La chute du Royaume de France
5 Juillet 2012 Publié dans #HISTOIRE
Dans la longue série d’articles que j’ai entrepris de publier sur la structure, le comportement et les résultats du pouvoir politique français, j’ai publié le 9 mars dernier, un blog que je vous recommande, si vous vous intéressez au sujet.
Intitulé « Au son de la cloche des Cordeliers » il décrit en effet le coup d’état violent qui fonde la République Française. Cette dernière ne s’en vante toujours pas, préférant se référer à l’émeute antérieure du 14 juillet 1789 qu’elle a institué fête nationale depuis le 6 juillet 1880.
Le pouvoir de la République Française n’est donc pas fondé sur l’acceptation par les citoyens des Droits de l’Homme, mais sur un coup d’état qui impose la Terreur.
Est-ce pour mieux instituer ultérieurement les Droits de l’Homme ? Pour répondre à cette question fondamentale pour notre république, revoyons les faits.
Il nous faut bien constater tout d’abord que, de fait, le 10 août 1792, le royaume de France, sa constitution et la légalité de son régime politique ont vécu. Comment un régime politique enraciné depuis un millénaire dans le pays a t-il pu s’effondrer en trois années ?
Les causes des tensions politiques étaient connues depuis la fin du règne de Louis XIV. Elles tenaient avant tout au déséquilibre financier de l’État, lui-même provoqué par les ambitions excessives, en particulier guerrières, d’un système hypertrophié. À vouloir faire la guerre à l’Europe entière, l’Etat s’était placé dans une position insoutenable de débiteur : voilà une première leçon à retenir aujourd’hui. L’excès de dettes a été un facteur déterminant de l’explosion du système politique français à la fin du XVIIIe siècle.
L’autre déséquilibre fondamental du Royaume résultait de son ambition à vouloir régenter toute la société, ce qui le poussait à introduire un système égalitaire dans une société de vieilles hiérarchies, selon une idéologie qui justifiait une Révolution dont le but était en profondeur conforme aux désirs du pouvoir royal. Ce dernier rêvait depuis le XIIIe siécle, depuis le régne de Philippe le Bel, de balayer les structures de « l’Ancien Régime » comme on le disait ouvertement en 1790.
Sans doute la faiblesse du roi Louis XVI a t-elle été pour quelque chose dans les circonstances de la Révolution, mais il semble clair que la mécanique totalisante de l’État français l’y menait de toute manière, comme elle conduit le régime actuel à l’implosion : tout système contient en lui-même les germes de sa perte.
Pendant les trois années de la chute de la Royauté, l’État révéla ses pieds d’argile. Quoi, une émeute organisée par le Duc d’Orléans pour faire plier son cousin Louis XVI, le 14 juillet 1789, le massacre de quelques dizaines d’invalides par les émeutiers du Faubourg Saint-Antoine, et le pouvoir s’agenouille? Trois ans plus tard, la cloche des Cordeliers sonne, l’Hôtel de Ville est pris, les Tuileries capitulent, l’Assemblée se met aux ordres des émeutiers, le Roi est à merci ?
C’est une leçon jamais oubliée par les politiques dans la France d’aujourd’hui, celle que l’État est si faible depuis 1789 qu’il est toujours prêt à céder devant la moindre manifestation. Dés 1789 en effet, Louis XVI n’est sûr, ni de ses troupes, ni de sa détermination, les premières rongées par les idées nouvelles, la seconde trop peu sanguinaire pour faire peur. Le formidable Napoléon, dés qu’il s’éloigne de France en 1812, est à la merci du coup d’État du Géneral Malet. Tous les autres régimes, celui de Charles X, de Louis-Philippe, de Napoléon III, de la IIIe et de la IVe République s’effacent sous la poussée des mécontentements.
Pourtant, l'Assemblée Nationale législative qui se réunit le 1er octobre 1791 est légitime. Elle est issue de la Constitution approuvée par le Roi et par la grande majorité des électeurs. Elle institue un régime monarchique parlementaire successeur du régime de droit divin qui le précédait.
C’est ce Régime qui est renversé par un coup de force, le 10 août 1792.