interlude
QUE DIABLE ALLAIT-IL FAIRE DANS CET IUFM*?
11 Juin 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
Apprenant que j’ai été candidat à la direction de l’IUFM, on peut être fondé à se demander quelle mouche m’avait piqué assez violemment au printemps 2001 pour me pousser à y déclarer ma candidature.
À posteriori, je peux avancer que mes activités de création de formation à l’étranger s’étaient momentanément ralenties, me laissant l’opportunité d’exercer d’autres responsabilités. Sans doute aussi avais-je envie d’exercer ma supposée capacité à manager dans une organisation universitaire, après mes quatre années de direction de l’IECS Strasbourg ? Je me souviens aussi qu’à cette fonction de direction était attachée un assez beau logement de fonction, qui devait sans doute m’intéresser…
Bref je me décidais à être candidat.
Le poste serait vacant en septembre 2001, lorsque mon collègue Francois Rocca, Professeur de Physique, qui sera par la suite à l’origine de la création de l'Ecole Polytechnique Universitaire de Nice, quitterait ses fonctions. Je me renseignais donc sur ce monde à part que constituait l’IUFM, articulé autour de plusieurs établissements installés à Nice, à Draguignan et à la Seyne, qui formait à lui seul une sorte de mini université. Je rencontrais l’inspecteur général de l’éducation nationale, les personnels, quelques membres du Conseil d’administration, en priorité ceux que je connaissais déjà, les représentants FSU du personnel au Conseil d’administration et quelques représentants étudiants.
Je me suis ainsi fait une idée de la problématique de l’IUFM que j’ai exprimé par une réponse au courrier que m’avaient adressé les représentants FSU du personnel, qui, eux, savaient à l’avance pour qui ils voteraient.
Aujourd’hui je ne sais plus pourquoi, j’exprimais dans mon courrier que le premier principe que j’appliquerai au cours de mon mandat « serait de veiller à l’ancrage de l’IUFM de Nice dans son cadre universitaire ». Peut-être le statut universitaire de l’IUFM était-il menacé, mais cet argument n’était pas forcément de bonne politique, car il me souvient que le Conseil d’Administration était attaché à la relative indépendance de l’IUFM, placé au croisement des intérêts du Rectorat et de l’Université.
J’insistais ensuite, au-delà du cadre universitaire, sur le renforcement nécessaire des liens entre l’IUFM et ses partenaires, avec l’Inspection Académique évidemment, mais plus généralement avec le Rectorat, l’Université encore, et les écoles, collèges et lycées comme partenaires directs. Banal.
Puis, sans doute influencé par les discours de mes contacts, je prétendais contribuer, depuis la direction de l’IUFM, à la lutte contre la violence, les difficultés des élèves en général et naturellement l’échec scolaire.
Enfin je répondais à leurs questionnements plus techniques, en m’excusant de ne rien connaitre aux IUFM tout en prétendant avoir les qualités requises pour le diriger !
Je pense aujourd’hui que ce texte n’a eu aucun effet sur mon élection, car j’étais hors-jeu d’avance, n’étant ni du sérail ni de la même sensibilité politique que la plupart des membres du conseil d’administration. Mais quand on est candidat, on est confiant et je considérais avoir marqué un point avec ce texte.
Zélé, je préparais un second texte, pour structurer encore plus solidement ma pensée que je soumettais à mon ami le Recteur Marc Debene, et ce dernier prit la peine en réponse de me fournir une série de recommandations (dont celle d’éviter d’avouer mon ignorance de l’IUFM !) qui résonnent aujourd’hui comme autant de terrains minés à contourner, terrains que je piétinais allégrement dans ma profession de foi.
Pour finir, je préparais très soigneusement un discours de vingt minutes, allouées à chaque candidat pour se présenter devant le Conseil d’Administration de l’IUFM de Nice.
La réunion eut lieu le vendredi 15 juin 2001 à partir de 9 heures 30. J’avais répété assez mon discours pour pouvoir quasiment me passer de mes notes et je respectais exactement le timing, je m’en souviens. Ce discours insistait hélas lourdement sur ma méconnaissance de l’IUFM, puis sur le respect de la gestion de la diversité (no comment) et le respect des équilibres, pour terminer, sous couvert de l’importance du management dans la fonction de Directeur, par faire l’éloge de mes propres capacités de management. Je donnais aussi à ce discours une tonalité lyrique que j’ai souvent affectionné dans mes interventions orales, mais qui était assez mal venue dans le cadre de ce discours de présentation.
Il y avait quatre candidats, MM Lozi, Marini, Barre et moi-même. Mon collègue René Lozi l’emporta très largement au second tour. J’obtenais au premier comme au second tour sept voix sur trente-huit votants : j'évitais le plus faible score, mais j'étais clairement remis à ma place, ce qui me permettait d’éviter les innombrables ennuis que mon inexpérience m’aurait attirés si j’avais été élu.
Vingt-quatre ans plus tard, presque jour pour jour, je loue encore la sagesse du corps électoral qui a su me renvoyer à mes études, sans même m’humilier.
*Formule inspirée des Fourberies de Scapin
À SUIVRE : ma candidature à la Présidence de l’Université de Nice Sophia-Antipolis.