LE RÊVE ET LA POLITIQUE
24 Avril 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Le 24 avril au matin, 76% des électeurs qui ont voté à l’élection présidentielle française du 23 avril 2017 se sont réveillés avec le sentiment d’avoir rêvé pendant quelques semaines d’un avenir qui n’adviendrait jamais. En effet, il a fallu se rendre à l’évidence, leur candidat avait été battu.
Ils avaient rêvé, de gauche à droite, de grand soir, de sixième république, de revenu universel, de remise en ordre de l’économie du pays, d’indépendance de la France, de fermeture des frontières. Tous ces projets sans trêve égrenés dans tous les medias et sur tous les réseaux sociaux, ce n’étaient donc que des rêves ?
Oui, des rêves, des rêves envolés, déchirés, flottants au vent des illusions perdues. Il a suffi que leur candidat quitte la scène médiatique et, pfuit, fini le rêve. Et ce n’était pas la faute des medias qui leur avaient pourtant surinés des sondages parfaitement exacts. Macron en tête, Marine Le Pen derrière. Mais ils ne voulaient pas les entendre, ces sondages, ils les niaient, ils voulaient garder leurs rêves de lendemains triomphants.
Il reste bien sûr les 24% d’électeurs de Macron qui continuent à rêver. Mieux, ils exultent. Grace à l’épouvantail FN ressorti en grande tenue pour les deux prochaines semaines, l’élection leur semble assurée. On leur fait vaguement savoir qu’il n’est pas certain que les législatives qui suivront donneront au futur Président une belle majorité stable. Mais ils restent convaincus que le magicien qu’ils ont porté au pinacle saura encore et toujours trouver une solution.
Ils se réveilleront aussi les électeurs de Macron, avec quelques semaines de retard sur les rêveurs du premier tour, quand ils comprendront de quoi est faite la politique. Ils se réveillerons au plus tard au début de l’automne 2017, lorsque le magicien Macron laissera au vestiaire sa baguette magique pour édicter les ordonnances, les règlements, les restrictions et les impôts dont usent tous les politiciens du monde pour obliger leurs concitoyens, qu’ils faisaient rêver lorsqu’ils étaient des électeurs, à obéir, à payer et à se soumettre.
Fini le rêve. C’était le printemps 2017. Vous pourrez recommencer à rêver au printemps 2022, pas avant. En attendant, subissez les décisions politiques concrètes en rongeant votre frein.
C’est une drôle d’objet, la « politique », objet de rêve pour les citoyens quelques semaines, objet de convoitise pour les politiciens toute leur vie et objet de détestation pour ceux qui en subissent les effets, jusqu’à ce qu’on les autorise à rêver à nouveau quelque temps, mais pas trop.
Drôle d’objet en effet, la politique. Il n’y a pas plus dur, plus froid, plus ingrat que la politique pour ceux qui la pratiquent. Et pourtant elle fait rêver chacun d’entre nous d’un monde et d’un avenir meilleur qui n’arrivent jamais.
Je me demande parfois s’il n’y a pas d’objet moins apte à inspirer la rêverie que la politique…