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Le blog d'André Boyer

Au nom des droits de l'homme, le martyre syrien

27 Août 2013 Publié dans #ACTUALITÉ

Au nom des droits de l’homme ou du droit du plus fort ?

L’année dernière, j’ai publié une série de blogs pour montrer toute la complexité de la situation syrienne, au regard des rapports conflictuels entre les Alaouites et les Sunnites, les premiers étant soutenus, en tant que minorités longtemps opprimées par les seconds, par les Druzes et les Chrétiens.

La politique du big stick n’a malheureusement que faire de ces subtilités.

 

apocalypseAu moment où j’écris ces lignes, une coalition dirigée par le gouvernement américain et rassemblant les gouvernements anglais, français, turcs, qataris et saoudiens s’apprête à bombarder les principaux centres du pouvoir syrien. J’écris « gouvernements » parce que les opinions publiques ont, peu à peu, pris conscience de la complexité d’une situation qui est présentée par les medias d’une façon binaire, le méchant Assad d’un côté et les gentils syriens de l’autre, pratiquement tous révoltés contre la dictature du premier.

Or, l’aboutissement actuel des faits était prévisible

Depuis plus d’un an, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et dans une moindre mesure, la Turquie, au nom de la liberté du peuple syrien, encouragent ouvertement, financent totalement, forment et encadrent sans complexes les diverses oppositions syriennes au système Assad et des dizaines de milliers de mercenaires accourus de tout le Moyen-Orient et de l’Europe, alléchés par l’odeur de l’argent, des pillages et des massacres. En effet, quoi de plus jouissif que de tuer, de violer et de piller au nom des droits de l’homme ?

Du côté gouvernemental syrien, une forte partie de la population du pays (mais quelle proportion je l’ignore) formée d’Alaouites, de Sunnites ralliés, de Druzes et de Chrétiens, appuyée par l’Iran et la Russie, résistent à cet assaut formidable. Pire encore, du point de vue de la coalition hétéroclite des oppositions et des soudards, les forces gouvernementales regagnent du terrain, si bien que l’on peut désormais envisager une victoire de l’État syrien et de ses alliés sur les amis de circonstance du gendarme du monde.

Inacceptable défaite pour les États-Unis, pas plus que n’était acceptable pour Ronald Reagan une victoire de l’Iran contre l’Irak qui le  poussa à laisser gazer des milliers de civils iraniens par Saddam Hussein. La solution est donc simple, comme en Irak : inventer un crime de guerre et en punir le présumé coupable.

Je fais l’hypothèse que l’on ne prouvera rien et que cela n’empêchera pas le gouvernement américain d’intervenir en représailles à un crime attribué d’office au gouvernement syrien.

Je fais l’hypothèse que lorsque les bombardements auront eu lieu, les medias utiliseront un raisonnement logique inversé pour nous persuader que nos dirigeants n’auraient jamais accepté d’y recourir s’ils n’avaient pas été intimement persuadés de la culpabilité du gouvernement syrien. « Si je l’ai tué, c’est bien la preuve qu’il était coupable » dit le Sheriff.

Je fais l’hypothèse inverse que la vérité ne réside pas dans l’utilisation de gaz toxiques par un gouvernement syrien, qui n’en a pas besoin pour gagner et qui sait que ce serait franchir la ligne rouge tracée par Obama.

Je fais même l’hypothèse que la vérité se situe à l’opposé : puisque cette ligne rouge a été tracée, il suffit de répandre le gaz, avec ou sans l’aide ou la bénédiction de services spéciaux, et d’accuser le gouvernement syrien d’en être l’auteur pour que le rapport de force s’inverse et que les missiles salvateurs s’abattent sur le régime honni.

À cet égard, on me pardonnera de douter fortement de l’angélisme du gouvernement américain, et des gouvernements en général, si l’on veut bien se souvenir que ce fut la méthode utilisée par les Bosniaques qui n’hésitèrent pas à bombarder leur propre population sur le marché de Sarajevo pour faire condamner la « barbarie » serbe et justifier l’intervention occidentale.

On se souviendra aussi de l‘aplomb du général Powell apportant les « preuves » de la détention d’armes de destruction massive par Saddam Hussein au Conseil de Sécurité de l’ONU et de la défiance de bon aloi exprimée  par le gouvernement français d’alors.

On se souviendra  de plus que ce Président Obama, salué à son avènement comme l’espoir des humanistes du monde entier, n’hésite pas à ordonner quotidiennement ou presque, par drones interposés, d’assassiner sans jugement ceux qui lui sont  désignés comme des terroristes.

On se souviendra enfin du cynisme de ces hypocrites « démocrates » qui organisent un système  massif d’espionnage  illégal, sans songer un instant à se justifier, à s’excuser et à démissionner.

 

Mais, quelle que soit l’origine de l’utilisation des gaz toxiques, il reste que le but du Sheriff américain est clair : au moment où les troupes américaines se préparent à quitter l’Afghanistan, montrer que l’on ne peut pas résister impunément au Moyen-Orient aux oukases américains.

 

Comme la suite de cette démonstration de force provoquera au minimum une montée de la haine anti-américaine, au maximum un conflit généralisé au Moyen-Orient et infligera dans tous les cas un massacre supplémentaire au peuple syrien, je me demande au nom de quel droit et de quels intérêts, à rebours de l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne mêlent leurs voix de roquets à cette écœurante curée…

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