LE PROGRAMME SALAFISTE
17 Mars 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ
Ce projet de « retour aux sources de l’Islam » implique un programme comportemental pour les « vrais » musulmans.
Il s’agit de pratiquer rigoureusement les cinq prières quotidiennes, la prière collective du vendredi et le jeûne de ramadan, d’imposer un respect absolu des interdits alimentaires, de la consommation de viande halal et de la prohibition de l’alcool, voire de la cigarette.
La tenue vestimentaire permet en outre à l’individu d’afficher sa foi. L’effort de distinction par rapport aux normes occidentales est principalement concentré sur l’image de la femme. Il s’agit du port du voile facial, qui peut aller d’un simple hijab pour les plus libéraux au niqab saoudien qui ne découvre que les yeux, avec l’adoption d’une tenue qui masque plus ou moins rigoureusement la gorge, les mains et les jambes de la femme.
Si les règles pour l’homme sont moins strictes, certains salafistes insistent cependant sur la nécessité de se différencier des « mécréants » en imitant les habitudes du Prophète, dont certains hadiths disent qu’il se laissait pousser la barbe et qu’il portait une tunique légère (qamīs), un sarouel et des sandales.
Le cal laissé sur le front par la pratique assidue des prosternations constitue également un signe de distinction recherché, que les croyants relient à un verset du Coran décrivant les Compagnons (XLVIII, 29).
L’ensemble de ces pratiques salafistes est destiné à marquer la séparation des adeptes avec les usages de la civilisation occidentale qui se caractérise, selon leur analyse, par une excessive liberté des mœurs, la mixité hommes femmes, la question de l’homosexualité et, plus largement, par la laïcité et l’individualisme qui sont d’après eux à l’origine de tous les dérèglements observés.
Dans cet ordre d’idée, au nom de l’unicité divine, le tawhīd, qui interdit au fidèle de vouer un culte à un autre que Dieu, les Wahhabites n’ont pas hésité à détruire le cimetière de Médine en 1806, effaçant ainsi la mémoire des tombes liées à la famille du Prophète et aux premiers imams chiites. Les mosquées historiques furent également rasées afin de décourager toute forme de célébration.
Épargnée, la sépulture de Mahomet continue cependant à être régulièrement menacée par le régime saoudien. Dans l’esprit des salafistes, il est tout aussi logique de détruire tous les monuments, musées ou statues pré islamistes, dés qu’ils en ont le pouvoir. Ils l’ont fait en Afghanistan, en Irak et en Syrie, ils le feraient partout dans le monde s’ils le pouvaient.
Si tous les salafismes s’entendent pour critiquer la société occidentale, leurs réponses divergent : elles vont d’une hégire vers les pays musulmans à une action révolutionnaire en passant par une coexistence séparée des « mécréants » ou un prosélytisme pacifique visant à islamiser en douceur les sociétés occidentales.
Les salafismes se retrouvent aussi dans leur critique radicale des autres formes d’Islam. Dès l’origine, le salafisme s’est d’ailleurs montré hostile à toutes les formes de soufisme, s’en prenant violemment à l’influence sociale des confréries, à l’autorité des cheikhs et des marabouts et aux croyances jugées superstitieuses en la baraka miraculeuse des saints.
Un autre adversaire constant du salafisme sunnite est constitué par l'ensemble des minorités religieuses musulmanes, comme le Chiisme ou l’Alaouisme, ce qui explique largement les conflits actuels en Irak, en Syrie et au Yémen.
Finalement, étant ennemis de toutes les formes d’Islam qui ne sont pas strictement les leurs, les différentes formes de salafisme sont vouées à se détruire entre elles, puisque selon leur logique d’exclusion, le dernier salafiste vivant est par définition celui qui a raison.
Or, derrière la toute relative unité du salafisme moderne, se cachent des courants d’origine différente.
À SUIVRE