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Le blog d'André Boyer

Encore un moment, monsieur le bourreau!

22 Septembre 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

 

 

Encore un moment, Monsieur le bourreau, un petit moment, prière adressée par Marie Jeanne Bécu, comtesse du Barry le 8 décembre 1793 avant d’être guillotinée. 

 

 

Avant-propos : cet article tient des propos optimistes, très optimistes !

 

Nous voulons croire que nous avons des dirigeants qui dirigent. Nous ne voulons pas voir que nos dirigeants sont de petites gens décidées à faire fortune par la politique, prêt à tout pour rester en place avec l’aide du mensonge, du refus d’assumer ses responsabilités et de la manipulation du système politique.

 

Du-Barry.jpegNaturellement nous sommes responsables de cet état de fait, en raison de notre vision du monde du « tout, tout de suite », à moins que nous voulions nous en exonérer en revendiquant le statut de victime des mirages de la société de consommation.

Quoi qu’il en soit, le moment est venu de solder les comptes et de prendre une autre direction, car, comme le déclarait Winston Churchill en se référant à la politique étrangère et militaire de la Grande-Bretagne en 1936[1], le temps des conséquences est arrivé. Ce temps est à l’évidence venu dans le domaine économique, et sautant de conséquences en conséquences, il menace d’atteindre le social, le politique et finalement notre vision du monde. Dans ces circonstances, nous avons  besoin de témoins qui nous disent la vérité et de décideurs qui en assument les conséquences.

Nous disposons des témoins et je pressens que les Français, comme tous les Européens, ont compris leurs messages. Ils ont compris que la situation économique actuelle n’était pas viable. Ils ont compris qu’un budget de l’État dont les dépenses sont financées au tiers par la dette était intenable. Ils ont compris que la Grèce ne rembourserait jamais sa dette publique et ils ont compris que leurs propres banques devraient être nationalisées et recapitalisées.

Quant aux hommes politiques, ils ne savent plus ni quoi dire, ni quoi faire. Ils vont répétant, comme des robots déconnectés de leurs télécommandes, que tout est sous contrôle. Mais dés qu’ils se sentent libre de parler, ils nous assènent comme des évidences des vérités opposées. Pour prendre deux exemples extraordinaires, on voit DSK et Christine Lagarde dirent le contraire, respectivement à propos de la  dette grecque et des banques françaises, de ce qu’ils affirmaient six mois plus tôt ! Mais peu importe désormais, car quoi qu’ils disent ou taisent, leur temps est tout simplement fini et ils le savent : autant mourir pavillon haut !

En effet, aujourd’hui nous n’avons plus besoin d’eux, sauf comme boucs émissaires de nos inavouables faiblesses. Ils servaient à nous raconter des histoires de réduction de temps de travail, de maintien des avantages acquis, de sécurité sociale généralisée, de retraite garantie, d’emplois crées du fait du prince. C’est fini. Nous avons désormais besoin de politiciens qui nous sauvent de la faillite, qui restaurent nos capacités de production, qui arrêtent notre chute vers l’enfer de la pauvreté et du désordre. Nous connaissons tous, que nous voulions l’avouer ou non, la contradiction que nous devons dénouer, collectivement et individuellement: tout simplement trop de consommation, pas assez de production. Les déficits du budget de l’Etat, de la Sécurité Sociale mais surtout celui du commerce extérieur, ne font qu’exprimer cette contradiction  centrale que les politiciens ne veulent en aucun cas aborder et qu’ils ne traitent qu’avec des ruses de sioux.

Or c’est non seulement une question qu’il faut aborder de front mais traiter en pratique d’urgence, sous peine de descendre plusieurs marches supplémentaires. C’est pourquoi il nous faut le plus rapidement possible d’autres leaders, des leaders qui savent mettre des mots sur la réalité nouvelle et qui trouvent la force de mettre en œuvre les moyens pour atteindre nos nouveaux objectifs, y compris celui de nous contraindre à nous y tenir. Vérité, Leadership, Valeurs, voilà ce que nous attendons de nos futurs dirigeants. Haro sur le mensonge compatissant pour nos faiblesses, la dispute permanente sur les moyens et les fins et l’apologie de la jouissance égoïste. À l’évidence, ce ne sont pas des gens anxieux de se servir de la politique pour profiter des facilités du pouvoir et pour s’enrichir qui sont adaptés à la situation.

En clair, ce ne sont pas des personnes qui sont à la recherche de valises de billets ou qui couvrent des mafieux parce qu’ils leur apportent des paquets de voix dans les congrès qui correspondent à nos besoins. Nous cherchons des gens sincères, désintéressés et  capables de nous mobiliser. Il nous reste à les trouver et à les hisser sur le pavois, en dépit de la foule des ambitieux qui veulent les faire tomber. Lourde tâche induite par les bouleversements des rapports de force et des valeurs qu’elle implique, mais de toutes manières le temps des facilités est terminé. 

Chacun l’a compris, en espérant toutefois faire partie le plus longtemps possible des derniers passagers clandestins de la société d’abondance. Il reste donc à ce que la prise de conscience du retour du primat de la production sur la consommation se généralise avant d’en tirer les conséquences. Période exaltante que celle qui est à venir pendant laquelle nous allons construire une nouvelle société à l’opposé, tout à fait à l’opposé, de la délicieuse et détestable société de consommation dont nous avons joui depuis trois générations.

 

Bienvenue à la société suivante, celle que vont devoir accoucher au forceps nos enfants nourris au sein du confort, de l’oisiveté et des artifices !




[1] Dans son discours du 12 novembre 1936, Winston Churchill déclarait à la Chambre des Communes : « Le temps de la procrastination, des demi-mesures, des expédients apaisants et étonnants, approche de sa fin. Nous entrons dans l’ère des conséquences ». 

 

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