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Le blog d'André Boyer

Deux femmes sous la Terreur

17 Mars 2013 Publié dans #HISTOIRE

 

Le vendredi 8 mars dernier, j’ai emprunté la plume de la Marquise de la Tour du Pin* pour vous conter des « Scènes de la Terreur à Bordeaux » afin de vous faire saisir l’ambiance qui y régnait. Mais que faisait cette dernière à Bordeaux ?

 

Teresa-Tallien.jpgElle s’enfuyait.

Née le 25 février 1770, Henriette Lucy Dillon est issue d’une famille noble irlandaise. Elle se marie à l’âge de 17 ans, deux ans avant la Révolution, avec Frederic de Gouvernet, marquis de la Tour du Pin, qui est le fils du ministre de la Guerre de Louis XVI du 4 août 1789 au 16 novembre 1790. Ce dernier sera guillotiné le 28 avril 1794 pour avoir déposé en faveur de Marie-Antoinette lors de son procès.

La Marquise de la Tour du Pin est admise à la Cour auprès de Marie-Antoinette dont elle dresse un portrait flatteur. La Terreur l’oblige à s’enfuir avec son mari. Elle se retrouve près de Bordeaux où la rencontre providentielle de Madame Tallien, qu’elle avait connue toute jeune et à qui elle a l’audace d’écrire un mot avant de sonner à sa porte, lui permet de prendre un bateau pour les Etats-Unis en mars 1794. Les époux y achètent une ferme avant de revenir en France en 1796…

Le récit de la suite de ses aventures m’éloignerait du sujet, qui est la Terreur, sa raison d’être, ses conséquences, ses acteurs. Je viens de mentionner le nom de Madame Tallien, la bienfaitrice de la marquise de la Tour du Pin. C’est une femme célèbre, pour sa beauté et pour son influence.

Juana Maria Thereza Cabarrus est née à Madrid en 1773. Fille d’une famille de financiers originaires de Navarre, elle est courtisée très jeune en raison de sa beauté. Dés l’âge de 15 ans, son père la marie avec Devin de Fontenay, issu d’une riche famille. Ce dernier se révélant un débauché, Thereza se résigne à une union de façade, fréquente les clubs révolutionnaires et les loges maçonniques. Menacée par la Terreur, elle s’enfuit à Bordeaux avec son mari qui accepte alors de divorcer.

À force d’intervenir auprès des Montagnards pour faire libérer des victimes de la Terreur, elle est à son tour arrêtée puis libérée par Tallien, avant tout séduit par sa beauté. Tallien s’installe avec elle tandis qu’elle continue à protéger tous ceux qu’elle peut, dont la Marquise de la Tour du Pin, au point qu’on la surnomme « Notre Dame de Bon Secours ».

Mais la liaison d’un Tallien, supposé Montagnard pur et dur, avec une jeune, belle et riche aristocrate fait scandale. Tallien est rappelé à Paris pour se justifier. Thereza l’y rejoint, est arrêtée sur ordre de Robespierre et juste avant de passer en jugement pour être guillotinée, elle parvient à faire parvenir ce mot à Tallien : « je meurs d’appartenir à un lâche. » Cette missive détermine, semble t-il, ce dernier à entrer dans la conjuration contre Robespierre. C’est lui qui, le 9 thermidor, empêche Saint-Just de prendre la parole. Émerveillée du pouvoir de Thereza,   William Pitt, le Premier Ministre anglais, dira d’elle : « Cette femme serait capable de fermer les portes de l’enfer. »  

Thereza est libérée, rejoint Tallien, lance la mode néo grecque et son salon dans sa maison sur les Champs-Élysées fait fureur. Elle se marie avec Tallien en décembre 1794, qui lui donne une fille. Mais elle se sépare de lui en 1795, l’accusant d’avoir trop de sang sur les mains, pour avoir notamment été l’un des responsables des massacres de septembre 1792. Elle devient ensuite la maîtresse de Barras, puis d’Ouvrard, le richissime financier de l’Empire. Bonaparte, qui l’avait beaucoup désirée, épouse sa meilleure amie, Joséphine de Beauharnais mais la proscrit par dépit des salons officiels. Elle devient dès lors l’amie de Madame de Staël chez qui elle rencontre celui qui deviendra son dernier époux, le Prince de Chimay.

Elle meurt dans le château de Chimay en 1835.

 

La marquise de la Tour du Pin et Madame Tallien, deux femmes remarquables, deux femmes de bien sous la Terreur. Il me reste à dresser le Tableau de Tallien, du général Brune et d’Ysabeau, des personnages infiniment moins sympathiques…

 

* Je vous recommande la lecture de ses mémoires, Journal d’une femme de 50 ans, tant elles sont vivantes et parfaitement lisibles.

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