UNE ANNÉE AVEC ALAIN JUPPÉ?
Ce blog est un essai de politique fiction, exercice perilleux car toujours démenti par les faits qui, malicieusement, s'ingénient à déjouer toutes tentatives de pronostic. Je m'y astreint néanmoins, souhaitant décrire un processus dont l'absurdité semble encore échapper à nombre de commentateurs.
Au préalable, j’assure les lecteurs que le programme que j’attribue au Président Juppé est bien celui que le candidat Juppé a rendu public et qu’il déclare vouloir appliquer mordicus.
Il n’est néanmoins pas certain qu’il soit désigné, seul, candidat du parti « Les Républicains » mais nous allons faire comme si ce favori des sondages réussissait finalement à être élu au deuxième tour des Présidentielles.
À 20 heures donc, le 7 mai 2017, les estimations donnent Alain Juppé élu, sans surprise, avec 64% des votants et une participation électorale honorable. Belle victoire pour lui, une partie importante des Républicains, les centristes et les socialistes ayant voté pour lui.
Sa victoire est attribuée au caractère rassurant de ce personnage réputé modéré et à sa détermination affichée de réformer la France. D’ailleurs, dés 21 heures, Alain Juppé, visiblement ému, déclare qu’il a été élu pour mettre en œuvre son programme, qu’il ne fera pas de second mandat et qu’il sera le Président de tous les Français. Sur l’une des chaines de TV, Bayrou rabroue un journaliste qui lui demande qui sera, à son avis, le successeur de Juppé en 2022. Car la question se pose dés le premier jour.
Les élections législatives ont lieu les 11 et 18 juin 2017. Le Président Juppé a entretemps chargé Emmanuel Macron de former un gouvernement, qui, vraie surprise, comprend une majorité de femmes. Il a donné son investiture à une alliance comprenant Les Républicains, les centristes et quelques socialistes, qui obtient presque la majorité absolue, tandis que le Parti Socialiste maintenu, les écologistes et une alliance de gauche ont préservé un nombre appréciable de sièges et que le Front National est parvenu à faire élire 17 députés, ce qui lui permet de former un groupe à l’Assemblée Nationale.
L’ouverture de la XVe législature a lieu le mardi 27 juin 2017 qui voit l’élection de François Bayrou à la Présidence de l’Assemblée Nationale.
Le mardi 4 juillet 2017, Le Premier ministre présente devant l'Assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Cette déclaration est suivie d'un débat puis d'un vote qui montre que le gouvernement est soutenu, en ce début de mandature, par une majorité assez confortable.
Au cours du Conseil des Ministres, le mercredi 5 juillet, le Président Juppé dessine sa vision politique autour de la réforme de la France, qu’il présente comme une nécessité vitale pour le pays, invitant fermement son gouvernement à mettre en œuvre sans attendre l’ensemble des engagements qu’il a pris devant les Français.
Ce programme, le Président le détaille à nouveau devant les téléspectateurs le jeudi 6 juillet, avant qu’ils ne partent en vacances :
Pour le budget, une réduction des dépenses publiques de 100 milliards d’euros sera engagée sur la durée de sa mandature, ce qui implique des économies drastiques, Cette réduction concerne les dépenses de l’État, des administrations publiques locales et des administrations de sécurité sociale, dépenses qui ont constamment augmenté depuis 1978.
C’est donc une rupture drastique dans la politique de l’État qu’engage consciemment le Président Juppé.
Pour les salariés, l’âge légal de la retraite sera porté à 65 ans, les 35 heures hebdomadaires seront supprimées et portées à 39 heures, un nouveau contrat de travail assoupli sera créé, avec possibilité de travailler le week-end ou en soirée. De plus, les indemnités de licenciement seront plafonnées et le compte de pénibilité institué par le gouvernement Ayrault sera supprimé.
Rien de moins !
En outre, les sans-emplois ne seront pas oubliés, puisque la dégressivité des allocations chômage sera instituée, que les revenus d’assistance seront plafonnés et que les bénéficiaires du RSA seront tenus d'accepter l'emploi ou la formation proposée.
Gros temps en vue pour les personnes inscrites auprès de Pole emploi…
Les fonctionnaires en auront aussi pour leur grade, puisque le nombre des fonctionnaires sera réduit de 200.000 à 250.000. Changement considérable, le statut de la fonction publique sera modifié à partir de 2018, puisque les nouveaux fonctionnaires seront assujettis au régime général des salariés. Une petite mesure accessoire, applicable immédiatement, consistera à rétablir les deux jours de carence pour les congés maladie.
Le temps des fonctionnaires titulaires de leur empli à vie va vers sa fin.
Quant aux syndicalistes, leur mandat sera limité à deux mandats consécutifs, avec obligation d’assurer la moitié de leur activité en temps de travail.
Fini les permanents syndicalistes !
Les consommateurs seront également appelés à la rescousse avec le relèvement d’un point du taux de TVA.
Une mesure en apparence indolore.
En contrepartie, souligne le Président Juppé, les entreprises seront encouragées à embaucher, puisque les charges sociales seront supprimées pour les entreprises payant les salariés au SMIC. Le Président ne se prononce pas sur les charges des salariés payés au-dessus du SMIC, mais il précise que les entreprises affiliées au RSI verront leurs cotisations réduites de 2 milliards d'euros et que toutes les entreprises sous forme de sociétés verront leur impôt sur les sociétés abaissé à 30% de leur bénéfice imposable.
Il reste aux entreprises à embaucher, si toutefois la croissance économique est au rendez-vous.
Les familles des classes moyennes, maltraitées par les gouvernements précédents, verront le plafond du quotient familial relevé de 1500 à 2500 euros par demi part supplémentaire, tandis que, ajoute discrètement le Président qui sait que la mesure sera impopulaire, les familles aisées bénéficieront de la suppression de l’ISF.
Au moins ces électeurs ne regretteront pas d’avoir voté Juppé…
Tandis que les journalistes ne trouvent rien de mieux que de comparer Alain Juppé à Margareth Thatcher, les Français, un peu sonnés par ces annonces inhabituelles, partent comme d’habitude en vacances. À l’opposé, le gouvernement se met immédiatement au travail tandis que le Président se contente d’une semaine de repos non loin de sa bonne ville de Bordeaux.
(À SUIVRE)