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Le blog d'André Boyer

ADIEU LA CHINE

15 Janvier 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

ADIEU LA CHINE

Après ce que l’on pourrait appeler l’opération « Chat de madame Crochemore », je suis intervenu beaucoup plus modérément en Chine, jusqu’à ne plus y être retourné depuis 1992.

 

Il est vrai que j’avais d’autres chats à fouetter, si je puis dire, comme la suite de cette chronique l’exposera. Et cela d’autant plus que le management de l’opération m’a progressivement échappé, d’une part parce que la direction de l’IAE de Nice ne se souciait pas de gérer le programme chinois alors que l’IAE de Paris ne demandait que cela et d’autre part parce que j’étais plus accaparé (et plus intéressé) par l’organisation de nouveaux programmes que par la gestion quotidienne d’un programme routinier. J’ai en revanche dirigé plusieurs travaux sur la Chine.

Avant de passer aux actions que j’ai menées après le transfert de notre programme de Tianjin à Pékin à l’été 1990, il me faut revenir à ce qui s’est passé en même temps que l’opération Chine et que je n’ai pas encore abordé.

Tout d’abord, je crois que je n’ai jamais abordé cette question dans mes billets, j’avais déjà dirigé et fait soutenir trois thèses en 1988, lorsque j’ai fait soutenir Ali El Idrissi. Ces trois thèses étaient celles, en 1983, de Léopold Ahounou, un Béninois qui est devenu professeur de gestion au Sénégal, ainsi que celle de Bassirou Tidjani en 1984, un Sénégalais qui est devenu une personnalité connue parmi les professeurs de gestion africains au point qu’il a dirigé plusieurs concours interafricains de sélection des professeurs en sciences de gestion (concours CAMES).

Ces deux thèses, qui provenaient de mon séjour au Sénégal, étaient les premières des quarante-deux thèses que j’ai fait soutenir au cours de ma carrière de professeurs. Celle d’Ali El Idrissi, en 1988, après celle de Liliane Azzi (1987), dont j’ai perdu la trace, était une thèse purement niçoise. Elle a constitué le point de départ de la belle carrière d’Ali El Idrissi à l’IUT de Nice et d’une grande amitié qui perdure.

L’année suivante, en 1989, j’ai fait soutenir Michel Dromain, aujourd’hui disparu, qui avait conduit une extraordinaire recherche sur les  associations rotatives d'épargne et de crédit au Sénégal, en d’autres termes les « tontines », remarquable par le nombre des personnes interrogées et ce qu’elle révélait sur l’épargne des Sénégalais, bien supérieure à ce qu’énonçaient les enquêtes officielles. Michel Dromain apportait ainsi sa pierre à la théorie du développement spontané de Marc Penouil, aujourd’hui largement oubliée.

Mais si l’on a suivi mes billets précédents, on peut se rendre compte qu'à l'époque l’encadrement des thèses n’était ma préoccupation principale, de même que la recherche en Sciences de Gestion.

Je publiais néanmoins quelques articles pendant la période 1988-1990, très active quant à l’organisation de formations à l’étranger, sur la gestion publique, sur la consommation familiale des Chinois, dont j’ai regretté précédemment qu’elle ait fort peu attiré l’attention. J’ai également présenté en mai 1989 une communication sur le « Catholicisme, Protestantisme et Esprit du Capitalisme » dans un cadre curieux et magnifique, la belle bibliothèque érigée par l’Arabie Saoudite sur la corniche d’Anfa à Casablanca, où j’étais supposé jouer le rôle du méchant capitaliste chrétien face aux vertueux islamiques.

À ce moment de ma carrière, j’allais d’un pays à l’autre, du Maroc à la Chine de Tiananmen, pour me rendre en été à Kingston en Ontario comme professeur invité et au Viet Nam pour une mission de prospection.

Quand j’ai repris mes cours au sein de l’IAE de Nice à l’automne 1989, j’ai appris que Jean Saide, le directeur de l’IUT de Nice, se représentait sur le poste de directeur, après un long mandat engendré par des réformes successives de l’enseignement supérieur qui avaient suspendu un temps le renouvellement des mandats électifs à l’université. Soutenu par les départements GEA et dans une moindre mesure TC, je me suis également présenté à la direction de l’IUT, alors que j’avais déjà muté d’un poste à l’IUT à un poste à l’IAE, mais je n’y voyais pas à l’époque de contradiction. Dans ce genre de guerre picrocholine, les échanges ont été vifs. J’ai préparé longuement mon discours devant le conseil qui devait statuer, discours au cours duquel j’ai commis l’erreur d’attaquer personnellement Jean Saide, ce qui a servi de prétexte moral à ses partisans, de toutes façons majoritaires au sein du Conseil, pour justifier pleinement leur vote. J’ai donc été battu.

Mais au fond de moi-même, j'étais battu d'avance car je me sentais alors en situation de faiblesse psychologique et je ne m'étais présenté que pour ne pas me dédire de mes engagements vis à vis de mes collègues de l'IUT. Pour autant, cette défaite n'a fait qu'accroitre la détresse psychologique que je ressentais, après avoir trop bougé, trop agité d'idées, trop lutté. On ne peut se battre contre le reste du monde très longtemps. Il me fallait souffler.

 

D'ailleurs, avant cette campagne électorale et cette élection qui ont eu lieu en novembre 1989, je m’étais rendu le mois précédent en mission à Hanoi afin d’étudier la possibilité d’y créer une école de gestion, qui était projetée par le Ministère des Affaires Étrangères, une mission pour le moins nostalgique…

 

À SUIVRE

 

 

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