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Le blog d'André Boyer

LA BATAILLE DES MILLE-ÎSLES

13 Octobre 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA BATAILLE DES MILLE-ÎSLES

Sous le commandement du Général Amherst, trois armées britanniques convergeaient vers la ville de Montréal, celle de Murray, depuis l’Est à partir de Québec, celle d’Haviland qui remontait depuis le sud par la rivière Richelieu depuis le lac Champlain et celle d’Amherst lui-même qui descendait le Saint-Laurent à partir du lac Ontario. C’était l’hallali. 

 

Ce fut l’été du désespoir pour les défenseurs de la Nouvelle-France. Murray ordonnait de brûler toutes les fermes, depuis la rivière Jacques-Cartier jusqu’à Cap-Rouge et de chasser les populations vers Montréal, pour qu’elles fussent à charge de l’ennemi. Sur les deux rives, au fur et à mesure que les troupes anglaises remontaient le fleuve, les habitants reçurent l’ordre de déposer les armes et de rentrer chez eux. 

Les fermes abandonnées furent livrées aux flammes, si bien que les miliciens étaient déchirés entre leur volonté de combattre et celle de défendre leurs fermes de la destruction. Il n’est pas étonnant dans ces conditions qu’ils aient déserté en nombre. Même certains soldats, y compris les grenadiers d’élite, commençaient à déserter. L’armée française fondait rapidement et ses officiers étaient désespérés.

Il n’y avait plus de perspectives de contenir les troupes anglaises, mais Lévis insistait pour que l’on combattît afin de retarder l’avancée de l’ennemi et pour, à minima, sauver l’honneur des armes françaises. 

En mai 1759, il avait déclaré que l’armée défendrait la colonie « pied à pied » et qu’il « serait plus avantageux » de périr « les armes à la main que de souffrir une capitulation aussi honteuse que celle de l’île Royale ». Il faisait référence à la directive du ministre de la Guerre du 19 février 1759, qui enjoignait à Montcalm de tenir jusqu’à la dernière extrémité plutôt que d’accepter des conditions aussi ignominieuses que celles qu’on avait acceptées à Louisbourg.

De fait, les Français résistèrent jusqu’au bout à Mille-Îles. Le général Jeffery Amherst, commandant en chef britannique, dirigeait personnellement la principale force d’invasion, avec dix mille hommes et 100 canons de siège, qui arrivait depuis Oswego, à l’ouest de Montréal, au travers du lac Ontario. 

Les Français avaient commencé la construction d’un fort pour défendre leur flanc ouest, le fort Lévis sur l’île Royale, appelée aujourd’hui île Chimney, dans l’aire des Mille-Îsles. Ils avaient prévu de construire des murs de pierre, d’y placer 200 canons servis par une garnison de deux mille cinq cent soldats. Mais ils n’eurent pas le temps de le construire, aussi n’y avait-il qu’un petit fort avec des palissades en bois, cinq canons seulement et deux cent soldats.

La défense du fort avait été confié au capitaine Pierre Pouchot qui avait été fait prisonnier après le siège de Fort Niagara, mais avait été relâché lors d'un échange de prisonniers. Pouchot disposait aussi de deux corvettes, l'Outaouaise et l'Iroquoise, avec un équipage de deux cent marins et trappeurs. L'Iroquoise, sous le commandement du capitaine René Hypolite Pépin dit La Force, était armé de dix canons de 12 livres et de canons pivotants. L'Outaouaise, commandée par le capitaine Pierre Boucher de La Broquerie, avait à son bord dix canons de 12 livres, un canon de 18 livres, tous pivotants.Afin de rassembler ses forces à Fort Lévis, Pouchot ordonna l'abandon du Fort de La Présentation et du chantier naval à Pointe au Baril. L'Iroquoise, trop endommagée pour manœuvrer, fut placé sous la protection des canons de Fort Lévis.

Les forces d'Amherst partirent d'Oswego le 10 août, avec deux senaux en avant-garde, des bricks avec un grand mat doublé, l’Onondaga et le Mohawk, commandés par le capitaine Joshua Loring. L’Onondaga était équipé de quatre canons de 9 livres, de quatorze canons de 6 livres, avec un équipage de cent marins et de vingt-cinq soldats. Le Mohawk, commandé par le lieutenant David Phipps, transportait seize canons de six livres avec un équipage de 90 marins et 30 soldats.

Le 7 août, des vigies françaises aperçoivent l’Onondaga et le Mohawk depuis leur avant-poste situé à l'Ile aux Chevreuils. Les Français se retirent dans une galère, poursuivis par les navires britanniques qui se perdent dans le labyrinthe des Mille-Îles. Puis le gros des forces d'Amherst arrive à Pointe au Baril le 16 août et Amherst ordonne au colonel George Williamson de capturer l'Outaouaise. 

À l'aube du 17 août, Williamson part avec cinq galères, qui se placent hors de portée des canons de l'Outaouaise et la contraignent à se mettre à portée de la batterie britannique installée à Pointe au Baril. Après trois heures de combats, l'Outaouaise a réussi à endommager deux des galères britanniques, mais La Broquerie, blessé, avec quinze membres de son équipage tués ou blessés, est obligé de livrer l'Outaouaise à Williamson. 

Le 19 août, Amherst commença l'attaque du fort Lévis. La Force et son équipage avaient abandonné l’Iroquoise pour se joindre aux défenseurs du fort. Les cinq canons français ont tiré toute la journée et les Anglais ont dû demander un cessez-le-feu pour la nuit. 

L'attaque a repris à l'aube le 20 août, avec cinquante canons. Malgré tout, les Français réussirent à couler le Mohawk et l’Onondaga. Les batteries britanniques passèrent alors au tir de projectiles incendiaires et le siège se poursuivit cinq jours, jusqu'au 24 août, jusqu’à ce que Pouchot, à court de munitions, doive négocier sa reddition.  

 

Les combats avaient coûté vingt-six morts et quarante-sept blessés aux Britanniques et les Français avaient perdus, tués ou blessés, deux cent soixante-quinze hommes sur les trois cent défenseurs ! Pouchot comptait était parmi les blessés et les Britanniques étaient stupéfaits qu'une aussi faible garnison ait offert une résistance aussi vive. 

 

À SUIVRE

 

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