LOUIS XIV CONTRÔLE LA FRANCE, QUI DOMINE L'EUROPE
26 Avril 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
La loi jaillissait directement de la bouche de Louis XIV, transformant la monarchie en une immense administration à ses ordres.
Il contrôlait les nominations et les contributions du clergé de France. Il écartait les princes, les cardinaux, les connétables, les surintendants susceptibles de lui porter ombrage pour composer des conseils de commis. La responsabilité de la guerre était séparée de celle des finances laissées à Colbert.
Les privilèges des provinces subirent plusieurs atteintes qui renforcèrent l’uniformité dans l’obéissance au prince : certaines perdirent leurs états provinciaux, d’autres virent l’administration financière des terres d’élection s’introduire dans les pays d’états, ces derniers ayant de jure le droit de consentir et de répartir l’impôt.
Au nom du Roi, le Conseil, les bureaux à Versailles et les intendants dans les provinces s’emparaient du pouvoir en muselant les institutions provinciales et municipales. Aussi, à la fin de son règne en 1715, la France rassemblait treize pays d’états et provinces nouvellement annexées. Les dix-huit autres formaient des pays d’élection.
Voyant dans l’unité de foi et de doctrine une garantie d’ordre et de stabilité pour son pouvoir, Louis XIV réprima le mouvement janséniste de Port-Royal, et s’opposa au Pape Innocent XI. Plus grave encore, beaucoup plus grave, le 16 octobre 1685, Louis XIV révoqua l’Édit de Nantes après des années de persécution, dont les tristement célèbres dragonnades qui consistaient à envoyer des régiments de dragons se loger à leurs frais chez les Protestants riches et à convertir de force les populations au catholicisme.
Du coup, le million de protestants français devinrent des criminels s’ils continuaient à pratiquer leur religion. Louis XIV compléta cette répression féroce à l’égard des protestants en déclarant leur émigration illégale, mais deux cent mille d’entre eux parvinrent à fuir la France pour s’installer dans les Provinces-Unies, le Danemark et la Prusse, qui les accueillirent chaleureusement.
Voici ce qu’écrivit un écrivain anglais, John Evelyn, à propos de cette politique : « La persécution française, sévissant avec la plus extrême barbarie, dépassa même ce que les véritables païens ont conçu, avec la soudaine démolition de toutes leurs églises, le bannissement, l’emprisonnement et l’envoi aux galères de tous les ministres du culte; dépouillant les gens du peuple, leur enlevant leurs enfants ; forçant ces gens à assister à la messe, puis les exécutant comme relaps… »[1]
Louis XIV justifiait ses décisions en situant le pouvoir de l’État au-dessus du bonheur de ses sujets, avec la conviction que l’édifice étatique devait être édifié coûte que coûte, y compris au prix du malheur de ses sujets. Louis XIV, le pire ennemi de la liberté, c'est ainsi que le qualifia Winston Churchill dans son ouvrage sur Marlborough, sa vie et son temps...
Il faut se souvenir que Louis XIV a consacré plus de la moitié de ses soixante-douze ans de règne à la guerre. Au sommet de sa puissance militaire, il disposait d'une armée de trois cent mille hommes qu’il engagea dans des guerres de conquête incessantes. Louis XIV fit de son énorme armée qui dominait en nombre celle de tous ses voisins, la France ayant quatre fois plus d’habitants que la Grande-Bretagne, trois fois plus que l’Espagne, neuf fois plus que les Pays-Bas, le redoutable appareil de sa politique, n’hésitant pas à pratiquer la politique de la guerre brûlée comme au Palatinat ou aux Pays-Bas.
Dés 1667, il provoqua la guerre de Dévolution en invoquant le prétexte d’une dot non payée par Philippe IV d’Espagne après le mariage de sa fille Marie-Thérèse avec Louis XIV, en 1660. Pour compenser le non-paiement de la dot, Louis XIV réclamait la signature d’un « Traité des droits de la Reine Très Chrétienne sur divers États de la monarchie d’Espagne » qui attribuait à la France le Brabant avec ses dépendances, le comté d’Artois, Cambrai, le Hainaut, le tiers de la Franche-Comté et le quart du duché de Luxembourg.
Aussitôt après la remise du mémoire à la Cour d’Espagne, les troupes françaises engagèrent le combat sans déclaration de guerre. La campagne du Roi fut victorieuse, mais entraina contre lui la formation de la Triple Alliance de La Haye, avec l’Angleterre, et la Suède.
Mais le prince de Condé entreprit la campagne victorieuse de Franche-Comté, qui permit à Louis XIV de signer en 1668 le traité d’Aix-la-Chapelle qui confirmait l’hégémonie de la France, à laquelle travaillaient Colbert, Louvois et Vauban.
À SUIVRE
[1] John Evelyn, Journal, 3 novembre 1685.