LA BIOÉTHIQUE S'IMPOSE
14 Décembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE
La préoccupation centrale de la bioéthique réside dans la survie de l’espèce humaine et la qualité de la vie des générations futures.
C’est pourquoi elle s’adresse avant tout à ceux qui peuvent, par l’éducation et la réglementation, expliquer et faire appliquer les mesures recommandée par la bioéthique, qui s’est construite à partir du procès de Nuremberg dont est issu le code dit de Nuremberg (1947).
En dix articles, ce code définit les critères d’acceptabilité d’une expérience médicale, dont le consentement du sujet. Or, dans les années 1960-1970, se multiplient les révélations sur les expériences et les pratiques biomédicales non éthiques, telles que l’affaire de la thalidomide qui entraine des malformations congénitales ou celle de Tuskegee où eurent lieu des expérimentations sur des Noirs américains, effectuées sans consentement.
En 1975, Karen Ann Quinlan, plongée dans un état végétatif irréversible, suscite un débat éthique et juridique autour de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie et en 1978, la naissance en Angleterre de Louise Brown, le premier « bébé éprouvette », amorce le débat autour de la fécondation in vitro. Toutes ces controverses conduisent au rapport américain Belmont (1979) qui énonce trois principes de la bioéthique assez triviaux mais difficiles à interpréter et donc à appliquer, l'autonomie, la bienfaisance et la justice distributive.
De son côté, le monde académique va établir des centres de recherches sur l’éthique. Les plus connus sont le Hastings Center (1969) et le Kennedy Institute of Ethics (1971) qui comprend un centre de bioéthique. Puis, à partir des années 1980 débute la diffusion de la bioéthique en Europe : en 1983, la France crée le premier comité national permanent qu’est le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), qui organise les États généraux de la bioéthique, préalables à une révision régulière de la législation. Puis en 1985, le Conseil de l’Europe crée le Cahbi (Comité ad hoc d’experts pour la bioéthique) qui est remplacé par le CDBI (Comité directeur pour la bioéthique) dont la mission est d’étudier les problèmes posés par les développements biomédicaux dans les domaines du droit et de l’éthique à la lumière des droits de l’homme. En 1997, le CDBI adopte la Convention européenne de bioéthique, tandis que la Commission européenne crée le Groupe européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies (GEE).
Lorsque, en 2005, l’Assemblée générale de l’UNESCO adopte la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme, une large majorité de pays disposent d’un comité national de bioéthique ou d’une institution équivalente et les comités d’éthique de la recherche et d’éthique clinique se sont multipliés dans les universités et dans les hôpitaux. En outre, depuis la fin des années 1980, se sont multipliés les revues, les congrès, les instituts universitaires et les projets de recherche consacrés à la bioéthique.
Désormais, la bioéthique est devenue un paradigme pour l’approche des questions posées à l’individu et à la société par l’avancement incessant de toutes les techno-sciences, ce qui se traduit par l'apparition de comités d’éthique, dont la légitimité dépend de la méthode qu'ils utilisent pour formuler des avis.
Un comité d’éthique doit être pluridisciplinaire, pluraliste et indépendant du pouvoir politique qui l'a institué, dans ses délibérations et ses conclusions. Son fonctionnement interne doit permettre l’expression et la discussion argumentée des voix divergentes. Il implique le consensus et non le vote à la majorité, avec, le cas échéant, l’expression des désaccords et des arguments.
En effet, s’agissant de questions touchant aux grandes interrogations de la vie humaine telles que la naissance, la mort, l’identité, la sexualité, la conscience, la liberté, l’avenir, il n’est pas surprenant que des désaccords persistent et que le consensus ne soit que pragmatique...
À SUIVRE