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Le blog d'André Boyer

Le passage de la Bérézina, enfin!

19 Mai 2011 Publié dans #HISTOIRE

En attendant de revenir sur l’affaire DSK, qui est également une sorte de « Bérézina », je poursuis le récit du passage de la Bérézina.  

berezinaLe général Eblé a établi les plans[1], organisé le travail des pontonniers et Napoléon n’a pas quitté les travaux du regard depuis qu’ils sont commencés. Le 26 novembre, à une heure de l'après-midi, le premier pont est terminé.

Tout de suite, il fait passer devant lui le 2e corps d’Oudinot, sept mille hommes. Ce dernier repousse aussitôt les troupes légères de Tchitchakov, commandées par Tchapanitz, vers Borisov. Puis il dirige un détachement ver Zembin, qui permet de controler le débouché de la route vers Vilnius. 

Pendant ce temps, Tchitchakov reste étrangement inactif. Il avait recu un message de Koutousov qui lui indiquait que Napoléon allait tenter de passer la Berezina par Bérézino, au sud de Borisov. Tchitchakov n’y croyait pas ; il pensait pour sa part que le passage serait Borisov, dont le pont n’était pas détruit, mais seulement coupé et où il voyait de ses yeux la plus grande partie des troupes de Napoléon. Même lorsque Tchapanitz, qui est en face de Studianka, informe Tchitchakov que Napoléon y fait des préparatifs évidents de passage, il n’est pas entendu et recoit  l’ordre de ramener la plupart de ses troupes devant Borisov.

Si bien que la nuit du 25 au 26 novembre, il n’y avait plus que deux régiments et 12 canons russes face à Studianka ; par crainte de les voir détruits, ces canons ne sont pas mis en batterie. Bref, Napoléon a trompé Tchitchakov.

Le 26 novembre à  4 heures de l’après-midi, le pont de gauche, destiné à l’artillerie et aux voitures, est terminé. Aussitôt l'artillerie du 2e corps passe, suivie par celle de la Garde. Au débouché du pont, la gelée permettait le passage du marais alors que  deux jours auparavant, cela n’aurait pas été possible.

Toute l’armée se met en mouvement. Ney arrive et se prépare à passer dans la nuit, Davout se rapproche. Le 9e corps de Victor décroche pour rejoindre Borisov. Les soldats dépenaillés de la Grande Armée, épuisés par la faim, le manque de sommeil et les marches, sont tout surpris de les voir avancer avec leurs armes, en rangs et en uniformes. Cela ne durera pas.

Dans la nuit du 26 au 27 novembre, deux ruptures de chevalets se produisent à une heure d’intervalle. Les pontonniers harassés sont tirés du bivouac par Eblé qui parvient à en mobiliser la moitié. L’encombrement s’accroit devant le pont. On repare, à 6 heures du matin la communication est rétablie.

Napoléon a passé la nuit du 26 au 27 dans une chaumière à Studianka. Au matin du 27 novembre, aidé par Berthier, Murat ou Lauriston, il s’occupe personnellement de réguler le passage, puis il se décide à traverser la Bérézina à une heure de l’après midi. Il s’installe à quatre kilométres du pont à Zavniki, puis revient à cheval prés des ponts et s’efforce d’accélérer le passage des 4e, 3e, 5e et 6e corps.

Davout arrive, suivi par Victor qui est parti de Borisov à 4 heures du matin. Il a laissé la division Partouneaux, forte de 5000 hommes  vers Borisov, pour tenir le passage jusqu'à ce que le 1er corps et la cohue des traînards, qui le suivent, se soient écoulés. Mais Wittgenstein se rapproche et Partourneaux se rend compte qu’il est désormais coupé de Studianka. Pour se frayer un passage vers le pont de Studianka, il passe avec résolution à l’attaque avec ses trois brigades, environné par une foule désordonnée de trainards.

Mais ses efforts se brisent contre la supériorité numérique des troupes russes ; il est fait prisonnier avec l’une de ses brigades. Les deux autres brigades et la cavalerie se replient à Borisov; encerclées, elles doivent capituler le 28 novembre au matin.  Dans le combat, la moitié des troupes ont été tuées ou blessées, et en sus des troupes combattantes, cinq mille trainards sont faits prisonniers par Wittgenstein ; seul un bataillon de 150 hommes parvient à rejoindre Studianka. 

Pendant que Partourneaux était pris à la gorge le 27 novembre, le franchissement de la Bérézina continuait en assez bon ordre.

Je ne sais pas si nous pouvons imaginer le passage des régiments de Davout qui se présentent le soir devant les ponts dans leur plus belle tenue, au son des fifres et des tambours !



[1] 24 travées de 4,30 mètres, 23 chevalets par pont  de 1 à 3 mètres avec des chapeaux de 4,50 mètres et des poutrelles de 5,50 métres de longueur et de 15 cm de  diamètre.

 

 

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