être classés comme opportunistes, Hérault de Séchelles et Barrére.

Au contraire, ces dirigeants sont à l’offensive. Convaincus de détenir la vérité, ivres de pouvoir, les membres du Comité de Salut Public ont déployé une activité remarquable, selon l'historien Louis Madelin:  

« Des mois durant, ces hommes vécurent dans une sorte de geôle volontaire, passant des jours et des nuits à triturer les dossiers et, avec les dossiers, la chair humaine, jetant les suspects à la guillotine et les soldats au canon ennemi, vouant des milliers d'hommes les uns à la prison, les autres à la victoire, presque tous à la mort, redonnant des muscles, infusant du sang à une nation entière, pétrissant le cerveau et le coeur d'un pays surmené ».

Ces hommes ont découvert la force des mots « Égalité » et « Liberté » dans une société de privilèges et de devoirs. Ils disposent de l’armée de ces petites gens qui se sont trouvés un rôle dans les sections, qui y ont pris de l’importance, qui y ont  saisi un pouvoir et qui s’y sont compromis par des actes de pillage et des assassinats de prêtres, de nobles ou de « contre-révolutionnaires ». Ce sont des boutiquiers, des artisans grisés par la liberté de dire leur fait aux ci-devant nobles et  de leur couper la tête. Ils peuvent les perquisitionner, lire leurs grands et petits secrets, les humilier. Ces régicides, ces massacreurs, ces pilleurs sont d’autant plus remplis d’énergie qu’ils se savent condamnés à vaincre ou à mourir. C’est pourquoi ils feront cause commune sous le Directoire et seront bien heureux de laisser la responsabilité du pouvoir à l’un des leurs, Bonaparte, à charge pour ce dernier de les protéger. 

« La liberté ou la mort », proclamaient-ils. En effet, mais c’était de leur liberté et de leur mort qu’il s’agissait, tandis que leurs adversaires n’avaient, eux, le choix qu’entre l’oppression ou la mort. Leurs adversaires, qui étaient tous sur la défensive, c’étaient les Girondins et les Royalistes à l’intérieur et les armées étrangères en périphérie de la République.

Les résistants de l’intérieur sont révoltés par l’horreur des crimes commis par ceux qu’ils considèrent comme des fauves enragés. Ils ne font face que lorsque la panique ne l’emporte pas sur le courage de s’opposer à la violence extrême des troupes de la Convention. Mais, bien qu’ils soient largement majoritaires dans le pays, les adversaires des Montagnards n’ont ni la cohérence de pensée, ni l’organisation commune, ni la détermination désespérée de leurs adversaires qui savent que le moindre recul signerait leur perte. Les armées étrangères souffrent de leur côté de tous les maux des coalitions : l’insuffisance de coordination face à une France qui est un tel géant démographique qu’avec la levée en masse, elle rassemble plus de troupes que l’ensemble des coalisés. 

Dans cette atmosphère de lutte pour la vie, la Convention s’offre même le luxe d’élaborer une nouvelle Constitution. Un premier projet est présenté par Condorcet, qui cherche une réponse institutionnelle à la question de l’insurrection. Il se faisait des illusions en cherchant à établir la responsabilité de la représentation devant la nation sans permettre à une faction d’usurper la volonté nationale. C’était sur ce point précis que le bât blessait, puisque ses recommandations s’adressaient justement aux membres de la faction qui usurpait la volonté nationale.

 

 

Il paiera sa naïveté de sa vie, en se suicidant dans sa cellule de Bourg-la-Reine le 28 mars 1794. 

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