Une constitution royaliste pour la France
4 Septembre 2011 Publié dans #HISTOIRE
Dans mon blog du 11 août dernier, j’ai décris comment l’Assemblée légiférait dans une ambiance agitée, avec pour objectif de détruire les fondations de la croyance au roi de droit divin et de faire disparaître les contre-pouvoirs susceptibles de s’opposer au règne de la raison, que l’Assemblée Constituante prétendait incarner.
Ce n’était pas pour plaire au roi et lorsque ce dernier tenta sans succès de quitter la France avec sa famille, il fit voler en éclats l’unité de façade de la Révolution.
Dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 juin 1791, Louis XVI parvint en effet à s’enfuir des Tuileries avec sa famille. Se considérant comme prisonnier des émeutiers des faubourgs parisiens depuis le 6 octobre 1789, date à laquelle il avait dû quitter Versailles, le roi s’était finalement décidé à rejoindre l’armée du marquis de Bouillé, concentrée à Montmédy et à Metz.
Les fais sont bien connus : parvenue à Sainte-Menehould, la berline royale avait pris du retard, si bien que le détachement de hussards envoyé par le marquis de Bouillé pour assurer sa protection n'était pas en selle. Les villageois laissaient partir la berline suspecte mais retenaient les hussards, tandis que le fils du maître de poste Drouet, mandaté par la municipalité, sautant sur un cheval, devançait la berline à l'étape suivante, Varennes en Argonne, où il alertait les habitants et le procureur de la commune, l'épicier Sauce, qui arrêtaient la voiture royale.
Le 23 juin au matin, la berline reprenait le chemin de Paris, rejointe par trois députés envoyés par l'Assemblée. Le 25 juin, le cortège entrait à Paris dans un silence funèbre. Le roi, reconduit au palais des Tuileries, était placé sous la «surveillance du peuple» et il était provisoirement suspendu de ses pouvoirs. Pour maintenir la souveraineté du roi sur un peuple qu’il avait essayé de fuir, l'Assemblée se résolut à qualifier la péripétie de Varennes « d'enlèvement ».
Il n’est pas étonnant dans ces circonstances qu’au Club des Cordeliers, Danton et Marat aient lancé une pétition pour la déchéance du roi, pétition déposée au Champ de Mars accompagnée par les habituels manifestants des faubourgs.
L'assemblée réagissait en proclamant la loi martiale et la garde nationale sous les ordres de La Fayette, faisait feu sur les pétitionnaires, provoquant des dizaines de morts. Danton et Marat s'enfuyaient provisoirement en Angleterre pour en revenir sans encombre, apprenant ainsi que l’on pouvait être émeutier sans en mourir.
Mais au Club des Jacobins, la majorité des députés, y compris Robespierre, souhaitaient maintenir la monarchie par stratégie, afin d’éviter que la déchéance de Louis XVI n'entraîna la France dans une guerre contre les autres monarchies européennes, dans laquelle la Révolution aurait pu se perdre. Une partie d’entre eux, qui, comme La Fayette, souhaitaient que les pouvoirs du roi soient accrus dans la future Constitution de manière à restaurer un minimum de confiance entre le roi et la Révolution, se séparaient du Club des Jacobins pour former le Club des Feuillants.
Finalement, l’Assemblée parvenait à produire le 3 septembre 1791, une Constitution pour le Royaume, à laquelle le roi voulut bien prêter serment.