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Le blog d'André Boyer

Pour ne pas se résigner

4 Janvier 2009 Publié dans #HISTOIRE

Cet article est le premier d’une série consacrée au fonctionnement oligarchique de la société française. Il reprend les principaux arguments, en les actualisant, que j’ai utilisé pour écrire mon ouvrage intitulé « Trente trois ans d’arrogance »

 

Les Français sont pris en otage par une oligarchie qui les dirige avec incompétence, qui leur ment et qui les exploite.  Tous les jours, à la télévision, dans les radios, les périodiques, des journalistes se chargent de filtrer les nouvelles en mettant en avant ce qui leur paraît important et en laissant dans l’ombre ce qu’ils considèrent comme nocif pour la vérité officielle. Chacun d’entre nous, témoin d’un événement relaté par les medias, a été surpris par la manière dont les faits étaient relatés. De plus, les medias se chargent de nous expliquer ce qu’il faut en penser, et ils ne se gênent guère pour porter des jugements de valeur sur les gens et les choses. La situation est aggravée par le fait qu’il existe en France entre l’ensemble des medias, à de très faibles exceptions prés, un extraordinaire consensus qui traduit leur profonde connivence. Avez-vous entendu une seule chaîne de TV ou de radio, un seul quotidien national ou régional prendre parti pour le « non » au referendum du 29 mai 2005, alors que la moitié de la population au moins, d’après les sondages, votait « non » ? On essaye d’imposer aux Français une façon « convenable » de penser, comme disait Chirac. En France, le délit d’opinion existe, il est durement réprimé par le biais d’associations financées par les subventions de l’État, qui se chargent de porter plainte à sa place contre vous, dès que vous pensez mal. Voilà pourquoi j’écris que les Français sont pris en otage.

Qui les mène par le bout du nez ? Une oligarchie jalouse de ses prérogatives.

Il est patent, au point que plus personne ne s’en étonne, que ce pays est dirigé par un petit groupe de quelques milliers de personnes qui se réservent l’exclusivité du pouvoir politique et économique. Très rares sont ceux qui parviennent à être élu sans avoir leur aval. Il suffit de regarder la composition des assemblées, les noms des membres des corps constitués ou des patrons des grandes entreprises. Il suffit de parcourir les curriculum vitae de ces gens-là pour comprendre comment ils sont arrivés au pouvoir. Ni par hasard, ni par mérite, mais par cooptation. Prenez le cas,  que vous avez déjà probablement oublié, de ce pauvre Gaymard par exemple, ex-ministre des Finances et maladroit occupant d’un appartement de 600 m2. Il serait sans nul doute resté un obscur énarque, s’il n’avait été coopté par l’influente famille Legendre. Une oligarchie nous gouverne, qui s’auto reproduit et qui a donc besoin de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, afin d’assurer la pérennité de son pouvoir.

Ce serait acceptable, à tout le moins tolérable, si les membres de notre oligarchie étaient compétents, s’ils étaient sélectionnés en fonction de leur mérite et écartés lorsque leur incompétence éclatait au grand jour. Ils essaient de nous le faire croire. Nous avons, disent-ils, les meilleurs hauts fonctionnaires du monde, et les politiques les plus intelligents. Avant la Société Génerale et son système de contrôle interne qui laisse filer 5 milliards d’Euros sans s’en apercevoir , il y a eu l’énorme scandale du Crédit Lyonnais qui a coûté au peuple français aux alentours de 17 milliards d’Euros.  Il n’aurait pu intervenir nulle part ailleurs qu’en France, et nulle part ailleurs on n’aurait osé prendre aucune sanction à l’encontre de ses responsables. Haberer coule une retraite tranquille dotée d’une très confortable pension. Mieux encore, Trichet a été promu président de la BCE, la Banque Centrale Européenne. Incompétence, gabegie, impunité, voilà les trois devises logiques de notre oligarchie.

La population française est prise en otage par une oligarchie qui l’exploite. C’est tout naturel, sinon à quoi serviraient tous ces efforts pour contrôler le peuple, le mener en bateau et le faire avancer dans la direction voulue ? Ils font ce qu’ils peuvent, nos dirigeants, pour tirer le maximum de nous. Ils nous taxent à satiété, parvenant à un quasi-record du monde des prélèvements obligatoires. Plus il y a d’impôts, plus il existe de possibilités de commissions. Les nombreux procès relatifs au détournement de fonds de nos élus s’étalent sous les yeux des candides. On peut aussi jeter un coup d’œil aux palais de la République Française, aux logements de fonction, aux avantages en nature pour s’en convaincre. Il paraît qu’ils doivent s’accorder des privilèges pour le prestige du pays, prendre des avions spéciaux ou aménager de luxueuses ambassades à nos frais. Les Français sont exploités par des gens qui les prennent manifestement pour des imbéciles.

Ce que j’écris ne plaira ni aux oligarques qui nous gouvernent ni à leurs contempteurs. Jailli d’un sentiment d’indignation, un sentiment quotidiennement entretenu par la honteuse propagande médiatique qui nous enveloppe, je m’adresse à ceux qui ne croient pas que vivre consiste fondamentalement à se résigner. Ceux qui proclament qu’ils resteront en place quoi qu’il advienne, ceux qui renient leurs promesses aussitôt arrivés au pouvoir, ceux qui échouent toujours mais qui ne le reconnaissent jamais, ceux qui changent les lois électorales pour garder le pouvoir, ceux qui menacent les électeurs s’ils ne votent pas bien, ceux qui adaptent le système judiciaire pour protéger leurs forfaits, comptez vous les approuver longtemps ? Quelle société voulez-vous laisser à vos enfants ?



« Régime politique dans lequel la souveraineté appartient à un petit groupe de personnes, à une classe restreinte et privilégiée », selon le Petit Robert. J’emploierai également les termes d’élite, de microcosme ou de nomenklatura, le premier exprimant la prétention d’un groupe de personnes à conduire le pays, le second une société restreinte dans laquelle se déroulent les luttes d’influence du pouvoir central et la troisième regroupant les personnes qui bénéficient des avantages réservés à ceux qui gravitent autour du pouvoir. 

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Instantanéité, révérence et nombrilisme

3 Janvier 2009 Publié dans #ACTUALITÉ



Les journalistes ont deux réactions professionnelles qui ne leur permettent pas de saisir la complexité des choses. 

Tout d’abord, ils réagissent à court terme, jugeant l'événement instantané sans aucun recul historique. C'est ainsi que le bombardement israélien (400 morts et plus ce n'est pas rien) doit être situé dans le contexte d'une guerre de 60 ans. Un jour, ce conflit qui ne peut pas trouver de solution en lui-même sera dépassé par quelque chose d'autre et l’on n'en entendra plus parler, comme on n'a plus entendu parler des conflits balkaniques qui ont duré de 1820 à 1914 entre turcs et populations orthodoxes, puis ils ont resurgi 80 ans plus tard. Alors condamner les uns ou les autres, chercher des "solutions", c'est vain. 

Ensuite, ils sont naturellement du côté du manche, mais comme ils ne sont que des thuriféraires du pouvoir, ils ont besoin de le justifier moralement. D'où la pensée unique. Toute personne qui s'en écarte est doublement condamnée, parce qu'elle les met en cause personnellement et parce qu'elle menace les fondements du pouvoir. C'est ce que fait Dieudonné. Il n'est pas logique, il n'en a pas besoin, il se contente de taper où cela fait mal, le colonialisme, les juifs, le fondement résistant du pouvoir. Donc il doit être vomi, mais ils se rendent bien compte qu'en le faisant, ils le renforcent. Alors, ils guettent la faute impardonnable, ils essayent de l'isoler. C'est de bonne guerre, mais c'est inutile. Dieudonné se contente de montrer leurs contradictions, leurs hypocrisies, et comme tout cela ne risque pas de disparaître, il y aura toujours quelqu'un pour exploiter le filon.

La boucle est bouclée lorsque les journalistes trouvent finalement que le sujet le plus susceptible d'intéresser les spectateurs est naturellement leur vie personnelle à eux, les "médiatiseurs". Ainsi a t-on assisté, vendredi soir à une émission en "prime time" sur FR3 entièrement consacrée à Michel Drucker dont on a tracé l'hagiographie de son vivant, aux frais des téléspectateurs. Comment nous signifier plus clairement que nous, les "citoyens" ordinaires, n'avons qu'un rôle à jouer, celui de spectateurs, complété par celui de contributeurs?

Le grand défi qui nous est lancé, dans une société qui nous raconte des histoires à dormir debout, qui cherche à nous manipuler en faveur du pouvoir et qui nous écarte de la lumière des médias, c'est d'y trouver notre place en tant qu'acteur...

 

 

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IL DIVO ou la tragédie du pouvoir

2 Janvier 2009 Publié dans #ACTUALITÉ

Paolo Sorrentino propose un film qui raconte la vie politique de Giulio Andreotti, un des patrons de la Démocratie Chrétienne, sept fois Président du Conseil de la République Italienne. Au travers du film, on peut juger que Giulo Andreotti est un salaud, un corrompu, un comploteur, un cynique, un mafieux et j’en passe. On peut aussi penser qu’il est un bouc émissaire. Ceux qui méprisent la vie politique italienne, et c’est une des données du politiquement correct français, en conclueront que la démocratie italiennne est pourrie et que Giulo Andreotti en est son digne représentant. C’est une façon simple d’aller voir des films pour trouver des raisons de conforter ses idées recues.

  

Il me semble plus intéressant de voir en Andreotti un vrai politique, un homme de pouvoir qui l’assume pleinement, un manager public dans toute son épaisseur. Si je devais retenir une phrase parmi les nombreux aphorismes que propose Andreotti, ce serait approximativement celle-ci « il faut faire le mal pour le bien de tous ». Cela exprime l’essence de la tragédie du pouvoir. Celui qui l’exerce croit, il ne feint pas de le croire,  il le croit vraiment, au besoin il se persuade de le croire, qu’il fait le mal au nom du bien de la collectivité.

  

Il est vrai que le pouvoir suppose le mal et que quelqu’un doit l’assumer. Le vrai homme de pouvoir en prend la responsabilité. S’il ne la prenait pas cette responsabilité, il n’y aurait pas de pouvoir. C’est sa justification, mais aussi son drame intime qui l’isole de tous, et au bout de la route, le laisse seul, abandonné. Mais le drame collectif est ailleurs. Tout ce mal accompli au nom du bien, de quel bien s’agit-il ? n’est ce pas finalement du mal pour le mal ? Cela nous conduit au débat qui ne doit jamais être refermé sur les moyens que le pouvoir s’octroie pour faire ce qu’il appelle le « bien ». Pour moi, les moyens du pouvoir ne doivent jamais excéder ce que permet la morale ordinaire des hommes. 

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