APRÉS LES EXCÈS DE POUVOIR DE LOUIS XIV
21 Juin 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
L’expansionnisme de Louis XIV en Europe et son corollaire, les exactions commises par ses troupes, suscitèrent la formation de la Ligue d’Augsbourg (1688).
Pour faire face aux troupes alliées, le roi de France demanda un effort énorme à sa population. Une armée de quatre-cent cinquante mille hommes fut rassemblée, la plus grande jamais réunie en Europe depuis l’Empire Romain. Sous la direction de Louvois et de Le Tellier, les dépenses militaires atteignirent un niveau insensé puisqu’elles mobilisèrent les deux tiers des dépenses de l’État.
Les troupes royales durent se battre sur plusieurs fronts, en Flandre, en Savoie et en Catalogne. La guerre dura neuf années, de septembre 1688 à septembre 1697, réduisant dix pour cent de la population française à la mendicité, selon les estimations du Maréchal Vauban.
Louis XIV finit par considérer que le temps était venu de négocier la paix, paix qui fut signée à Ryswick (1697) et qui aboutit à un match nul : les troupes françaises évacuèrent la Lorraine et les Pays-Bas espagnols, mais gardèrent Strasbourg et la Basse Alsace ainsi que Sarrelouis et la partie occidentale de l’île de Saint-Domingue.
Un roi modéré aurait pu considérer qu’il avait fait assez de guerres pour se refuser à en provoquer une de plus. Mais Louis XIV, pour éviter qu’un Habsbourg ne s’installe sur le trône d’Espagne, choisit la guerre, quatre années seulement après la fin de la précédente. Il provoqua donc la Guerre de Succession d’Espagne qui dura 13 années, entre 1701 et 1714.
Ses troupes durent faire face à une guerre qui rassemblait contre elles les troupes de l’Angleterre, des Pays-Bas, de la Prusse, de l’Autriche, du Piémont et du Portugal. On se doute que, malgré les efforts inouïs qu’il exigea de ses troupes et de sa population, la guerre finit par tourner au désavantage d’une France épuisée.
Malgré tout, le Traité de Rastatt (1714) permit à Philippe V de conserver le trône d’Espagne. Il ne restait plus à Louis XIV qu’à mourir un an plus tard, ayant passé sa vie à épuiser son peuple de guerres et d’impôts, à ravager l’Europe, utilisant toutes les ressources du pouvoir royal excessif dont il disposait.
Peut-on écrire que Louis XIV fut un grand roi ? Je ne le crois pas car il fit payer à ses contemporains le prix de sa volonté, sinon de ses caprices, par d’immenses pertes humaines, par d'innombrables destructions et par des impôts considérables.
S’il reste Versailles, il me paraît incontestable qu’il a dressé le bûcher sur lequel la monarchie française se consumera soixante-quatorze ans après sa mort. Car il laissait un régime affaibli face à un pays rétif, chacun, que ce soit le roi, son administration, son armée et le peuple ne pouvant que chercher à retrouver des forces.
Du fait des dépenses inconsidérées de Louis XIV, la Régence se trouva dans une situation financière catastrophique, qui la poussa à expérimenter le système de Law, lequel système s’effondra rapidement tout en suscitant une sorte de boom économique. Puis Louis XV commença par gouverner avec le cardinal de Fleury qui parvint à stabiliser la monnaie et à équilibrer le budget du royaume. Mais ce budget était structurellement instable, déséquilibré par les guerres du XVIIIe siècle, tandis que le pouvoir n’était plus assez fort pour s’emparer des revenus de ses sujets afin de combler le déficit du budget de l’État.
Ainsi, lorsque le contrôleur des finances, Machault d'Arnouville, créa un impôt prélevant un vingtième des revenus, taxant aussi bien les privilégiés que les roturiers, la nouvelle taxe fut accueillie avec hostilité par le clergé et le Parlement et le « vingtième » finit par se fondre dans une augmentation de la taille, qui ne touchait que les agriculteurs.
À la suite de cette tentative de réforme, le Parlement de Paris, s’érigeant en « défenseur naturel des lois fondamentales du royaume » contre l'arbitraire de la monarchie, crût devoir adresser des remontrances au roi.
À SUIVRE