L'EAU À BOIRE
11 Août 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE
Comme l’eau constitue environ 65% du corps humain, soit 45 litres dans une personne de 70 kilogrammes, il est aisé de comprendre qu’il est nécessaire de boire, pour garder constante cette proportion, 1,5 à 2 litres d’eau par jour.
Dans ce billet, boire signifie boire de l’eau, que ce soit de l’eau fournie par le circuit de distribution ou de l’eau en bouteille.
En France, l’eau du robinet est très contrôlée : sa potabilité est évaluée par plus de soixante critères établis en fonction du risque subi par les populations les plus vulnérables, tels que les nourrissons ou les femmes enceintes. Aussi la pollution par les nitrates et les pesticides est-elle très rare et le plomb n’est-il présent que dans certains bâtiments anciens.
Selon les régions, l’eau du robinet est plus ou moins chlorée afin de détruire les bactéries qui pourraient s’y trouver, mais, quelles que soient les régions, la quantité de chlore contenue dans cette eau est trop faible pour avoir un effet sur notre santé. Il arrive aussi que le calcaire donne un goût désagréable à l’eau, mais sans qu’il présente le moindre danger pour la santé.
Aussi, l’eau du robinet est-elle un produit alimentaire sans danger pour 95,6% des consommateurs. Les 4,4% restants, qui sont menacés par une qualité insuffisante de l’eau distribuée, sont situés dans des villages de quelques régions françaises, plus particulièrement dans le Loiret, la Seine-et-Marne, l’Yonne, l’Aube, la Marne, le Pas-de-Calais et la Somme.
En outre, l’utilisation de systèmes de filtrages pour obtenir une eau de meilleure qualité est contestée par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES). En effet, cette dernière relève que les cartouches de filtration sont souvent des nids à microbes.
On peut donc se passer de l’eau en bouteille, qui a des caractéristiques différentes de l’eau du robinet, notamment parce qu'elles ne subissent aucun traitement, puisqu’elles sont réputées naturellement potables.
Mais il faut distinguer, parmi les eaux en bouteille, les eaux de source et les eaux minérales :
- Les eaux de source sont soumises à la même réglementation que l’eau du robinet. Elles doivent donc remplir tous les critères de potabilité, y compris contenir la même quantité de minéraux que l’eau du robinet. Elles ne subissent aucun traitement et sont donc plus pures que celle du robinet, ce qui fait qu’elles remplacent aisément l’eau du robinet dans les régions polluées, ou quand cette dernière a un goût de chlore trop prononcé.
- Les eaux minérales sont soumises à des normes spécifiques et peuvent atteindre de fortes teneurs en minéraux, qui ne sont pas tolérées pour l’eau du robinet. Aussi le principal élément à prendre en compte dans le choix d’une bouteille d’eau minérale est la quantité de résidus à sec qu’elle contient, à savoir la quantité restante de minéraux, sodium, magnésium, sulfate, calcium, une fois que l’eau s'est évaporée.
Contrairement à notre intuition, une bonne eau est une eau peu minéralisée, car une consommation excessive de minéraux peut être néfaste pour l’organisme. Idéalement, le résidu à sec d’une bouteille d’eau minérale doit ainsi être inférieur à 100mg/l, sans compter que, même à ce niveau de résidu à sec, les eaux minérales sont souvent trop riches en sodium ou en d’autres minéraux.
D'autant plus qu'il faut savoir que les carences en minéraux, comme en calcium et en magnésium, ne peuvent pas être restaurées par la consommation d’eau minérale, compte tenu de la faible capacité d’assimilation du corps humain pour les minéraux présents dans ces eaux.
Enfin, dans toutes les eaux qui sont conservées dans des bouteilles en plastique, qu’elles soient de source ou minérales, on trouve des particules de plastiques qui se sont d’autant plus volontiers détachées de la bouteille que cette dernière a été exposée à la chaleur et la lumière.
On peut donc s’interroger, du point de vue individuel, sur la rationalité de choisir de consommer de l’eau en bouteille, qui est, sauf lieux bien identifiés, au mieux équivalente du point de vue sanitaire à l’eau du robinet, une eau qui est au moins cent fois plus chère que l’eau du robinet (0,0035 euros le litre en moyenne en France), qu’il faut transporter péniblement et qu'il faut stocker dans de bonnes conditions.
Finalement, quand on se place du point de vue collectif, la production d’eau en bouteille est très énergivore:
Entre le transport des matières premières, le processus de fabrication et l’acheminement vers les grandes surfaces, on obtient un bilan de 8kg de CO2 rejetés par litre d’eau en bouteille mise à disposition du consommateur, soit autant qu’une voiture qui parcourt 50 kilomètres. En outre, cette production d’eau est polluante, car, une fois bues, les bouteilles finissent soit dans la nature, soit dans une décharge, soit dans un incinérateur, les deux premières entrainant la libération de toxines dans le sol que nous cultivons et dans l’air que nous respirons. Quand, au mieux, les bouteilles finissent dans un incinérateur, il faut encore utiliser une quantité d’énergie non négligeable pour les recycler.
L’eau en bouteille est donc un produit, et disons-le, un abus de la société de consommation, qui n’apporte généralement aucun avantage à l’être humain, avec des effets fortement négatifs sur l’environnement : une société responsable devrait donc veiller à décourager les consommateurs de l'utiliser et non l'encourager par la publicité.
Je vous laisse conclure…