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LA GRÈCE, DE L'ENDETTEMENT À L'IMPASSE
16 Septembre 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Avec un déficit attendu à 6,1 % du PIB pour 2026, la France est prise dans les filets d’une dette qu’elle n’a cessé d’accumuler depuis quarante ans, malgré un niveau des prélèvements obligatoires parmi les plus élevés au monde.
La Grèce a connu cette situation. La grande crise financière de 2008 l’avait placée dans une situation difficile et elle fut contrainte par le FMI et la Commission européenne de mettre en œuvre des mesures draconiennes, qui ont donnés des résultats financiers, mais au prix fort.
Il faut constater en effet que la dette publique de la Grèce, qui avait grimpé jusqu’à 206 % du PIB pendant la pandémie du Covid, devrait « seulement » atteindre 140% du PIB en 2026, alors que celle de la France n’atteindra la même année « que » 114% du PIB.
Le triomphe de la Grèce se situe dans l’excédent primaire de son budget, c’est-à-dire en dehors du versement des intérêts de la dette, ce qui lui permet de réduire cette dernière. Ce n’est pas le cas de la France qui devrait accroitre sa dette en 2026 d’environ 180 milliards, pour un PIB de l’ordre de 3000 milliards d’euros.
Comment y est-elle parvenue ? Depuis la fin de la dictature des colonels et son adhésion à l’Union européenne en 1981, l’économie grecque était restée sous-industrialisée tandis que sa balance courante avec l’étranger était constamment en déficit au long des années 1980 et 1990, montrant ainsi que la structure économique de la Grèce n’était pas au niveau de celle des autres pays de l’Europe des quinze.
Elle a cependant réussi à intégrer l’euro, bien qu’elle fut loin de répondre aux critères de Maastricht. Ce cadeau politique de la part des Allemands et des Français était un piège économique qui coûta et coûte encore très cher à la Grèce.
Au début du processus, personne ne prit garde au piège qui se préparait, car la Grèce bénéficia dans les années 1980 d’emprunts massifs, qui firent passer la dette publique de 30 à 90 % du PIB. Par la suite, celle-ci se stabilisa, anesthésiée par la baisse rapide des taux d’intérêts réels, grâce à la perspective d’adoption de la monnaie unique par la Grèce.
Cette période d’euphorie fut accentuée par la forte intervention des différents fonds de l’Union européenne qui se sont dirigés vers le financement d’infrastructures, en particulier pour les jeux olympiques d’Athènes en 2004, mais qui n’ont pas contribué à la modernisation du tissu productif grec.
Ces illusions permirent à l’État grec de dépenser sans compter, notamment pour financer un secteur public pléthorique, pour développer un système d’aides sociales et pour servir des retraites généreuses. Le résultat financier de ces dépenses inconsidérées aurait dû se traduire par des dévaluations en cascades. En tout état de cause, il ne permettait pas à la Grèce d’adhérer à l’Euro. Mais le bénéfice politique primait sur le réalisme économique, en Grèce comme dans l’Union Européenne.
Il a suffi à la Grèce de maquiller ses comptes avec l’aide de la banque Goldman Sachs et avec la complicité de la Commission Européenne pour faire semblant de présenter un bilan acceptable pour l’admission à l’Euro, et le (mauvais) tour fut joué.
L’entrée dans la zone euro signifia pour la Grèce la fin de la dévaluation de sa monnaie et donc l’impossibilité d’user de ce moyen pour rendre compétitifs les biens qu’elle exportait. Il lui restait encore la possibilité de monter ses produits en gamme, mais elle n’avait effectué aucun investissement dans cette direction : en euros, le tourisme devint hors de prix et le vin fut inexportable.
En outre, la crise des Subprimes, le 15 septembre 2008, sonna la fin de l’argent facile. Les comptes publics grecs, structurellement déficitaires, devinrent insoutenables. Le déficit atteignait « seulement » 5,5% du PIB en 2001, mais il passa à 8,8 % en 2004, l’année des jeux olympiques, puis il grimpa à 10,2% en 2008, avant d’atteindre 15,2 % en 2009. Dans le même mouvement, les taux d’intérêt montèrent en flèche, ne permettant plus à la Grèce d’honorer ses dettes.
Elle fut alors contrainte de faire appel au FMI et à l’Union Européenne pour éviter le défaut de paiement, dès le 23 avril 2010 : en moins de trois ans, la dette grecque était passée, pour les agences de notation, de très solide à une position de défaut.
Des politiciens à la vue courte firent alors appel à des techniciens complices de l’endettement excessif de la Grèce pour contraindre sa population à en payer les conséquences.
À SUIVRE
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