Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

LE COUP D'ÉTAT QUI TERRASSA LE ROYAUME DE FRANCE

15 Novembre 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE MASSACRE DES SUISSES LE 10 AOÛT 1792

LE MASSACRE DES SUISSES LE 10 AOÛT 1792

Dés que la Constitution fut mise en œuvre en octobre 1791, une fois les députés élus, il fut tout de suite patent que le couple formé par l’Assemblée législative et le roi Louis XVI fonctionnait mal.

 

L’Assemblée rêvait d’un roi constitutionnel qui accepterait volontiers l’amputation permanente de son pouvoir. Or, Louis XVI s’y refusait depuis le début de la Révolution, exactement depuis le 9 juillet 1789, date à laquelle les États Généraux s’étaient déclarés Assemblée Constituante.

Contraint par la rue et l’Assemblée, ramené de force aux Tuileries après la fuite à Varennes, il faisait une sorte de résistance passive. Puisque la Constitution lui avait octroyé un droit de veto, il se mit tout de suite à en user largement, à renvoyer les ministres, pendant que l’Assemblée de son côté prenait sans cesse des mesures contre le clergé ou les immigrés, poussée qu’elle était à la surenchère par la pression qu’exerçait sur elle une foule parisienne manipulée par des agitateurs.

Puis l’Assemblée prit l’initiative, invoquant l’appui que l’empereur Léopold II apportait aux immigrés, de déclarer le 20 avril 1792 la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie », ouvrant vingt-trois années de guerres européennes presque ininterrompues.

Dès lors, la tension ne cessa de croître entre le roi qui s’opposait aux décrets sur la déportation des prêtres réfractaires et les militants des faubourgs parisiens, conduits notamment par le riche brasseur Santerre, celui-là même qui mènera le 10 août 1792 l’assaut contre les Tuileries. Ces militants envahirent donc une première fois les Tuileries pour lui demander de retirer son veto. Ce roi réputé faible ne céda pas, pas plus que l’Assemblée. Une pétition circula le lendemain pour demander la punition des émeutiers tandis que le Roi publiait une proclamation pour condamner cette intrusion et passait fermement en revue un bataillon de la garde nationale.

Après ce grave incident, l’Assemblée fut accablée par les membres du Club des Jacobins de demandes de déchéance du Roi auxquelles elle avait de plus en plus de mal à résister.

Le pouvoir était à prendre.

Il fut pris.

Lorsque la cloche des Cordeliers se mit à carillonner, à minuit moins le quart le 9 août 1792, donnant le signal aux sections de la Commune insurrectionnelle pilotée par Danton de l’occupation de l’Hôtel de Ville, nul ne savait encore qu’elle sonnait le glas d’un millénaire de royauté. 

Nul ne se doutait non plus que les nouveaux dirigeants, qui allaient, par la force, facilement s’emparer des commandes de l’État le 10 aout 1792, allaient déchainer pendant les deux années suivantes la tempête politique la plus violente qu’ait jamais connu la France dans toute son histoire, sous le nom tout à fait approprié de Terreur.

Comment s’étaient organisés ces hommes ? Députés, avocats, comploteurs aguerris, ils avaient formé hors de l’Assemblée un comité destiné à préparer une insurrection. Ils commencèrent par le plus facile, la prise de l’Hôtel de Ville de Paris. Puis, le bâtiment occupé, ils y convoquèrent le chef de la garde nationale, le marquis de Mandat qu’ils abattirent immédiatement afin de désorganiser la garde. Puis ils marchèrent sur les Tuileries qui étaient protégées à la fois par les gardes suisses et les gardes nationaux qui firent en partie défection, désorientés qu’ils étaient par la mort de leur chef.

Au matin du 10 août, le jardin des Tuileries fut investi. Les Suisses barricadés dans le palais déclenchent une fusillade qui mit hors de combat une centaine d'assaillants, mais ils ne parvinrent pas à rompre l’encerclement conduit par les émeutiers du faubourg Saint-Antoine. Sur l’insistance des députés, le Roi signa un billet donnant l'ordre aux Suisses d'arrêter le combat et de se rendre. Mal leur en prit d’obéir, puisqu’ils furent presque tous, huit cent soldats au total, massacrés par les émeutiers qui en profitèrent pour piller les Tuileries, tandis que le Roi et sa famille cherchaient refuge à l'Assemblée.

Mais l’Assemblée ne constituait qu’un refuge tout relatif, le Roi n’étant protégé que par les députés qui l'entouraient, lui et sa famille. De fait, ils se retrouvèrent rapidement à la merci des émeutiers qui, après l’Hôtel de Ville et les Tuileries, ne s’arrêtèrent pas en chemin et envahirent les bâtiments de l’Assemblée. Ils contraignirent les députés qui n’avaient pas encore fui à prononcer la suspension du Roi et à mettre fin immédiatement au mandat de l’Assemblée qui courait jusqu’au 30 septembre 1793.

Les comploteurs avaient en effet décidé que l’Assemblée serait remplacée par une Convention dont le but affiché serait d’élaborer une nouvelle constitution. En attendant, la commune insurrectionnelle de Paris fit prisonniers Louis XVI et sa famille.

C’était un vrai coup d’État, qui inspirera par la suite Lénine.

Ce coup d'État fit disparaître le Royaume de France, sa constitution et la légitimité de ceux qui s'emparèrent du pouvoir, mais malheureusement aussi de tous leurs successeurs, d'où le nombre élevé de constitutions de 1789 à nos jours.

À SUIVRE

 

 

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 > >>