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Le blog d'André Boyer

LE DÉTESTABLE TRAITÉ DE PARIS

22 Février 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA BATAILLE DITE  "DE QUIBERON" OU "DES CARDINAUX", LE 20 NOVEMBRE 1759

LA BATAILLE DITE "DE QUIBERON" OU "DES CARDINAUX", LE 20 NOVEMBRE 1759

Aussi détestable soit-il, et il l’est, car il est l’un des plus catastrophique traité que la France ait jamais signé, le Traité de Paris semble inévitable en 1763 en raison des échecs considérables que la France a subi en Europe et dans le monde au cours de la Guerre de Sept Ans. Ce traité aurait pu être corrigé, sinon effacé, vingt ans plus tard. Or, il ne l’a pas été. 

 

La guerre de Sept Ans (1756-1763)  est le premier conflit d’envergure mondiale, puisqu’il se déroule simultanément en Europe, en Amérique du Nord et en Inde. Ce conflit a fait un million de morts, dont sept cent mille civils. Il a opposé  principalement le royaume de France et l'archiduché d'Autriche d’un côté, au royaume de Grande-Bretagne et au royaume de Prusse de l’autre côté, avec leurs alliés respectifs, l’Empire russe, le Royaume de Suède et l’Espagne aux côtés de l’Autriche et de la France et le Royaume du Portugal aux côtés de la Grande Bretagne. 

D’un point de vue économique, le bilan est catastrophique pour tous les pays, principalement pour la France et la Grande-Bretagne, tandis que du point de vue stratégique, si la Prusse a connu un demi-succès et l’Autriche un échec relatif, la France sort extrêmement affaiblie du conflit alors que l’Empire britannique triomphe, puisqu’il a réussit au cours de cette guerre à faire presque entièrement disparaître l’empire colonial français.  

Le premier ministre anglais William Pitt avait en effet déclaré devant la Chambre des Communes en 1756 : «  Toute notre politique étrangère consiste à empêcher la France de devenir une puissance maritime, commerciale et coloniale ». Il y a brillamment et durablement réussi. 

Quelles ont été les pertes de la France actées par le Traité de Paris du 10 février 1763 entre la Grande-Bretagne, la France et l’Espagne ? 

La France, après avoir cédé l’Acadie à l’Angleterre par le traité d’Utrecht de 1713, ce qui a fragilisé  la sécurité de la Nouvelle-France, la France abandonne à l'Angleterre tous ses territoires au Canada, y compris les îles du Cap-Breton et de Saint Jean ainsi que la partie orientale de la Louisiane avec pour frontière la rive gauche du Mississipi. Elle doit aussi « confier » à l’Espagne la Louisiane occidentale, c’est à dire la rive droite du Mississipi. Dans les Antilles, elle cède aux Anglais la Dominique, la Grenade et Saint Vincent et Tobago. 

En Afrique, elle cède la ville de Saint-Louis et avec elle le Sénégal aux Anglais. En Inde,  les Anglais triomphent totalement alors que la France y avait une position prépondérante sept ans auparavant, ne laissant aux Français, avec interdiction de les fortifier,  que les cinq comptoirs de Pondichéry, Chandernagor, Mahé, Karikal et Yanaon. En Europe même, la France rend l’île de Minorque pour récupérer Belle-Île.

L’opinion publique, bien représentée par Voltaire, approuva le Traité de Paris, trouvant qu’il était si délicieux de signer la paix à n’importe quel prix que l’abandon de quelques « arpents de neige» n’avait aucune conséquence. Pourtant, l’ampleur de la capitulation paraît inacceptable pour un pays aussi puissant que la France du milieu du XVIIIesiècle, l’un des plus peuplé du monde avec vingt millions d’habitants, plus peuplé que l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie réunies, l’un des plus industrialisé aussi, avec une organisation politique et militaire de premier plan.

Les défaites en Amérique, en Inde et en Afrique s’expliquent uniquement par la puissance insuffisante de sa Marine Royale par rapport à la Royal Navy, alors que les Anglais avaient concentré tous leurs efforts dans le domaine naval.  L’erreur stratégique de la France a consisté à ne pas avoir compris que son influence se jouait désormais à l’échelle du monde et non plus à celle de l’Europe. Elle a d’ailleurs fait la même erreur en 1962, avec les catastrophiques et trompeurs Accords d’Évian. Elle l'a fait encore aujourd'hui, alors qu'avec le Brexit la Grande-Bretagne a compris qu'il fallait encore et toujours se tourner vers le grand large, loin des misérables querelles qui agitent le bocal de l'Union Européenne. 

 

Comme l’écrit Julien Green, par le traité de Paris de 1763, « la Grande-Bretagne se trouva tout à coup placée à une incommensurable hauteur au-dessus des autres nations, que leur puissance continentale semblait condamner à ne plus jouer qu’un rôle secondaire dans l’histoire du monde ».

 

À SUIVRE

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