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Le blog d'André Boyer

Du marmonnement à la mutinerie

17 Mai 2013 Publié dans #ACTUALITÉ

Le début est extraordinairement positif, en général. Vous trouvez à la naissance, sans savoir pourquoi, une famille qui s’occupe de vous. Un peu plus tard, vous rencontrez d’autres enfants et un maître ou une maîtresse qui vous contraignent, après vos parents, à obéir à des règles auxquelles il faut bien vous conformer.

mutinerie-copie-2.jpgUn jour, vous vous posez la question de la validité de ces règles. On vous explique que vous faites partie d’un pays qui les respecte et qu’elles ne sont pas discutables. D’ailleurs vous avez de la chance, car le pays auquel vous appartenez est un modèle pour l’humanité, car c’est lui qui a inventé, grâce à sa fameuse Révolution, les meilleures règles de vie en société du monde que tous les autres pays cherchent à imiter. De plus, rien ne vous empêche de discuter ces règles verbalement, c’est dire si ceux qui les ont faites comme ceux qui sont chargés de les appliquer, sont contents d’eux.

Il reste qu’il peut arriver, à un moment ou un autre de votre vie où vous n’êtes pas trop satisfait de votre sort, que vous mettiez en question la légitimité de continuer à adhérer ou à accepter passivement le système que l’on vous impose depuis votre naissance, du fait de votre « appartenance » à la nation française. Est-ce que ses règles « républicaines » sont vraiment acceptables ? Est-ce que cette République vous permet de vous faire entendre, vous comme les soixante-cinq autres millions d’habitants ?

Eh bien, non.

Le plus curieux, c’est que vous ne l’aviez jamais réalisé avant, tant les lois de la République vous semblaient aller de soi. Mais de fait, on ne vous demande jamais votre avis sur quoi que ce soit, excepté de mettre un bulletin dans une urne, une fois tous les cinq ans, pour désigner le président de la République et accessoirement le député qui va avec. Ce dernier est censé vous représenter, mais l’élection du député succédant immédiatement à celle du Président, vous êtes sommé, par souci de cohérence de confirmer votre vote aux législatives : du coup votre député, asservi au Président, est privé de l’autonomie nécessaire pour vous représenter. Et vous n’avez guère le choix qu’entre deux bulletins et rien d’autre à faire ensuite qu’à vous soumettre jusqu’à ce que l’on vous demande, cinq ans plus tard, de mettre un autre bulletin dans une urne, avec comme seul choix de confirmer ou d’inverser votre vote précèdent. Et c’est tout.

Il faut reconnaître qu’au total, on ne vous demande pas trop d’efforts. En fait, on ne vous demande quasiment rien, sauf d’obéir.

Drôle de système, que l’on nomme obstinément « démocratie » qui est censé définir un régime politique dans lequel le peuple est souverain. Souverain ? Mais jamais personne ne vous demande votre avis, sauf dans de très rares referenda qui ne sont organisés qu’avec d’infinies précautions par ces gens qui vous rappellent qu’ils sont vos élus, afin d’éviter que les électeurs, exaspérés, ne répondent automatiquement non. Pourtant, si on vous le demandait, votre avis, vous le donneriez volontiers, même plusieurs fois par an.

Puisqu’on ne vous le demande jamais et puisque vous n’avez pas le droit non plus de suggérer le moindre changement, que devez vous faire ? vous taire ? protester ? voter ou ne pas voter ? de toutes façons, quel que soit votre choix, qu’est ce que cela changerait ?

Mais si vous ne pouvez rien changer, en quoi est-ce toujours votre système ? Pénible constat. Il vous reste le choix de vous résigner à ne jamais être entendu, ou de ne pas vous résigner. Dans ce dernier cas, en dehors de solutions extrêmes,  vous n’avez plus qu’à ruminer une colère rentrée ou à finir par abdiquer.

Au sein d’une nation, cette séparation entre ceux qui gouvernent pour leur compte et ceux qui doivent s’y résoudre est un système instable lorsque le niveau de mécontentement s’accroît au sein d’individus muselés: alors le nombre de ceux qui quittent le navire et celui de ceux qui ruminent leur ressentiment s’accroît, tandis que ceux qui avaient fini par se résigner relèvent la tête, prêts à suivre l’étendard de la révolte.

 

En dressant l’oreille, il me semble bien que nous n’en sommes pas loin.

 

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