Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

L'INCROYABLE MOSSADEGH

29 Août 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

L'INCROYABLE MOSSADEGH

Après la deuxième guerre mondiale, l’Iran lutte contre l’influence de l’URSS avec l’aide des États-Unis qui soutiennent l’armée iranienne.

 

C’est ici qu’intervient le rôle extraordinaire de Mossadegh, symbole du refus des ingérences étrangères, qui permet de mieux comprendre la position actuelle de l’Iran.

Mohammad Mossadegh (1882-1967) est le fils d’un riche dignitaire iranien.  

Trois ans après la mort de son père, il est nommé à l’âge de quinze ans inspecteur des finances de la province du Khorassan et en dix ans, il devint l'un des plus grands propriétaires fonciers iranien mais il échoue à devenir député pendant la révolution constitutionnelle iranienne, malgré l’intervention de son influente famille.

Le 23 juin 1908, le Chah fit bombarder le Parlement qui fut remplacé un Haut Conseil composé de 50 membres personnellement sélectionnés par le Chah dont Mohammad Mossadegh, qui obtint aussi l’autorisation de se rendre à Paris pour s’inscrire tout d’abord à l'École libre des sciences politiques puis ensuite en Suisse où il poursuit des études de droit à l’université́ de Neuchâtel, obtient sa licence en droit avant de passer une thèse qu’il soutient en juillet 1914 et de rentrer à Téhéran.

Il occupe plusieurs fonctions administratives puis, le 21 novembre 1921, devient ministre des Finances. En 1923, il est élu député, mais comme il s’oppose à la nomination de Reza Khan comme Chah, il doit se retirer pendant seize ans de la vie politique dans le village d'Ahmadabad dont il est originaire.

Revenu à la politique en 1942, Mohammad Mossadegh va se tailler progressivement, un rôle de tribun nationaliste, adversaire de toutes les ingérences estrangères, ce qui lui vaudra une très grande popularité́. Il commence par déposer un projet de loi visant à̀ empêcher l'URSS de prendre possession des exploitations pétrolières au nord du pays.

À l’époque, le pétrole iranien, concédé à la toute-puissante Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) ne rapporte que 10% des revenus à l'État  iranien. Mais en 1950, l'Arabian-American Oil Company (ARAMCO) accorde 50% des revenus pétroliers à l’Arabie Saoudite. L’Iran s’empresse de demander la même répartition des bénéfices à l’AOIC, agitant, en cas de refus, la nationalisation de l'industrie pétrolière.

Mais Mossadegh s’oppose à un accord avec l’AOIC, déclarant avec virulence  au Premier Ministre, Haj Ali Razmara : « ... Je jure devant Dieu, que le sang coulera, le sang coulera. Nous nous battrons, et nous pourrons nous tuer. Si vous êtes un militaire, je suis plus soldat que vous. Je vais tuer, dans ce Parlement je vais vous tuer ». Le 7 mars 1951, après un communiqué violent de Mossadegh contre le Premier Ministre Razmara, ce dernier est assassiné par un islamiste et, une semaine plus tard, le parlement adopte la loi sur la nationalisation de l'industrie pétrolière.

Le 29 avril 1951, Mossadegh devient Premier Ministre avec l'appui des religieux et des communistes. Mais l’AOIC rejette les termes de la nationalisation et fait appel à l'arbitrage de la Cour internationale de Justice de La Haye qui n’aboutit pas. Mossadegh ferme les consulats britanniques tandis que le Royaume-Uni organise efficacement le blocus naval des exportations pétrolières de l'Iran.

Mossadegh, qui veut les pleins pouvoirs, se heurte au Parlement et au Chah qui les lui refusent. Il décide donc de démissionner. Mais Mossadegh symbolisait l'orgueil national et les sanglantes manifestations qui succèdent à cette démission, avec l’appui du parti Tudeh et des dignitaires religieux, contraignent le Chah à le rappeler, le 20 juillet 1952.   

Pendant ce temps, la production pétrolière iranienne est devenue quasiment nulle. Mossadegh réussit cette fois à̀ obtenir un mandat de six mois pour faire adopter des lois par décision gouvernementale sans le consentement du Parlement, ce qui commence à susciter de fortes critiques.

Il utilise ses pouvoirs pour faire adopter une réforme agraire qui réduit de 20 % la part du revenu annuel des propriétaires fonciers. Le Sénat, dominés par les élites du pays s’opposent à sa politique intérieure. Mossadegh réagit contre cette opposition en demandant au Parlement la dissolution du Sénat,  que le Chah et le Parlement acceptent.

Alors que le boycott des exportations pétrolières entraine l’économie iranienne dans sa chute. Mossadegh poursuit sa politique intransigeante en rompant, le 23 octobre 1952, les relations diplomatiques de l’Iran avec le Royaume-Uni. Deux jours auparavant, il avait promulgué une loi interdisant toute grève, remplissant rapidement les prisons. Mozaffar Baghai, co-fondateur avec Mossadegh du Front national et l’ayatollah Kashani, président du Parlement s’opposent alors à lui, si bien qu’à la fin de l’année 1952, seules les forces du parti communiste Tudeh le soutenaient encore.

Le pouvoir de Mossadegh est fortement affaibli, lorsque, le 6 janvier 1953, il demande une prorogation pour continuer à statuer par décret, provoquant des batailles de rue à Téhéran entre les partisans et les opposants à Mossadegh, prorogation qui est finalement acceptée. Mais il reste parfaitement intransigeant. Fin janvier, Churchill et Eisenhower, font une nouvelle offre d'accord à Mossadegh, que ce dernier rejette.

Le Chah commence à juger sévèrement l’inaptitude de Mossadegh à négocier avec l'AIOC. Comme Mossadegh a vidé́ la cour de tous ses opposants réels ou supposés, le Chah et son épouse envisagent, avec l’accord du Premier Ministre, de partir pour l'étranger afin de fuir une capitale de moins en moins sûre pour eux.

 

Lorsque la nouvelle se répand, la rue se soulève en faveur du Chah, qui annule son voyage.  

 

À SUIVRE

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article