LA CAPITULATION DE RAMEZAY À QUÈBEC
À 18 heures, le 13 septembre 1759, Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay sort tout juste de l'hôpital pour reprendre ses fonctions, lorsqu’il apprend que l'armée quitte les lieux.
Qui est Jean-Baptiste Nicolas Roch, seigneur de Ramezay ?Né à Montréal, Il à 51 ans lors du siège de Québec. Il est le fils cadet de Jean-Baptiste Nicolas Roch de Ramezay est le fils cadet de Claude de Ramezay, qui commandait les troupes canadiennes au début du XVIIIesiècle et qui assurait l’intérim du gouvernorat de la Nouvelle-France en l’absence de Philippe de Vaudreuil.
Après une brillante campagne en Acadie, il est décoré de la croix de Saint-Louis. Pendant le siège de Québec, Ramezay commande les troupes de la haute-ville, soit sept cent soldats, quelques canons et des miliciens, mais sa santé l'oblige à se retirer. Il ne reprend donc son poste qu’après la Bataille des plaines d’Abraham.
Le marquis de Vaudreuil qui a décidé la retraite, a aussi décidé de ramener la plupart des vivres vers Trois Rivières. Or, hypocrite, Vaudreuil lui ordonne de capituler dés qu’il n’aura plus de vivres, c’est à dire fort rapidement.
Ramezay, à la tête d’une faible garnison, se trouve confronté au départ del'armée, mais aussi au retour des résidents de Québec qui se sont réfugiés dans les faubourgs pour se mettre à l'abri des bombes lancées de la Pointe-Lévy depuis juillet, et qui retournent à Québec depuis la bataille de l'avant-midi du 13 septembre sur les plaines. Il lui faut donc nourrir deux mille sept cent bouches de plus.
Dans la position critique où il se trouve, Ramezay prend la décision de ne pas informer ses hommes du départ de l'armée, tromperie facilitée par le fait que les troupes ont littéralement décampées en laissant les bivouacs derrière elle. Il gagne ainsi une demi journée de répit pour organiser ses hommes. Il demande ensuite au capitaine Louis-Thomas Jacau de Fiedmont, qui commande l'artillerie de la ville, de diriger le tir de trois canons et de deux mortiers en direction des plaines d'Abraham, au-delà des Buttes-à-Neveu. C’est ainsi que, durant toute la nuit du 14 au 15 septembre, son artillerie soutient un feu constant durant la nuit du 14 au 15 septembre. Mais le lendemain, l'absence de mouvement au camp de Beauport fait comprendre la situation aux soldats sous ses ordres et leur moral s’effondre.
Or, la garnison qu’il commande ne comprend que 345 soldats réguliers, 130 soldats des troupes de la marine, 19 artilleurs, 820 miliciens et 740 matelots. Chacun pense qu’il est impossible de défendre Québec, sans l’appui de la totalité des troupes qui étaient rassemblées deux jours auparavant autour de Québec. Ils craignent naturellement qu’une défense désespérée n’ait des conséquences catastrophiques sur la population réfugiée dans la ville, composée essentiellement des femmes, enfants et parents des hommes en service.
Le 15 septembre, une assemblée de vingt quatre notables de Québec se tient dans la résidence en partie détruite de François Daine, lieutenant général de la Prévôté de Québec, qui aboutit à adresser une requête demandant à Ramezay de négocier la reddition de Québec, requête remise le jour même par Daine en mains propres à Ramezay.
Ce dernier réagit à la requête en tenant un conseil de guerre dans lequel il demande aux quatorze officiers présents de coucher leur opinion par écrit, après leur avoir communiqué les ordres de Vaudreuil et fait savoir, par la bouche de Cadet, que la ville dispose de quatre jours de pleines rations, ou huit jours de demi rations. Seul Fiedmont qui conseille de réduire les rations au minimum pour « pousser la défense de la place jusqu'à la dernière extrémité. », mais les autres officiers conseillent la capitulation et Ramezay décide d’entamer les négociations à cet effet.
Le 16 septembre, de Vaudreuil dépêche Thisbé de Belcourt à la tête d'un détachement de trente cavaliers pour informer Ramezay que l'armée s'apprête à revenir, dès que Lévis sera sur place. Un cavalier revient le jour même pour transmettre la réponse du capitaine Armand de Joannès, l'adjudant de Ramezay, qui informe Vaudreuil que Québec s'apprête à capituler.
Lévis arriveà l'embouchure de la rivière Jacques-Cartier à dix heures le matin du 17 septembre. Il prend immédiatement le commandement des troupes de terre et se prépara à attaquer sans plus tarder pour reprendre la ville coûte que coûte ou alors, si c'est impossible, la détruire en entier pour que l'ennemi ne puisse y passer l'hiver.
L'armée se met en route le jour même, tandis que Ramezay se prépare à ouvrir la négociation en vue de capituler, mais Joannès s'y oppose et Ramezay accepte de repousser l'échéance. Le même jour, Belcourt revient avec ses cavaliers et informe la garnison que d’une part l'armée est en route et que d’autre part des vivres arriveront sous peu.
Mais Ramezay ne veut pas retarder plus longtemps la négociation. À 15 heures, il hisse le drapeau blanc et envoie Joannès au camp britannique pour proposer la capitulation selon des conditions qui sont toutes acceptées par la partie britannique, sauf pour un article permettant à la garnison de réintégrer l'armée française.
Les Britanniques proposent de transporter la garnison dans un port français situé hors du pays. Joannès retourne ensuite à Québec avec une copie de la capitulation modifiée afin de la faire approuver par Ramezay. Ce dernier y consent et renvoie Joannès au camp britannique à 22 heures 30. Comme il sort de la ville par la porte Saint-Louis, le capitaine de Rochebeaucourt y entre par la porte du Palais avec 100 cavaliers transportant des poches de biscuits mouillées par la pluie, mais Ramezay informe le capitaine qu'il est déjà trop tard.
Le matin du 18 septembre 1759, Ramezay et Townshend signent la capitulation de Québec dans le camp britannique. Le soir, l'armée britannique prend possession de la forteresse de Québec et e colonel George Williamson de l'artillerie royale hisse l’Union Jack au-dessus des murs de Québec à 15 heures 30.
Le 22 septembre 1759, la Royal Navy est forcée de quitter le Saint-Laurent de peur d’être prise dans les glaces. Québec aurait résisté quatre jours de plus et il était sauvé.