TOUT SAUF LA THÈSE
7 Décembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
Avec les Etats-Unis, j’avais déjà modifié ma vision de l’université française. Mon goût pour les voyages commençait d’ailleurs à être remarqué, parfois négativement. Mais ces déplacements me permettaient de compléter cette représentation à l’occasion de congrès et de réunions scientifiques. Ce fut le cas en Suède, où, derrière l’image enchantée des paysages enneigés du début de l’hiver, je percevais la conception suédoise du management, faite de simplicité et de rigueur pour ne pas écrire de dureté.
Puis le Liban m’offrit l’occasion d’une véritable aventure, humaine et esthétique dans cette région si sensible aux tensions entre les communautés. C’était en mai 1975, au moment même où s’amorçait la guerre civile qui allait durer quinze années, faisant deux cent mille victimes. Au moment où s’y déroula notre Congrès des Économistes de Langue Française, le vieux Beyrouth existait encore. Les bombes ne l’avaient pas encore écrasé et les promoteurs n’avaient pas encore reconstruit le Beyrouth un peu froid qui se dresse aujourd’hui. Déjà le claquement sec des mitrailleuses troublait lourdement nos sorties au célèbre Holiday Inn.
Les bruits de bottes n’ont toutefois pas empêché notre congrès de se dérouler à l’Université Saint-Joseph, dirigée par le célèbre Père Ducruet. Je me souviens d’y avoir rencontré de jeunes enseignants libanais dont le champ d’analyse embrassait le monde entier, d’avoir admiré les merveilles de Byblos au nord de Beyrouth et de Baalbek dans la vallée de la Bekaa. Le congrès s’est ensuite projeté à Damas où nous avons découvert des souvenirs architecturaux de la colonisation française. La ville étalait alors les merveilles de son souk et de sa mosquée et offrait son artisanat arménien.
Cette mosquée évoque pour moi un souvenir personnel, puisqu’un de mes collègues présent à Damas m’a proposé d’acheter l’appartement de son frère à Nice, ce qui a effectivement eu lieu quelque temps plus tard…
Nous nous sommes ensuite enfoncé dans le cœur de la Syrie, dont j’imagine avec tristesse ce qu’il a dû devenir aujourd’hui, pour atteindre Palmyre et ses merveilles antiques dorées par le soleil levant avant de continuer au nord du Liban, pour visiter le monumental Krak des Chevaliers avec son immense écurie.
En sillonnant la Syrie, nous n’avons toutefois pas échappé aux menaces militaires, croisant dans le désert une brigade de blindés et rencontrant des camions lourdement chargés de militaires à Homs. Mais personne n’aurait pu alors imaginer que la Syrie serait quatre décennies plus tard transformée en cimetière et en champ de ruines. Une des leçons, que nous pouvons en tirer rétrospectivement, est que le monde policé dont nous jouissons et qui nous semble éternel, peut disparaître dans les flammes générées par la violence absurde qui secoue périodiquement la race humaine.
Au printemps 1975, à la demande de Jean Touscoz, Président de l’Université de Nice, auquel j’avais remis le projet en juin 1974, je lançais une session expérimentale de l’Université du Troisième Age, U3 (voir mes blogs sur le sujet).
Et ma thèse dans tout cela (bis repetita placent)?
À SUIVRE…