Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

LES PRÉMISSES DE LA DERNIÈRE ÉPREUVE

30 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

 

La dernière épreuve qui consistait en une étude de cas, s’est déroulée en avril 1980.

 

L’épreuve demandait huit heures de préparation afin de présenter le cas pendant une demi-heure avec sa problématique et ses « solutions » avant d’être interrogé sur cette présentation par les membres du jury, encore pendant une demi-heure.

J’avais choisi la spécialité du marketing et j’eus à traiter de la stratégie commerciale d’une compagnie aérienne américaine aujourd’hui disparue, Braniff International.

En dehors de moi-même, deux autres candidats étaient conviés à étudier le même cas, de manière séparée évidemment. La présentation du cas se déroulait selon l’ordre alphabétique des candidats et le hasard fit que je fus le premier à concourir sur le cas.

Sous trois noms successifs, Braniff International était une compagnie d’aviation qui existait depuis 1928 et qui opérait surtout depuis le Sud Ouest des Etats-Unis. Elle avait progressivement étendu ses activités vers l’Amérique centrale et l’Europe. Braniff était remarquable pour la décoration de ses avions par Calder et par l’acquisition du Concorde qui a assuré pendant quelques mois une liaison subsonique entre Dallas et Washington qui se prolongeait par un vol  à vitesse normale au-dessus de l’Atlantique. Mais en 1982, deux ans après notre étude de cas, Braniff fut contrainte de cesser ses activités du fait de la hausse du carburant et de l’Airline Deregulation Act de décembre 1978.

J’ai lu le cas Braniff, qui me plaisait bien. D’ailleurs, certains de mes lecteurs savent que j’aime assez les compagnies aériennes. Il y avait, comme toujours dans les cas, une vingtaine de pages de tableaux de chiffres plus ou moins utiles et de données qualitatives. Classique. Grâce à mon cas « Étude de cas », j’ai essayé de traiter le cas en raisonnant au second degré. Qu’est ce que les membres du jury souhaitaient apprendre de moi au travers de ce cas ? À mon avis, ils voulaient savoir à quel niveau de profondeur d’analyse j’avais compris le cas.

Alors je leur ai concocté, le terme est choisi sciemment, une présentation à trois niveaux de profondeur. Premier niveau apparent, l’étude de cas elle-même, ses données, sa problématique et ses solutions possibles. Deuxième niveau, ses interrogations. Car tout n’était pas donné dans le cas, tout n’était pas analysable et le jury devait savoir que j’étais conscient des limites du cas, que je me posais encore des questions après l’avoir lu et étudié.

Mais ce deuxième niveau constituait un piège. J’en étais bien conscient, notamment grâce à mon cas « Étude de cas ». Car un candidat normalement constitué ne laisse pas trainer des questions auxquelles il ne répond pas à portée d’un jury qui va aussitôt s’en saisir pour l’assassiner. Un candidat normalement constitué a des certitudes, qu’il défend avec énergie lorsqu’on l’interroge.

Si le deuxième niveau était destiné à convaincre le jury que j’avais une vision approfondie du cas, il n’était pas question d’en rester là. Je savais bien que le jury avait pour objectif de déterminer quels étaient les candidats qui avaient l’étoffe d’un professeur, celui qui sait analyser, expliquer, s’interroger mais qui finit aussi par apporter des réponses.

Les questions qu’ils allaient me poser, je voulais les choisir comme un général détermine le lieu du combat, là où il est le plus fort. Et, une fois les questions choisies par mes soins, être naturellement prêt à y apporter des réponses. De la tactique pure.

Je préparais donc un troisième niveau de traitement du cas. Aux questions que je fabriquais, j’apportais en même temps des réponses, soit sous forme de tableaux sur des transparents, soit sous forme d’interventions orales plusieurs fois répétées à l’avance. À partir de ce choix tactique, j’ai consacré à ce troisième niveau deux à trois heures sur les huit heures de préparation dont je disposais, sacrifiant une bonne part du temps de préparation proprement dit à la mise en place et au polissage de mes pièges.

 

Car c’était bien un combat, le combat final.

 

À SUIVRE

Lire la suite
1 2 3 4 5 6 7 8 > >>