LA PROTECTION DE LA SOCIÈTÉ FRANÇAISE AU COEUR DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
13 Avril 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Pour figer les règles du commerce et de l’investissement en leur faveur, les entreprises internationales ont obtenu la mise en place d’un système financier international adéquat et de toute une série d’accords de commerce internationaux.
Ainsi, le GATT et l’OMC, les accords régionaux comme l’Union Européenne et l’Euro, les accords programmés portant sur le commerce transatlantique ou transpacifique, facilitent le commerce tout en contribuant à affaiblir les pays industrialisés, car les dirigeants des entreprises internationales estiment qu’il s’agit d’un processus aussi irréversible que l’était la colonisation entre le XVe et le XXe siècle.
Ces grandes entreprises ont naturellement comme alliés les nouvelles nations mondialisées, qui veulent poursuivre à marche forcée une mondialisation qui leur donne toujours plus de force et qui est découverte avec délice par la partie la plus entreprenante de leurs populations.
Or, la logique de la mondialisation veut que progressivement les revenus des acteurs se regroupent en deux catégories, les riches et les pauvres, peu importe les régions, ce qui implique que les pauvres des nouvelles nations mondialisées s’enrichissent relativement, tandis que la grande majorité des habitants des anciennes nations industrialisées s’appauvrissent. En d’autres termes, il s’agit de supprimer les privilèges des pauvres des pays riches, ces derniers devant s’aligner progressivement sur le standard mondial.
Tout a été fait, par des traités qui limitent leur autonomie, pour que les populations de ces pays traditionnellement démocratiques soient privées du droit de décider de leur destin particulier, ce qui s’inscrirait forcément en contradiction avec le dessein de la mondialisation.
La notion de démocratie au niveau national est considérée comme désormais dépassée, comme on l’a vu en Grèce, tandis que celle de démocratie au niveau mondial serait encore prématurée. Dans cette faille démocratique, les acteurs de la mondialisation comptent poursuivre leur œuvre, qu’ils estiment inéluctable.
Cependant, du fait de processus démocratiques considérés par les mondialistes comme désuets, les populations de Grande-Bretagne et des Etats-Unis ont récemment exprimé leur désaccord avec les processus de la mondialisation, encore qu’il soit trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un changement de cap ou d’un ralentissement provisoire de ces derniers. Il reste que ces votes constituent les premières grandes réactions collectives aux menaces que fait peser la mondialisation sur les sociétés des pays anciennement industrialisés, qui sont touchés soit par le chômage comme en France, soit par la baisse de leur niveau de vie comme aux Etats-Unis.
De plus, des contradictions entre régions apparaissent, comme celle que suscite la circulaire sur les travailleurs détachés entre la partie ouest et la partie est de l’Europe, ou comme l’inquiétude provoquée par l’excèdent commercial considérable de l’Allemagne dans le cadre de la zone euro. On observe également des résistances çà et là, au nom de la défense contre la concurrence « déloyale » ou du respect des normes sanitaires. L’arrivée de migrants est applaudie par les entreprises qui recherchent des travailleurs peu couteux dans une Allemagne en déshérence, mais suscite la résistance des pays de l’Europe de l’Est qui y voient une concurrence à leurs propres travailleurs.
On peut raisonnablement estimer que cette résistance émergente n’est pas prés de s’éteindre, puisqu’elle provient d’un rééquilibrage économique mondial qui s’effectue au détriment des populations d’Europe et d’Amérique du Nord. La question est de savoir si le processus de mondialisation en sera ralenti, voire stoppé. Mais on ne peut aujourd’hui que formuler des hypothèses et élaborer des scénarios.
D’autant plus, qu’au delà des dix ou vingt prochaines années, la conjonction des facteurs démographiques et écologiques devrait devenir logiquement le facteur essentiel des enjeux de l’humanité toute entière, modifiant les objectifs de l’humanité et les rapports de force régionaux.
Pour les premiers, l’objectif de la mondialisation risque de devenir progressivement obsolète, voire nuisible en raison de son impact négatif sur l’environnement. Pour les seconds, il suffit de considérer le cas de l’Europe, qui a vocation à devenir le réceptacle naturel des populations excédentaires d’Afrique, par proximité géographique et culturelle, encore que ni les modalités, ni l’amplitude du phénomène ne puissent encore être appréhendés.
La campagne pour l’élection présidentielle française se déroule dans le cadre de cette problématique mondiale, offrant traditionnellement aux Français l’opportunité de s’interroger tous les cinq ans sur leur avenir.
Chacun a pu constater que la France s’est trouvée contrainte de s’adapter à la mondialisation au prix de la réduction de sa production industrielle et agricole. Beaucoup doutent de la capacité des responsables politiques à modifier la pente négative sur laquelle la France est installée, mais peu sont prêts à se résigner à l’impuissance collective. Tous, en tout cas, sont à la recherche de solutions réalistes qui leur permettent de se protéger collectivement d’une évolution fâcheuse qui pèserait sur leurs emplois, leurs salaires, leur protection sociale et leurs retraites.
Si bien que la question de la protection de la société française au sein de la mondialisation m’apparaît centrale dans le débat présidentiel et qu’elle en déterminera le résultat.
FIN