Le douloureux siège de Sébastopol
10 Août 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Devant la menace de la redoutable coalition qu’elle doit affronter, la Russie retire ses forces de Bulgarie et des principautés roumaines tout en continuant à refuser les propositions de paix faites le 8 août 1854 par la France, l'Angleterre, l'Autriche et la Prusse à Vienne.
Heureusement pour la Russie, l’Autriche se retire rapidement de la coalition parce qu’elle est lâchée par la Prusse qui fait rejeter sa proposition de mobilisation de la Confédération germanique contre la Russie.
Les alliés anglo-français se trouvent dés lors dans l’obligation d’assigner un objectif à leurs troupes concentrées à Varna. Il est tout trouvé pour les Anglais, désireux d’anéantir la puissance navale de la Russie dans la mer Noire : ils imposent celui de la destruction de l'arsenal de Sébastopol. Il est curieux que ce même Sébastopol, principale base navale russe, soit aujourd’hui encore contesté à la Russie par les diplomaties américaines et de l’UE, dans leur querelle au sujet de l’Ukraine.
Le 14 septembre 1854, 120 navires débarquent les 30000 Français, les 21500 Anglais et les 6000 Turcs qui forment les premières troupes du corps expéditionnaire à 50 Km au nord de Sébastopol. L'opération se déroule sans opposition car les Russes, croyant à une attaque sur Odessa, ne disposaient que de 51 000 hommes en Crimée.
Pour atteindre Sébastopol depuis leur point de débarquement, les assaillants devaient franchir la rivière Alma solidement tenue par les 37.000 hommes du maréchal Menchikov, retranchés sur les hauteurs.
Le 20 septembre au matin, les deux armées se font face.
Les Anglais, qui n'ont plus combattu depuis la bataille de Waterloo en 1815, s'avancent lentement au pas et subissent de lourdes pertes, tandis que les Zouaves des unités de l'Armée d'Afrique, plus aguerris, emportent la décision. D’où le nom donné au célèbre pont de l'Alma à Paris et sa statue de zouave, étalon des crues de la Seine.
Menchikov ordonne alors la retraite vers Sébastopol et ses puissantes fortifications, tandis que la flotte russe saborde une de ses escadres pour bloquer l'entrée de la rade et que les marins, leur artillerie et leurs réserves de munition et de vivres sont mis à terre pour défendre l’arsenal. Menchikov dispose de 38.000 hommes au début du mois d'octobre 1854, tandis que les assiégeants rassemblent plus de 100.000 hommes, ce qui se révéla malgré tout insuffisant pour investir complètement la place.
Le 17 octobre, les défenses russes renforcées par des travaux dirigés par l'excellent colonel du génie Franz Todleben sont testées en vain par les alliés et une semaine plus tard les Russes contrattaquent pour briser le siège. L'aile droite russe bouscule les Turcs mais vient buter sur la farouche résistance du 93rd Highlanders. Les Russes récidivent le 5 novembre en attaquant à nouveau sans succès le secteur britannique.
Les mois suivant, les assiégés subissent les rigueurs de l'hiver aggravées par les insuffisances du ravitaillement. Les effectifs français atteignent alors 90000 hommes et ceux des Turcs environ 50000, tandis que les Anglais n’ont plus que 11000 hommes valides. En face, la garnison russe compte désormais plus de 100.000 hommes qui procèdent les 22 février et 22 mars 1855 à deux violentes sorties.
Avec l'arrivée des beaux jours et le renfort de légions suisses, allemandes, polonaises et sardes, les assiégeants reprennent l'initiative avec plus de 140 000 combattants. Du 8 au 18 avril, la garnison russe subit de lourdes pertes sous le feu des canons alliés, tandis que les généraux français et anglais, Canrobert et lord Raglan, se disputent, ce qui entraine la démission de Canrobert remplacé par le général Pélissier.
Le 17 juin 1855, les alliés procèdent à une attaque de grande ampleur sur Sébastopol qui échoue encore, tandis que le général Menchikov est remplacé par le prince Gorchakov qui tente aussitôt, mais toujours sans succès, de briser l'encerclement allié.