Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

L'ÉTRANGLEUR ÉTRANGLÉ

11 Juin 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

C’est un étrange ballet qui se joue, aux yeux de tous, entre les négociateurs grecs et européens, ces derniers appuyés par la BCE et le FMI.

 

Officiellement, il s’agit d’obtenir des premiers qu’ils acceptent les conditions imposées par les seconds. On connaît les avantages attendus de cette capitulation : montrer que l’UE ne prête qu’à des États qui acceptent la discipline européenne, ce qui montrera aux Espagnols, aux Portugais et accessoirement aux Irlandais qu’ils n’ont pas fait d’efforts budgétaires en vain.

On peut même prêter une arrière pensée politique aux négociateurs européens, montrer aux peuples qui s’apprêtent à voter pour l’extrême gauche ou droite, qu’il leur faudra passer sous les fourches caudines de l’orthodoxie financière définie par la BCE.

L’outil utilisé pour obtenir ce résultat par les négociateurs européens est celui du garrot financier, un petit filet de liquidité permettant à peine au négociateur grec de respirer. On attend qu’il cède avant d’être totalement asphyxié.

Fort bien.

Mais il n’est pas question d’obtenir que l’État grec rembourse un jour ses dettes. Au contraire, il s’agit de lui prêter plus. Sur le plan économique, le négociateur européen est dans une position d’extrême faiblesse : il échange un versement immédiat contre des promesses de réforme. Comme il n’est pas tout à fait naïf, il sait bien que les réformes n’auront probablement pas lieu, et que si elles ont lieu, elles auront un effet quasi nul sinon négatif sur la capacité de remboursement de l’État grec, ou alors à vraiment long terme. Ce n’est pas grave, car l’objectif du négociateur européen est de tirer un avantage politique de la négociation, pas un avantage économique.

Aussi, pour les négociateurs européens, il n’est pas envisageable de pousser le bras de fer jusqu’à la sortie de l’euro, car comment expliquer que l’Europe se retrouve avec une dette de 320 milliards d’Euros officiellement impayée et impayable ?

Côté grec, tout est simple, ou presque. Le gouvernement a fait des promesses aux électeurs grecs. Il s’agit de ne pas perdre la face. Il faut donc obtenir des négociateurs européens un accord qui donne l’impression à l’opinion publique grecque  que son gouvernement a obtenu gain de cause. Pour ce dernier, il n’est pas non plus envisageable de pousser le bras de fer jusqu’à la sortie de l’euro, car comment gouverner sur la base d’un échec politique et d’une situation financière catastrophique ?

En résumé, pour les deux parties, le fond de l’accord importe peu, seule la forme compte.

Par conséquent, sans être très imaginatif, on peut s’attendre à un accord sur une base officiellement assez défavorable au gouvernement grec que ce dernier, offusqué, soumettra à un referendum qui sera approuvé par les électeurs grecs, ces derniers étant supposés assez lucides pour comprendre que ce théâtre d’ombre destiné à abuser l’opinion européenne a besoin de leur participation pour que les flux financiers européens continuent de compenser les déficits de l’État grec.

 

Ainsi le gouvernement grec sera dédouané par les électeurs du renoncement partiel à son programme, l’Union Européenne sera louée pour sa rigueur financière et les contribuables européens continueront à financer le déficit de l’État grec.

 

À moins que…

Mais je ne suis pas devin, j’essaie seulement d’être logique.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Pas mal !
Répondre
P
Et si un des acteurs ne jouait pas le rôle attendu dans cette cavalerie financière mondiale ?
Répondre
B
Il peut se glisser un grain de sable dans ce mécanisme un peu grossier, mais, je l'ai écris en conclusion, je ne suis pas devin. Que se passerait-il alors? on peut élaborer des scenarios, mais je me méfie du caractère artificiel de ces derniers.
B
Merci Maurice. <br /> Amitiés, <br /> André
Répondre
B
Ce sera le grain de sable qui viendra tout chambouler!
M
Excellente analyse.<br /> Effectivement un vrai" théâtre d'ombres" dans lequel les acteurs possèdent parfaitement leur rôle sur le bout des doigts à défaut de l'exprimer du bout des lèvres de peur d'être démasqués.
Répondre
B
Cher Monsieur, je vous remercie de votre message qui m’offre l’opportunité de préciser ma pensée. <br /> Non la dette grecque n’est pas légitime, non les Grecs ne sont pas des paresseux, des tricheurs. Oui, nous sommes floués parce que nous ne parvenons pas à « mettre au pas la finance ». Je suis tout simplement d’accord avec vous. <br /> Mais que se passe t-il ? il s’agit de tromper les opinions publiques, la grecque en lui faisant croire qu’elle a obtenu gain de cause alors que les contraintes financières ne cesseront pas de peser et l’européenne en lui faisant croire que la dette sera remboursée par l’épargne des malheureux Grecs. Au final, je suis bien d’accord avec vous, ce sont les peuples, par la fiscalité et l’austérité, qui paieront pendant que les banquiers continueront à s’engraisser. <br /> Vous croyez qu’une telle situation me réjouit ? pas du tout ! je constate simplement la situation, et c’est le premier pas à faire pour la changer. Car il y a bien d’autres pas à faire pour sortir de la dictature de la finance internationale.
S
Franchement votre analyse me fait rire!donc la dette grecque est légitime,lles grecs sont des paresseux ,des tricheurs etc...L'Europe n'est que politique;allons!l'économique est l'origine de l'Europe pour continuer à faire que le capital s'engraisse, et ce jeu de dupe n'a que le but de tordre les peuples.Votre titre est assez juste ,vos développements et conclusions le sont beaucoup moins,laissant entendre que nous sommes floués alors qu'il suffirait de freiner la finance ,la mettre au pas des citoyens mais ceci est une autre analyse celle des anticapitalismes Bonsoir.