LA DÉPORTATION DEPUIS LOUISBOURG ET L'ILE SAINT-JEAN
17 Février 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Après la capitulation du 27 juillet 1758, toutes les troupes françaises, y compris le gouverneur et les officiers, furent considérés comme des prisonniers de guerre.
Mais quatre mille civils en outre résidaient dans l’ile Royale. Pour les préserver, Le Gouverneur, le chevalier de Drucourt, s’était résigné à une capitulation humiliante. Le but du général Amherst était d’une brutalité parfaitement adaptée aux buts stratégiques constants des anglo-saxons en Amérique : faire disparaître des territoires conquis tous ceux qui s’opposaient à leur mainmise, les Indiens, les Espagnols et en cette ile, les Français.
Il ordonna à l'amiral Edward Boscawen d'organiser leur déportation massive, qui sera effectuée sur des navires insalubres. Auparavant, le 15 août 1788, les Britanniques embarquèrent sur leurs navires trois mille soldats et officiers de terre, ainsi que deux mille six cent marins et officiers de marine sur des navires de transport. Quatre cent soldats périrent en mer avant d'arriver. Ensuite, trois mille cent Acadiens furent déportés dès l'été 1758, dont plus de mille sept cent cinquante allaient périr par noyade ou par maladie au cours du transport. Certains navires étaient si décrépits qu'ils coulèrent avec tous leurs passagers avant même d'avoir pris la haute mer. Les anciens habitants de Louisbourg qui survécurent à la déportation purent débarquer dans le port de Rochefort, de La Rochelle et de Saint-Malo. Cependant, un groupe de dix familles acadiennes habitant Port Toulouse réussit à fuir vers l’ile Madame où leurs descendants vivent encore aujourd'hui.
Les Anglais s’emparèrent ensuite de l'île Saint-Jean, aujourd’hui Ile du Prince-Edouard, qui se trouvait sans ressources après la chute de Louisbourg. Trois semaines après cette dernière, une troupe de cinq cent soldats britanniques, sous le commandement du lieutenant-colonel Andrew Rollo débarqua à Port-la-Joy pour prendre possession de l'île Saint-Jean.
Le commandant de Port-la-Joy, le major Gabriel Rousseau de Villejouin avait été enjoint par l’ex-Gouverneur de Louisbourg, le Chevalier de Drucourt, par une lettre du 8 septembre 1758 de remettre l'île aux mains des Britanniques. De toute façon, De Villejouin ne disposait plus d'aucun moyen pour subvenir aux besoins de la population. Il se rendit donc avec toute sa garnison, composée de Compagnies Franches de la Marine. Les soldats français furent expédiés comme prisonniers en Angleterre.
Le commandant britannique s’efforça de rassembler les Acadiens de l'île Saint-Jean pour les expulser. Mais ils étaient dix fois plus nombreux que prévus, quatre mille au total, dispersés dans les cinq villages de Port-la-Joy, de Saint-Paul-de-la-Pointe-Prime, de Saint-Louis-du-Nord-Est, de Saint-Pierre-du-Nord et de Malpèque.
Le temps de faire venir des navires supplémentaires, une partie des habitants parvint à se cacher. Trois mille Acadiens furent finalement embarqués en octobre 1758. Douze navires partirent en novembre à destination de Saint-Malo, mais huit seulement atteignirent la France et la moitié des passagers moururent en mer, décimés par une épidémie de variole ou par noyade. De plus, la mauvaise qualité de la nourriture fournie par les Britanniques, «du biscuit pourri et du bœuf salé remplis de vers» avait également provoqués de nombreux décès.
Sur l’ile Saint Jean elle-même, deux cent Acadiens, isolés sur la côte ouest dans le village de Malpègue, ne furent pas déportés en raison de l’arrivée de l’hiver. Puis, lorsque les bateaux britanniques revinrent à l’Ile Saint-Jean au printemps de 1759 pour prendre le reste des habitants, le responsable du territoire, le colonel William Johnson, déclara qu'ils étaient tous partis «pour le Canada». Aussi, les milliers d'Acadiens qui habitent aujourd'hui l'Île-du-Prince-Édouard sont-ils les descendants des familles qui sont restées ou qui y sont revenues après 1764. De plus, un millier d’Acadiens échappèrent à la déportation en se réfugiant en Gaspésie, à Ristigouche et dans ses environs, avec l’aide des indiens Micmacs.
Quant aux Français de France, ils ne laissèrent pas tomber les habitants de l'île Royale et de l'île Saint-Jean. Les survivants reçurent des subsides et les officiers, les fonctionnaires, les soldats et les missionnaires perçurent leurs salaires comme à l'accoutumée.