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Le blog d'André Boyer

UNE CIVILISATION URBAINE GLOBALE

7 Mars 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

UNE CIVILISATION URBAINE GLOBALE

Lorsque l’homme semble avoir presque achevé son installation dans la ville, ce monde sans limites, cet Eden, il réalise que ce projet pourrait le mener à sa perte.

 

Pour commencer, il prend conscience que l’histoire ne mène nulle part, en d’autres termes que l’aisance matérielle ne parvient pas à l’affranchir de sa condition animale.

Circonstance aggravante, lorsqu’il contemple les modifications spectaculaires de son environnement du fait du développement de ses activités, il s’interroge sur l’avenir de son espèce et il se demande si l’aventure humaine peut encore longtemps se poursuivre sous cette forme.

Les écologistes sont disponibles pour fournir les réponses. Ils avancent que la nature doit être protégée, car les écosystèmes valent des dizaines de milliards de dollars à l’échelle du globe. Rompre l’équilibre entre les espèces, c’est antiéconomique. Il n’en fallait pas plus pour que les économistes introduisent le concept de développement durable, qui consiste à continuer à se développer tout en protégeant l’environnement.

Et c’est vrai, quotidiennement, des mesures sont prises pour lutter contre les pollutions et les nuisances. D’où vient donc l’impression diffuse que la situation continue malgré tout à se dégrader ? On sent que la régulation peine à suivre l’emballement de la consommation et on constate qu’il a fallu l’apparition de la Covid 19 pour remettre concrètement en cause la croissance de la production industrielle, encore que les Chinois, un cinquième de l’humanité, déclarent fièrement, à peine remis de la crise de la Covid 19, qu’ils obtiendront six pour cent de croissance économique en 2021.

C’est pourquoi les écologistes se sentent obligés d’aller au-delà de l’argument économique pour justifier la protection de la nature. Ils rejettent notre ethnocentrisme : nous ne pouvons pas prétendre que la nature nous appartient, elle a une valeur intrinsèque. C’est le concept de Gaïa. Nous devons nous faire modestes, discrets et renoncer à nos besoins « superflus », encore que la notion de « superflu » reste éminemment subjective, ce qui contraint la collectivité humaine à la définir de manière administrative.

Nous voilà aspirés dans un monde régulé, dont nous ne voulons pourtant à aucun prix puisque nous sommes irrémédiablement aspirés dans la spirale de la consommation. Bien sûr, nous connaissons des militants qui pratiquent un style de vie construit autour de la consommation comme anti valeur, mais ces pratiques ne concernent qu’une faible minorité de l’humanité. Pour les autres, le pouvoir politique cherche à introduire des mesures de limitation de la consommation pour freiner les problèmes d’environnement, mais il est contraint de le faire en affrontant une population qui consomme plus parce qu’elle s’accroit,  qui consomme plus aussi parce qu’elle rejoint progressivement le monde merveilleux de la ville. 

L’histoire dira si l’homme parviendra ou non dans le futur à contrarier ses aspirations animales en mettant un terme à sa recherche obsessive de confort. Ce n’est pas sûr, car l’homme ne supporte pas de se voir réduit à n’être qu’un animal parmi d’autres.

Du coup, il cherche à tout prix à vouloir donner du sens à ses actes, afin de dissimuler l’insupportable, à savoir l’absurdité de l’existence.

Dans ce contexte de la double recherche éperdue du confort et d’une raison de vivre, la crainte n’est pas vraiment celle d’une disparition rapide de l’humanité, mais celle d’un reflux de notre civilisation.

Dans l’histoire, nombre de civilisations ont atteint un haut niveau de raffinement avant de décliner, pour des raisons diverses, climatiques, politiques, stratégiques, épidémiologiques, qui ont provoqué l’affaiblissement de leurs  structures politiques, économiques et sociales et entrainé la dispersion de leurs populations trouvant leur refuge auprès de structures plus locales.

On peut citer, dans l’Antiquité, les civilisations grecques, perses, romaines, chinoises, parmi d’autres. Aujourd’hui, alors que toutes les civilisations européennes sont en recul, une nouvelle civilisation globale s’est imposée depuis un siècle et demi. Elle s’est construite autour d’un grand rassemblement qui se poursuit à vitesse accélérée, avec les paysans de toutes les contrées du monde affluant dans les villes. Et il s’agit bien désormais d’une seule et même civilisation qui tisse sa toile sur le globe dans son ensemble, car tous les centres urbains sont interconnectés, tous les êtres humains vivent de la même manière et s’abreuvent à la même culture, même s’il existe des sous ensembles au sein de cette civilisation.

 

Cette civilisation globale peut s’effondrer avec la fin du règne des centres urbains, qui pourraient se révéler de plus en plus ingérables, donc de plus en plus invivables…

 

 

Très librement interprété d’après l’ouvrage de Bertrand Alliot, « Une histoire naturelle de l’homme », L’Artilleur, Paris, 186 pages, 2020

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