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Le blog d'André Boyer

Apocalypse II

6 Décembre 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

C’est alors que le journaliste Brice Couturier intervient. Il conte les pronostics apocalyptiques de ces prophètes tels que Roger Caillois avant la guerre de 1940, ou plus récemment Nouriel Roubini qui prévoyait un effondrement du dollar, ou encore Joseph Stiglitz qui pensait remplacer le dollar par une monnaie de reserve mondiale. On avait prédit que la FED allait être emportée dans la faillite, le Financial Time annonce tous les jours la fin de l’Euro depuis deux ans, Michael Boskin prévoit la disparition du welfare, mais rien de tout cela ne s’est passé. Il y a enfin ceux qui prévoient à chaque crise la fin du capitalisme sans remarquer que ce dernier se nourrit justement des crises. Paul Jorion lui-même écrivait, il y a deux ans, que le système capitaliste allait disparaître. BC se demande s’il y croit encore…

Paul JorionPaul Jorion lui répond vertement : « Vous n’avez pas l’air de croire à l’état de la situation que vous avez dressée. Vous dites que ce qui est en train de tomber n’est pas encore tombé. Vous ignorez que les chances de survie de l’euro sont pratiquement nulles, vous niez que la FED puisse faire faillite ou que l’hyperinflation puisse arriver…

C’est que, sans doute, vous ne lisez pas les journaux, vous n’écoutez pas la radio, vous ne regardez pas la télévision. Vous ne parlez donc ni aux banquiers ni aux politiques pour tenir ce genre de discours. C’est ce qui vous permet de me qualifier de « prophète » ! Car il y a d’un côté ceux qui n’arrêtent pas de se tromper, ceux-là vous les appelez des « experts » et ceux qui décrivent exactement ce qui est en train de se passer, vous les appelez des  prophètes ! Je crois pour ma part qu’il est important que le peuple sache que la machine ne marche plus et que les banquiers sont dans une panique totale.

Lorsque le journaliste lui fait observer que le système capitaliste a survécu à des crises beaucoup plus graves qu’aujourd’hui, PJ lui rétorque que non, jamais, le système capitaliste n’a vécu de crises aussi graves que celle qui est en cours. Et lorsqu’il lui demande quel est le système qui va lui succéder, Paul Jorion lui répond qu’il n’en sait rien. Ce ne sera pas en tout cas le communisme, car il appartient au même système et consiste simplement à remplacer une aristocratie par une autre.

Il ne sait pas ce qui va se passer. Savait-on ce qui allait se passer après l’Empire Maya ou l’Empire Romain ? Espérons que l’on pourra construire un système raisonnable à la place, qui ne soit pas fondé sur la raison des économistes, qui est une raison purement égoïste et qui conduit les banquiers comme Goldman Sachs à jouer contre le système afin de gagner de l’argent. Et ce sont les cadres de cette banque, avec cet état d’esprit, que l’on met à la tête de pays qu’il s’agit de redresser !  

Marc Voinchet objecte que le capitalisme fonctionne toujours très bien dans les pays émergents où il parvient à accroître le niveau de vie des populations de la Chine, de l’Inde ou du Brésil. Mais Paul Jorion objecte que ces pays font partie d’un système globalisé, que leurs principaux clients sont les Etats-Unis et l’Europe et qu’ils ne pourront pas fonctionner si nos économies s’effondrent. En outre, ils génèrent des inégalités encore plus fortes qu'aux Etats-Unis et c’est cela le fond du problème du capitalisme.

Car la grande question est de faire en sorte que les systèmes financiers deviennent vertueux. Pour que les gens soient vertueux, il faut qu’ils ne soient pas pénalisés par les institutions lorsqu’ils sont vertueux. Or aujourd’hui un  banquier vertueux est immédiatement balayé par le marché, c’est-à-dire par la concurrence.

Il faut concevoir une manière pacifiée de faire fonctionner l’économie.

Brice Couturier réitère son scepticisme quant aux prévisions apocalyptiques de Paul Jorion concernant le système capitaliste, en observant que la très forte croissance mondiale de ces dernières années a permis à des centaines de millions de Chinois et d’Indiens de sortir de l’extrême misère et de rejoindre désormais les classes moyennes. De leur côté, les Etats-Unis et l’Europe ne sont parvenus à maintenir le niveau de vie de leurs populations qu’en empruntant des sommes de plus en plus élevées, tandis que les banques ont abandonné toute prudence pour accroître leur profit.

Tout ce que l’on peut dire de la crise actuelle, c’est que c’est simplement un déplacement de pouvoir et de richesse de l’Europe et des États-Unis vers l’Asie et non la fin du capitalisme.  

La suite et la fin de cette série sera publiée aprés demain jeudi. 

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