HISTOIRE IMMÉDIATE
28 Juillet 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
Dans la rubrique intitulée « Interlude », je conte mes aventures universitaires avec, en ce moment, une bonne trentaine d’années de distance. Pour narrer les épisodes que j’ai vécu à l’IPAG depuis novembre 2018 jusqu’en ce mois de juillet 2023. Il m’a semblé difficile d’attendre aussi longtemps…
Vous n’ignorez pas plus que moi les risques de relater des péripéties récentes : d’une part la patine du temps n’est pas disponible, qui permet de ne retenir que les évènements saillants. D’autre part, le risque de heurter le sensibilité des acteurs reste élevé, quelles que soient les précautions. Cependant il s’agit d’une tranche de vie bien particulière qui vient de s’achever et je n’ai pas l’intention de blesser qui que ce soit, l’objet de ce récit ne concernant que mes propres actions.
Toutefois, ce qui s’est passé à partir de novembre 2018 nécessite au préalable un retour en arrière.
Le 31 décembre 2013, j’ai cessé d’être professeur d’université pour muter dans une fonction hybride, professeur émérite pour cinq ans, fonction qui a été renouvelée deux fois pour trois ans et qui s’achèvera irrévocablement le 31 décembre 2024, cinquante-deux ans et trois mois après le début de ma carrière universitaire.
J’aurais pu prendre plus tôt ma retraite, mais je souhaitais faire soutenir la plupart des thèses que je dirigeais en étant en activité, afin de permettre aux trois doctorants qui soutenaient en 2013 de bénéficier encore de mon soutien pour obtenir un poste de Maitre de Conférences. Mais seul l’un d’entre eux réussit à obtenir un poste de Maitre de Conférences et la vérité est qu’il l’obtint par son entregent plutôt que par mon soutien.
La fonction hybride de professeur émérite permet de donner des cours ou de faire soutenir des thèses, mais pas d’assurer des responsabilités administratives. Je fis donc soutenir deux thèses supplémentaires en 2015 dont l’une devint la seule thèse en langue anglaise que j’ai jamais dirigé, tout en étant la 42e et dernière thèse que j’ai fait soutenir depuis 1983.
L’année 2014 s’annonçait tranquille. Elle ne le fut pas, au contraire elle fut très agitée et, au moins pour le 1er semestre 2014, elle restera comme un fort mauvais souvenir.
Quoi qu’il en soit, j’organisais mes activités professionnelles autour de deux pôles, un pôle recherche à partir de mon bureau de la Faculté de Droit, travaillant notamment avec les juristes sur le lien entre la fiscalité et la gestion ou sur les problématiques de management dans le cadre européen qui donnèrent lieu à deux congrès les années suivantes, à Varsovie et à Banska Bystrica.
Le second pôle, celui de l’enseignement, s’annonçait actif, du moins en cette année 2014. J’enseignais, et j’enseigne toujours le Marketing dans le cadre du Master Management à l’Université de Corse. Je dirigeais un séminaire à Mundiapolis, à Casablanca, sur la recherche marketing et cela entrainait de nombreux échanges avec les étudiants en DBA. En ce qui me concerne, ce séminaire s’est arrêté, quelques années plus tard, car mes collègues préféraient à juste titre envoyer des enseignants en activité donner les cours plutôt que de les confier à un professeur émérite.
Je venais aussi, grâce à l’action de mon regretté collègue et ami Filip Palda, d’être nommé pour trois ans professeur associé à l’ENAP, université du Québec à Montréal.
C’est pourquoi je me rendis deux fois au Québec, au printemps et à l’automne 2014. Mais ma déception, voire mon étonnement, furent grands. Je croyais, naïvement, que ma triple expérience, en enseignement, en recherche et en création de programmes de formation en gestion, pourrait leur sembler féconde. Je compris rapidement qu’à l’ENAP, préoccupés à 99% par leurs problèmes internes, mes collègues québécois ne se posaient même pas la question de savoir si je pouvais leur être utile. Je ne crois même pas que quiconque à l’ENAP lut jamais mon CV.
Après avoir cherché à me faire une place dans leur organigramme, je finis par comprendre assez rapidement que le proverbe « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif » s’appliquait parfaitement aux rapports entre l’ENAP et moi.
Je laissais l’âne à ses occupations et me tournais vers d’autres contacts au Canada.
A SUIVRE