RETOUR À PRAGUE
1 Mai 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
En juin 1989, à la demande de la FNEGE https://www.fnege.org, je me suis rendu à Prague, qui se trouvait sous le régime d’un Parti Communiste vacillant, pour étudier d’assez vagues possibilités de coopération.
Je revenais à Prague avec beaucoup d'appréhension. En effet j'ai raconté dans ce blog en trois épisodes (« La foudre », « Echec et presque mat » et « Le temps de la révolte et de l’oubli ») mes aventures médicales à Prague de la fin de l’année 1976 et du début de l’année 1977 qui avaient failli me coûter la vie. Il m'avait fallu un intervalle de douze années et demi pour y revenir.
Ce retour était justifié par la demande de mise en place d'une formation à la gestion dans une grande entreprise industrielle, ČKD (Českomoravská-Kolben-Daněk), qui fabriquait des tramways et qui était propriétaire de la célèbre marque d’automobiles de luxe, Tatra. Le but officieux de cette formation était de mettre en relation ČKD et Alsthom pour amorcer des discussions en vue de la participation d’Alsthom dans ČKD, voire de son rachat par Alsthom. Ce rapprochement était facilité par la francophilie du PDG de ČKD, l'ingénieur Müller.
Malheureusement, ce projet a échoué du fait du manque d’intérêt qu'affichait à l'époque Alsthom pour les marchés d’Europe de l’Est. J’en ai été personnellement témoin autant que navré et c’est Siemens qui a finalement racheté ČKD en 2001.
J’ai donc rencontré Monsieur Müller en vain, mais j’en ai profité pour faire le point sur les possibilités de coopération en gestion avec les responsables scientifiques et culturels de l’Ambassade de France à Prague, installés à l’Institut Français de Prague qui est situé dans la charmante rue Štěpánská, en plein centre-ville de Prague. Je ne savais pas encore qu’allait s’installer dans la même rue et presque en face de l’Institut Français de Prague, l’Institut Franco-Tchécoslovaque de Gestion, avant qu’il ne devienne, lors de la séparation de la Tchéquie et de la Slovaquie le 31 décembre 1992, l’Institut Franco-Tchèque de Gestion.
Le conseiller scientifique de l’Ambassade, un jeune et sympathique ingénieur, Jean-Yves de Longueau, m’a demandé de rencontrer une enseignante débutante qui avait obtenu une bourse pour aller passer un semestre en France dans une université ou dans une école de gestion.
C’est ainsi que je me suis retrouvé face à Hana Machková, une jeune femme, typiquement tchèque à mes yeux, qui m’a expliqué qu’elle voulait perfectionner son français et ses connaissances de gestion dans une grande école de commerce française, comme HEC.
Voyant Prague, comprenant sa volonté d’apprendre, je ne l’ai pas vu errer dans les RER de la banlieue parisienne, ni se noyer dans l’anonymat d’une grande école parisienne, ni peiner à rencontrer des enseignants pris par mille tâches, qui ne faisaient que passer.
Sans imaginer que j’en deviendrai le directeur un peu plus d’une année plus tard, je lui ai recommandé d’aller plutôt vers l'IECS à Strasbourg, une ville où elle serait nettement moins perdue que dans la nébuleuse parisienne, qui en outre était la ville française la plus proche de Prague et qui y ressemblait le plus. J’ai ajouté que l’IECS, à l’époque la plus ouverte à l’étranger des écoles de commerce françaises, lui permettrait d’échanger avec des étudiants de tous pays et des enseignants plus disponibles et abordables. De plus, l'IECS était intégrée dans l’Université de Strasbourg III. Elle, qui avait effectué ses études dans une excellente université, VŠE (Vysoká škola ekonomická v Praze), à mi-chemin entre une école de commerce et une université, comme l’était l’IECS, n’y serait pas (trop) dépaysée.
Hana Machková a suivi mon conseil et je crois qu’elle n’a été ni trop déçue ni trop dépaysée par Strasbourg et l’IECS, où elle a passé un semestre.
Elle était revenue depuis quelques mois à Prague alors que j’en reprenais le chemin, au printemps 1990. Entretemps, la révolution de velours s’était déroulée fin novembre 1989 et lorsque j'ai retrouvé cette ville magnifique, je n'en ai pas cru mes yeux tant on me l'avait changé. Non seulement le pont Charles n’avait plus cet air romantique désespéré qu’il avait pris sous le régime communiste, mais la ville perdait rapidement son côté grisâtre pour se parer de toutes sortes de couleurs, malheureusement en grande partie publicitaires.
Mon retour était fondé sur un projet que j’avais peaufiné avec la FNEGE consistant à créer un Institut Français Tchécoslovaque de Gestion. Ce projet a rencontré les plans de la francophile Hana Machková, qui aspirait également à prendre des responsabilités en cette période de bouleversements.
À SUIVRE