LA RÉPUBLIQUE DIRIGÉE PAR UN EMPEREUR
23 Mai 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Bien décidé à s’installer comme un roi en République, Bonaparte installe une cour aux Tuileries, assiste à la messe tous les dimanches dans sa chapelle et voyage en province.
Le 27 mars 1804, le Sénat finit par optempérer en invitant Bonaparte à « rendre son ouvrage immortel comme sa gloire », ce qui se traduit le 18 mai 1804 par une nouvelle Constitution de la République, dite de l’an XII, approuvée » par 3521675 « oui » contre 2579 « non » le 2 août 1804.
Les deux premiers articles de cette constitution disent l’essentiel :
Article premier : Le gouvernement de la République est confié à un empereur, qui prend le titre d'Empereur des Français.
Article II : Napoléon Bonaparte, premier consul actuel de la République, est empereur des Français.
La république n’est pas abrogée, elle a simplement un empereur à sa tête ! Quant à la constitution, elle est déjà la sixième de la Première République, parmi les seize constitutions que compte la France depuis la première constitution de 1791.
Le 2 décembre 1804, Napoléon se couronne lui-même empereur, prêtant un serment par lequel il s’engage à maintenir l’égalité civile, la liberté politique et… les ventes de biens nationaux. Louis XVIII réplique deux jours plus tard en s’engageant, lorsqu’il retrouvera son trône, à respecter la liberté, l’égalité et toutes les propriétés, y compris nationales. Le droit de propriété est alors au centre des débats…
La fin du régime est désormais programmée, au terme d’une folle course en avant.
Le régime a neuf ans et demi à vivre. Si ce n’était le génie militaire de Napoléon et la difficulté organique de coordonner les actions d’une coalition militaire périphérique, son régime aurait duré beaucoup moins longtemps.
On peut classiquement regarder l’action de Napoléon comme une épopée, écourtée par des erreurs stratégiques telles que l’occupation de l’Espagne et l’invasion de la Russie.
On peut également la comprendre, d’un point de vue plus réaliste à mon sens, comme l’agonie programmée d’un système politique qui ne se survit onze années qu’à coups d’exploits militaires, avec des conséquences tragiques pour la France et l’Europe. Car, on le sait, Napoléon pilote non seulement l’Empire mais toute une série d’États satellites, avec sur les bras le conflit avec le Royaume-Uni qui s’est rouvert, comme on le sait, depuis le mois de mai 1803.
Bonaparte a en effet été élu à la tête de la République italienne, nommé médiateur de la Confédération helvétique, choisi comme suzerain de la République batave, et reste l’inspirateur des décisions de la Diète germanique. Il a signé des traités de commerce avec Naples, l’Espagne, la Russie, le Portugal et la Turquie. Il est également actif dans le domaine colonial, notamment à Saint-Domingue.
La mécanique est désormais en marche qui réduira à néant, année après année, les efforts surhumains de Napoléon et de ses soldats pour conserver l’Empire, trop grand, trop hétérogène, trop autocratique.