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Le blog d'André Boyer

MAIS OÙ SONT-ILS TOUS?

24 Septembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE PILIER DE LA VOIE LACTÉE SUR L'AIGOUAL

LE PILIER DE LA VOIE LACTÉE SUR L'AIGOUAL

Si on ne sait pas comment la vie, sous une seule forme, s’est installée sur la Terre, rien ne nous empêche de penser qu’une forme de vie, différente ou semblable à la nôtre, existe ailleurs dans l’Univers.

 

Pourquoi en effet la vie sur Terre serait-elle exceptionnelle, au point de constituer un phénomène unique dans l’Univers ? Le nombre d’étoiles dans notre Galaxie est très grand, on devrait donc y trouver d’autres espèces vivantes et même d’autres espèces intelligentes. Car les systèmes planétaires sont assez stables pour donner le temps à l’évolution de la vie d’aboutir à une civilisation avancée, capable de se déplacer dans la Galaxie ou de nous transmettre des signaux. Dans ces conditions, il parait plausible que des extraterrestres soient passés depuis longtemps sur Terre ou nous aient laissé des messages.

Car l’hypothèse qu'il existe des espèces extraterrestres est solide. La Voie Lactée a un rayon de 50000 années-lumière et elle s’est formée depuis 13 milliards d’années. Même lointaine, une civilisation aurait dû avoir le temps de nous rendre visite ou de communiquer avec nous.

Pourtant, il n’existe jusqu’ici aucune preuve de passage des extraterrestres sur Terre et nous n’avons reçu aucun message extraterrestre. Ce qui ne nous laisse que trois types d'hypothèses sur cette absence et sur ce silence des extraterrestres :   

  • L’apparition de la vie est si rare que nous sommes réellement seuls dans la Galaxie.
  • La vie apparait facilement, mais ne persiste jamais assez longtemps pour permettre à des civilisations avancées de parcourir le Cosmos ou de communiquer à travers la Galaxie.
  • Il existe un grand nombre de vies extraterrestres dans la Galaxie, mais aucune ne souhaite venir sur Terre ou nous informer de son existence par l’envoi de signaux.

La première hypothèse est combattue par les observations des télescopes récents qui ont détecté plus de 5000 exoplanètes dans plus de 3700 systèmes planétaires. Certaines exoplanètes ont des caractéristiques très proches de la Terre ou se trouvent dans une « zone habitable », où l’eau est susceptible de s’y trouver à l’état liquide. Mais cela ne garantit pas que d’autres caractéristiques, comme le rayonnement, la composition de l’atmosphère ou la pression atmosphérique n’entravent par ailleurs l’émergence de la vie.

Pour comprendre comment la vie est apparue sur Terre et donc comment elle pourrait apparaitre ailleurs, on s’est interrogé sur les conditions chimiques que remplissait la Terre avant que la vie ne s'y impose. Alexandre Oparine (1924) a formulé l’hypothèse que l'on y trouvait des réactions prébiotiques nécessaires à l’apparition de la vie, mais on ignore toujours si ces réactions prébiotiques se produisent facilement ou non dans l'Univers. En définitive on ne sait pas si la vie peut éclore facilement ou non dans l'Univers.

Même si la probabilité de l’émergence de la vie est élevée, on peut se référer à notre deuxième hypothèse pour expliquer l’absence de contacts avec d’autres formes de vie. Il s’agit de considérer que les différentes formes de vie sont trop fragiles pour leur laisser le temps de disposer d’atteindre un niveau technique suffisant pour entreprendre un voyage spatial ou procéder à des communications interstellaires.

Il est vrai que l’on peut trouver avec David Kipping (le paradoxe du ciel rouge, 2021) de nombreux facteurs qui s'opposent, sinon à l'apparition de la vie, du moins à son développement. Tout d’abord les bombardements de météorites sont nombreux, comme en témoigne sans doute la disparition des dinosaures sur Terre il y a 66 millions d’années. Il s’y ajoute les sursauts gamma (Tsvi Piran, 2015), qui sont des explosions stellaires capables de détruire la vie dans un rayon de plusieurs années-lumière. Or la fréquence des sursauts gamma semble élevée dans la Voie Lactée, ce qui ne laisserait que de faibles chances à une forme de vie de se développer et de s’étendre dans la Galaxie.

Sauf la vie sur Terre ? Pour combien de temps ? Car l’observation du développement des êtres vivants semble quasi fatalement générer des « pièges cosmiques » qui les font disparaitre. Observant l’humanité, on voit bien qu’en développant des bombes atomiques, des armes bactériologiques ou en provoquant des dérèglements climatiques, elle fabrique des pièges cosmiques qui pourraient bien provoquer sa perte.

En conclusion de cette deuxième hypothèse, les formes de vie peuvent être assez éphémères, d'autant plus que, lorsqu'elle atteint un stade avancé, elle risque fort de s’autodétruire en tombant dans des pièges cosmiques. Aussi la probabilité que deux formes avancées d’êtres vivants soient contemporaines l’une de l’autre serait très faible.

Enfin, si l’on fait l’hypothèse que la vie est fréquente dans l’Univers, résiliente et capable d’éviter les pièges cosmiques, peut-on trouver une raison pour qu’elle ne voyage pas jusqu’à nous et s’abstienne de communiquer avec nous ?

Plusieurs pistes ont été évoquées pour justifier la discrétion de ces éventuelles formes de vie dans l’Univers.

Tout d’abord la peur (Liu Cixin, 2017) : ces formes de vie pourraient avoir adopté le précepte « Pour vivre heureux, vivons caché ».

Ensuite, une éthique écologique, dite hypothèse du zoo (John Ball, 1973) qui ferait qu’une civilisation avancée prendrait bien soin de ne pas perturber une autre vie qui se développe, en l’occurrence la nôtre.

Enfin, une civilisation avancée choisira d’économiser ses forces, évitant de partir à la conquête de la Galaxie en dépensant une énorme quantité d’énergie (Rolf Landauer, 1996).

On peut ajouter une quatrième hypothèse aux trois précédentes, celle de l’incommunicabilité. Il est bien possible que la vie existe ailleurs, et peut-être même partout dans la Galaxie, mais qu’elle est tout simplement si différente de notre forme de vie ou qu'elle utilise des moyens de communication non perceptibles pour nous, si bien que nous sommes incapables de la rencontrer ou de percevoir ses signaux.

 

Tant que nous n’aurons perçu aucun signe de vie dans l’Univers, le doute que la vie puisse exister ailleurs restera en question. Or, selon que l’on retienne l’hypothèse d’une vie présente partout dans l’Univers ou uniquement sur Terre, notre regard change du tout au tout, sur l’humanité comme sur l’Univers.  

PS: on reliera utilement le précédent billet consacré à la vie. 

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