Overblog Tous les blogs Top blogs Politique Tous les blogs Politique
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
Le blog d'André Boyer

LES LEÇONS FRANÇAISES DE LA VICTOIRE DE MILEI

30 Octobre 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

MIRTA ALVAREZ, GUITARISTE DE TANGO

MIRTA ALVAREZ, GUITARISTE DE TANGO

Plus que l’austérité grecque, le déroulement de la Présidence Milei jusqu’aux élections législatives d’octobre 2025 nous engage à en tirer des leçons pour l’évolution de la politique française.

 

Les leçons de l’austérité grecque, c’est l’acceptation des mesures préconisées, ou plutôt imposées, par le FMI pour rétablir les équilibres financiers du budget de l’État grec et des échanges extérieurs du pays, avec pour cible le remboursement des créanciers. La situation économique, sociale et psychologique de la population grecque, lorsque l’objectif aura été atteint, n’entrent pas en jeu dans le modèle du FMI, qui est purement financier et c’est normal, car le FMI n’a pas vocation à diriger la Grèce. Voila ce qui nous attend si nous poursuivons la trajectoire actuelle.

Les leçons de la Présidence Milei sont plus profondes, car Milei ne dirige pas le FMI mais l’Argentine :

Tout d’abord, il faut reconnaitre le courage de Milei, qui, soutenu par très peu de parlementaires, 15% à la Chambre des députés et 10% au Sénat, n’a pas hésité à engager des réformes sous les huées de l’establishment argentin voire mondial, habitué aux recettes du Péronisme, qui n’est qu’une des modalités de la social-démocratie et qui prévaut, à des degrés divers, dans l’ensemble des sociétés occidentales.

Il s’est appuyé sur l’opinion publique qui était affligée par l’impuissance des péronistes : toujours plus de subventions, d’impôts, de déficits, d’abus, forgeant avec obstination un système qui s’effondrait chaque jour davantage sur lui-même.

Plus que croire Milei, l’opinion publique n’a surtout pas cru en ses adversaires, lui offrant une victoire électorale probante, et, à mon avis, elle ne croira plus jamais les péronistes qui proposent une recette devenue officiellement toxique.

Bravo donc à l’opiniâtreté de Milei, qui va continuer plus fortement qu’auparavant à appliquer des recettes libérales à la société argentine, jusqu’à ce que ses recettes montrent leurs limites, mais la correction qui suivra ne consistera sûrement pas à revenir au Péronisme.

Ensuite, on peut en tirer quelques lignes directrices pour la société française qui patauge, de plus en plus inquiète, dans le marigot où surnage difficilement un gouvernement social-démocrate sans directives autres que sa survie quotidienne.

Or, qui ne voit que c’est un vieil amour avec l’État Providence qui se termine ces jours-ci ?

Il y a 44 ans déjà, Pierre Rosanvallon avait dénoncé, avec regret mais courage, la culture de l’étatisme dans son ouvrage, La crise de l'État-providence.

Il identifiait trois grandes crises qui minaient le modèle social français, une crise d'efficacité, le rendant incapable de répondre aux défis économiques contemporains, une crise de légitimité provoquée par la déconnexion croissante entre citoyens et institutions et une crise de finalité du fait de la perte du sens originel des politiques sociales.

On sait maintenant qu’il n'a pas été entendu, que rien n’a changé depuis en France et que toutes les conséquences de cette vieille crise se sont aggravées. On sait aussi aujourd’hui que l’État providence a derechef atteint ses limites, mais qu’il n’ose pas le reconnaitre, car il craint l’explosion sociale à la moindre mesure de correction.

Du coup, il prend des mesures qui permettent tout juste, et pour un an seulement, de limiter le déficit à 5% du PIB, au même niveau que celui de l’Argentine d’avant Milei. La visée silencieuse de ce processus consiste à attendre l’inévitable intervention du FMI à terme, qui déchargera les étatistes français et européens de toute responsabilité dans les mesures financières correctrices qui seront inévitablement prises et leurs dures conséquences sociales dont ils se laveront les mains.

Or Milei nous rappelle, au grand dam des étatistes, qu’il est possible d’agir, en s’appuyant sur une population qui ne demande qu’à croire en une solution.

Car il y a vraiment un problème. Regardons la trajectoire qui nous est promise à vingt ans :

  • Une France sans industrie, pas même automobile ou aéronautique.
  • Un manque de travailleurs qualifiés, avec une école effondrée.
  • Un déséquilibre démographique, avec une population de plus en plus vieillissante.
  • Une société multiculturelle non maitrisée.
  • Un système social non finançable.
  • Une pénurie de capitaux du fait du déficit extérieur et de l’endettement public.

 

Croit-on vraiment que l’on puisse diriger une population en ne lui proposant que la perspective qu’elle voit de ses yeux, celle d’une décadence irrémédiable, celle d’une société qui se décompose, celle d’une économie qui s’asphyxie et celle d’un pouvoir politique qui se suicide ? C’est ignorer inconsidérément les leçons de l’histoire que de le croire possible.  

 

La première leçon de Milei n’est donc pas de retenir la qualité de son style ou même de son projet libéral. Elle est celle de la nécessité d’un projet politique qui n’enfonce pas la population dans ses ornières ordinaires, mais lui donne l’espoir de pouvoir en sortir.

C’est ainsi qu’il a gagné les élections présidentielles.

La seconde leçon est tout simplement que ce projet gagnera contre les vieilles lunes de la classe politico-médiatique.

C’est ainsi qu’il a gagné les élections législatives intermédiaires.

A bon entendeur…  

Lire la suite
1 2 3 4 5 6 > >>