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Le blog d'André Boyer

L'esclave

29 Octobre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

L'esclave

L’esclave

Sous ce titre, Michel Herland brosse un triple fil romanesque autour de trois époques et de deux personnages centraux, Michel et Colette.

C’est un livre dérangeant qu’a bâti Michel Herland qui n’autorise pas le lecteur à rester indifférent. Le style classique, parfois poétique, nous confronte à des scènes souvent sensuelles et parfois d’une violence sans concession. Les personnages ont une épaisseur psychologique, les évènements sont dramatiques, les dialogues portent sur des sujets qui nous interpellent, la religion, le sens de la vie, l’amour.

Ce sont trois romans en un qui nous sont proposés. L’histoire commence en 2081, loin devant nous, lorsque Colette apprend que Michel, son amour d’autrefois, vient de mourir à l’âge respectable d'un siècle, tandis que les amours de Colette et Michel datent de 2009. Deux visions cohabitent déjà, ces amours vus en 2081 sous la forme d’une série de lettres de Colette à l’adresse du cher disparu et le récit direct de cette rencontre en 2009. Grâce à ces deux voix, la vérité sur ces amours torrides se révèle progressivement au long des pages. Il s’y ajoute les conversations de Michel avec Colette, ses cours devant les étudiants qui présentent les points de vue des philosophes, tant sur la religion que sur l’esclavage.

Mais ces amours passées sont confrontées aux évènements inquiétants et aux alertes majeures qui environnent Colette en 2081. Ils semblent conforter le roman qu’écrivait Michel en 2009 et qu’il avait fait lire à Colette à cette époque.

Ce roman dans le roman qui est censé se passer en 2014 peut être lu comme une suite d’aventures picaresques, mais aussi comme une vision prémonitoire d’une France soumise, au moins en partie, à de sanguinaires musulmans qui pratiquent l’esclavage et la violence barbare pour se faire obéir, à côté de pratiquants plus sincères qui n’en peuvent mais. C’est la partie la plus originale de L’Esclave, un monde qui n’est plus dominé par les puissances occidentales, où s’impose un intégrisme religieux et un djihadisme mâtiné d’hypocrisie, confronté à la crise écologique. La lecture de ce futur possible fait froid dans le dos, même si un paradis bucolique parvient à cohabiter de manière fragile et marginale avec cette sauvagerie conquérante.

Le mérite de l’auteur est de ne pas nous proposer un simple exercice de futurologie. Les personnages sont des êtres de chair et de passions, composés de sages et de fous, de sincères et de fourbes, d’amoureux et de jaloux, de rancuniers, d’orgueilleux, de cruels et de saints. Les femmes jouent un rôle majeur dans ce roman construit autour des passions humaines. On tremble pour Mariam, que Michel décrit comme l’arrière-arrière-petite-fille de Colette, devenue esclave de Selim, un riche propriétaire terrien converti par arrivisme à la religion des envahisseurs. Pendant ce temps, dans les Pyrénées, quelques territoires demeurés libres accueillent des insoumis : à Ercol, une petite communauté s’est organisée autour d’Emmanuel…

Je ne puis révéler la fin ou plutôt les fins, mais pour ma part, je dois avouer que ce livre m’a fortement touché et interrogé.

Références : L’Esclave, de Michel Herland, Editions Le Manicou, 2014, 410 pages sous forme de livre et d’e-book.

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