Le colossal dragon chinois
4 Octobre 2013 Publié dans #ACTUALITÉ
Antoine Brunet et Jean-Paul Guichard, ont publié un ouvrage intitulé « La visée hégémonique de la Chine. L’impérialisme économique », qui traite des conséquences de l’installation de la Chine au cœur du commerce mondial. Un livre qui cherche à nous alerter, traduit dans de nombreux pays.
Les auteurs soutiennent que la Chine pratique un dumping monétaire que subissent les autres pays, qui peut lui permettre à terme de tenter d’imposer son modèle de capitalisme totalitaire au reste du monde.
Les autorités chinoises pratiquent en effet une stratégie mercantilisme, dont les auteurs rappellent qu’ils n’en sont pas les inventeurs. En effet, tous les pays qui ont voulu, et pu, s’assurer d’une hégémonie économique sur le reste du monde ont pratiqué la même stratégie mercantiliste, que ce soit l’Espagne et le Portugal au XVIe siècle jusqu’aux États-Unis au XXe siècle, en passant par l’Empire britannique aux XVIIIe et XIXe siècle. La France a également tenté de pratiquer la même politique avec Colbert au XVIIe siècle. L’idée centrale d’une telle stratégie est de générer des excédents commerciaux avec le reste du monde, fondés sur la production industrielle.
Cette stratégie est forcément agressive pour les autres pays, qui sont contraints en contrepartie d’accepter un déficit de leur commerce extérieur. Normalement, cette recherche de l’excédent ne peut pas durer très longtemps, car elle entraine la destruction des industries des économies partenaires. Pourtant, après avoir accumulé des excédents considérables, les autorités chinoises poursuivent avec détermination leur stratégie d’écrasement des industries des pays occidentaux.
L’arme principale de la stratégie agressive de la Chine se situe dans la sous-évaluation du taux de change de sa monnaie, le yuan, tandis que son appartenance à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) interdit les autres pays membres de l’OMC de recourir à un « protectionnisme douanier défensif en réponse à son protectionnisme monétaire agressif ».
Le projet du Parti communiste chinois, d’après les auteurs, consiste à utiliser l’expansion économique de la Chine comme la source de l’affermissement de sa puissance politique et stratégique, afin de supplanter l’hégémonie américaine. Ils utilisent l’arme de la sous évaluation monétaire pour accroitre l’écart de croissance avec les pays occidentaux, contrôler les sources de matières premières, contrôler progressivement les entreprises cotées sur les bourses occidentales et imposer le yuan comme monnaie de réserve.
Depuis 2001, date d’entrée de la Chine dans l’OMC, la Chine pratique en effet un dumping monétaire qui consiste à sous évaluer systématiquement sa monnaie de 50%, ce qui a obligé les pays occidentaux, pour soutenir leurs économies, à pratiquer une fuite en avant dans l’endettement qui sape de plus en plus profondément les bases de leurs sociétés.
Il faudrait donc que l’ensemble des autres pays, à commencer par les Etats-Unis et l’Union Européenne exigent une forte réévaluation du yuan. Les auteurs estiment qu’ils n’y parviendront pas, encore que le Japon, tout seul, ait récemment réussi à faire baisser la valeur de son yen, en autres par rapport au yuan.
Au total, nos auteurs sont profondément pessimistes sur les possibilités occidentales de rétorsion. Ils estiment aussi impossible une forte réévaluation du yuan que des rétorsions commerciales occidentales, en raison d’un rapport de force qui est de plus en plus favorable à la Chine. La solution qu’ils proposent de créer un OMC bis me paraît tout aussi peu crédible. Pourquoi le serait-elle ? Quel serait le rapport de force qui l’imposerait ?
De mon point de vue, s’ils n’ont évidemment pas tort d’attirer l’attention des lecteurs sur la tentative prédatrice de la Chine, ils surévaluent la puissance de la Chine, qui, comme toute construction humaine, ne montera pas jusqu’au ciel. Au fur et à mesure qu’elle s’emparera d’une part plus importante du marché mondial, la Chine deviendra l’otage de l’endettement et de la consommation occidentale.
De plus, la Chine renferme aussi en son sein des fragilités économiques, sociales et politiques et développe à l’extérieur un faisceau d’hostilités régionales, du Japon à l’Inde en passant par le Viêt-Nam qui ne demandent qu’à exploiter ses faiblesses. Enfin, la longue histoire de l’Empire du Milieu n’est qu’une suite d’alternances de brillants développements et de chutes profondes, qui n’est pas prés de se transformer en un développement sans entrave.
Ces fragilités chinoises n’impliquent pas qu’il faille rester passif mais au contraire de les actionner en prenant notre destin en main.
Rien ne nous empêche de nous défendre, rien ne nous empêche de nous passer des produits chinois, rien ne nous empêche d’acheter ailleurs, y compris… en France.
C’est seulement une question de priorité, de volonté et de stratégie, mais aussi d’opportunités…