Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

ARCELOR MITTAL, L'OTAGE DES FINANCIERS

13 Mars 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LAKSHMI  MITTAL

LAKSHMI MITTAL

En 2006, c’est au tour du numéro 1 européen de l’acier, Arcelor (ex Usinor) d’être racheté par le géant indien Mittal, après six mois de surenchères boursières qui plombèrent définitivement le groupe tout entier.  

 

Arcelor était un groupe sidérurgique européen ayant son siège social au Luxembourg. Il était né de la fusion, le 18 février 2002, de trois sidérurgistes européens, Aceralia (Espagne), Arbed (Luxembourg) et Usinor (France). La volonté des trois groupes européens était de mobiliser leurs synergies autour d'un projet commun pour créer un leader mondial dans l'industrie de l'acier. 

Un an plus tard avait déjà lieu un plan de restructuration, alors que le marché de l’acier subissait une profonde dépression. Cependant Arcelor restait rentable, mais le cours de ses actions, jugée trop cyclique,s'effondrait. Puis, à la surprise de tous, industriels et financiers, alors qu'il craignait des pertes en 2003, le groupe réalisait 14,5 milliards d'euros de bénéfice d'exploitation au cours des trois annéessuivantes, son chiffre d'affaires ayant fortement progressé, en partie grâce à la reprise des prix de l'acier. 

Arcelor dépassait alors les15 milliards d'excédent brut d'exploitation. Le groupe était le premier producteur mondial d'acier avec 42,8 millions de tonnes et 4,5 % du marché mondial. Il employait 98000 personnes dans 60 pays, dont 30000 en France. 

À nouveau à la surprise générale, le 28 janvier 2006, Mittal Steel Company annonçait une offre publique d'achat hostile sur Arcelor, qu’il se proposait d’acheter pour 18,6 milliards d'euros. Arcelor se défendit d’autant plus vigoureusement contre cette offre que Mittal se proposait de ne payer que le quart de cette somme en espèces, alors que les fonds propres d’Arcelor s’élevaient à 17,6 milliards d'euros et que les capitalisations boursières des deux groupes étaient quasiment identiques. S’il en avait eu la volonté, Arcelor aurait pu faire une offre identique pour racheter Mittal, d’autant plus qu’il avait un net avantage de trésorerie sur ce dernier. 

Aussi, le 26 mai 2006, dans le but de contrer l'OPA hostile de Mittal, Arcelor annonçait une fusion avec l'entreprise russe Severstal, ce qui devait renforcer encore sa stature de numéro un mondial de l'acier, mais un mois plus tard, en raison du mauvais accueil réservé à l'alliance avec Severstal, Arcelor capitulait et se résolvait à négocier l'OPA hostile de Mittal, qui acceptait de porter son offre à 26,9 milliards d'euros. La transaction était acceptée par le conseil d'administration d'Arcelor et entérinée par les actionnaires, ce qui donnait naissance au groupe ArcelorMittal.

Le groupe conservait son siège social au Luxembourg et il emploie toujours prés de 80000 salariés en Europe. Mais cet achat a été une victoire à la Pyrrhus pour le nouveau groupe. 

En effet, pour acheter ses concurrents, Lakshmi Mittal, l’Indien PDG d’ArcelorMittal a dû emprunter des sommes considérables, pour lesquelles il verse un taux d’intérêt colossal, de prés de 9% par an. 

De fait, sa dette est notée en catégorie spéculative par Standard & Poor's et par Moody's, car  les financiers arguent que le risque de faillite est considérable et ils en profitent grassement depuis 13 ans, s’abritant derrière l’orthodoxie financière qui considère que la production d’acier est une industrie très cyclique et qu’un producteur d’acier doit se contenter d'un endettement faible, voire négatif, pour limiter l'effet de levier. 

Or Mittal a fait exactement le contraire, il s’est fortement endetté pour acheter Arcelor et maintenant il ne reste plus à ArcelorMittal qu’à désinvestir pour faire baisser le niveau de son endettement. C’est ce qu’il fait en vendant des participations, en écoulant une partie de ses stocks et surtout en arrêtant progressivement laproduction de plusieurs sites, comme le haut-fourneau de Gandrange ou celui de Florange. 

ArcelorMittal bénéficie aussi, en fermant ses sites, du système des droits à polluer qu’il revend au fur et à mesure où il ferme des usines. Ces droits sont notamment achetés par les centrales électriques à charbon allemandes, grosses consommatrices de quotas de CO2, qui en profite pour acheter du charbon américain, déclassé par le boom du gaz de schiste. Le comble !

 

L’offre stupide de rachat d’Arcelor par Mittal, péché d’orgueil de Lakshmi Mittal, a surtout profité aux banquiers et accessoirement aux centrales à charbon allemandes. La France y a perdu une bonne partie de ses aciéries, leurs employés et leurs bénéfices. Faudra t-il attendre que Mittal s’effondre sous le poids de ses dettes et de son orgueil mêlés, pour arrêter le gâchis ? 

 

À SUIVRE

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 > >>