Les "solutions" de la BCE en 2013
11 Janvier 2013 Publié dans #ACTUALITÉ
Cette année, les conséquences des politiques ultra-expansionnistes des banques centrales, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, pourraient bien devenir un sujet majeur de préoccupation économique.
En 2013, grâce à l’action de la BCE, la zone euro tiendra toujours, mais elle ne connaîtra pas la croissance.
En 2012, la BCE a été forcée d’intervenir sous la pression des marchés, lorsque Mario Draghi s’est résolu à faire savoir que la BCE était disposée à acheter de manière systématique et illimitée la dette publique des Etats européens en difficulté. Elle est donc devenue crédible. Pour faire cette annonce, la BCE a outrepassé son mandat, contrainte qu’elle était par le blocage des courroies de transmission de sa politique monétaire.
Cela lui a permis de mutualiser les dettes publiques, mais sans que la BCE puisse pour autant rétablir le fonctionnement du crédit privé puisque, hormis les banques allemandes, les autres banques de la zone euro doivent toujours se financer auprès de la BCE. En effet, depuis l’été Les banques espagnoles et italiennes doivent se refinancer auprès de la BCE pour respectivement 340 et 270 milliards d’euros tandis que les banques françaises ont un besoin croissant de liquidités. Alors que ces dernières avaient prévu, début 2012, d’emprunter 50 milliards d’euros à la BCE, elles en sont aujourd’hui à presque 100 milliards pour l’année.
Quant à la Grèce, si elle n’a pas quitté la zone Euro, c’est uniquement parce que les créanciers publics ont annulé une partie de sa dette et ont largement transféré le reste des créances privées vers le secteur public. Les chiffres sont les suivants : les créanciers privés ont abandonné 107 milliards d’euros, tandis que la BCE achetait 45 milliards de dettes et que l’UE et le FMI prêtaient ensemble 130 milliards d’euros à Athènes. La Grèce bénéficie ainsi d’un moratoire sur les taux d’intérêt et sur les dates de remboursement, mais ses problèmes d’équilibre budgétaires ne sont toujours pas réglés, sans mentionner la faiblesse de son activité économique, le chômage, la contestation sociale, la déprime collective…
Il reste qu’un choix politique clair a enfin été effectué au niveau de l’UE, qui a consisté à transférer les dettes sur les comptes publics plutôt que de prendre le risque de commencer à détricoter non pas la zone euro, mais l’UE elle-même. Il existe désormais une volonté politique de maintenir la zone euro telle qu’elle est aujourd’hui. En sauvant la zone euro, on a transféré les tensions à l’intérieur des Etats membres. Que ce soit la Catalogne en Espagne, la Lombardie en Italie ou l’Ecosse en Grande-Bretagne, les tensions s’accroissent d’autant plus que les dirigeants politiques ont attendu deux années pour baisser les taux d’intérêt et pour se décider à agir en tant que prêteur de dernier recours, ce qui a fortement augmenté les coûts de la crise.
Du coup, les perspectives de croissance sont très mauvaises au sein de la zone euro. Cette dernière est confrontée à des problèmes de compétitivité importants. La compétitivité financière des Etats tout d’abord. La BCE a bien maîtrisé le niveau des intérêts que payaient certains Etats, mais il faut désormais s’attaquer à leurs budgets de fonctionnement.
La compétitivité des entreprises européennes ensuite :
- D’un côté, l’Europe accuse un retard de dix ans sur les Etats-Unis quant au coût de l’énergie. Si les entreprises européennes payaient le gaz au même prix que leurs concurrentes américaines, la zone euro économiserait chaque année 1% de son produit intérieur brut.
- D’un autre côté, la question du coût du travail risque de déstabiliser l’UE. Car, sachant qu’il est aujourd’hui beaucoup moins cher de produire en Espagne, en Pologne, en Roumanie qu’en Allemagne ou en France, sans même mentionner les pays plus petits comme la Bulgarie, les capitaux comme les emplois devraient se déplacer vers les zones de l’UE les plus compétitives, ce qui va devenir une question majeure pour l’intégration de la zone euro. Ces déséquilibres sont de nature à remettre en cause le modèle économique et social européen, que l’on essaie toujours de réparer alors qu’il arrive probablement et malheureusement à son terme.
Au total, l’Europe comme les Etats-Unis ont vécu à crédit pendant vingt ans et vivent aujourd’hui grâce à la liquidité fournie par les banques centrales, si bien que ces deux zones économiques restent toujours sous perfusion.
Pendant ce temps, un géant endormi se décide à bouger, et il est en train de le faire de manière spectaculaire, le Japon…
(Texte écrit d’après les réflexions de différents analystes économiques et financiers).