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Le blog d'André Boyer

2025

1 Janvier 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

2025

2025 ? Ce matin frais de fin décembre 2024, je m'étais assis au bord de la mer. Il faisait beau, comme souvent ici.

 

Les cris stridents des goélands étaient largement couverts par le grondement presque incessant des véhicules qui s'élançaient vers l'est, de feu vert en feu vert.  

J'étais assis sur des galets que la mer roulait avec un chuchotis apaisant et un rythme immuable. Pour une fois, je n'allais pas me lancer dans des vœux lénifiants ou des prédictions utopiques, mais je voulais traiter d'un sujet explosif. Cette perspective me faisait courber la tête vers les galets dont me parvenait l'odeur iodée.

2025 ? Comment me fier à mes impressions ? Quand j'avais appris que l'État français, mon État, empruntait, chaque jour, un milliard d'Euros pour rembourser les emprunts qu'il avait contracté précédemment et pour payer les intérêts des dettes en cours, j'ai cru, personnellement, ployer sous le poids de la dette. Ainsi, ils empruntaient chaque jour 15 euros sur mon dos, qu'il faudrait rembourser un jour ou l'autre. Ou jamais. Mais jamais, je n'y croyais pas : l'argent gratuit, cela n'existe pas.

Livré à moi-même sur cette plage, j'imaginais que la charge de plus en plus écrasante de la dette pèserait sur mes épaules, tandis que mes concitoyens, inconscients de cette machinerie impitoyable, continueraient à vaquer à leurs occupations sans se rendre compte qu'ils avaient emprunté chaque jour 15 euros, à cause des emprunts que nous avions accumulé tous ensemble, à force de subventions, d'allocations, de dépenses bureaucratiques, de gaspillages, d'erreurs, bref de tout ce qu'une société génère d'actions incontrôlées, de droits, d'incompétences, de mouvements browniens et de frottements.

Et je voulais livrer cette sinistre nouvelle à mes lecteurs, pour le jour de l'an 2025 ?

Ça ne plairait pas.

Ce que j'espérais en m'obstinant à le proclamer, c'était de contribuer à ce qu'un jour, que j'escomptais pas trop lointain, nous serions si nombreux à en prendre conscience que nous pourrions trouver, tous ensemble, la force de chercher une solution, une fois que nous nous serions bien défoulés sur les boucs émissaires que nous jugerions responsables de cette catastrophe.

La solution ? J'étais certain qu'au nom des injustices que les niais prétendaient faire disparaitre de la surface de la Terre, certains esprits pervers recommanderaient d'augmenter les impôts. Après tout, il suffirait d'augmenter la charge fiscale de tout un chacun, en modulant sévèrement les taux en fonction du revenu, pour faire disparaitre le déficit.

Mais ces niais omettaient l'effet déflationniste de l'augmentation des taux d'imposition, qui engendrerait une baisse du rendement des impôts et obligerait à augmenter à nouveau la charge fiscale, jusqu'à ce qu'elle atteigne 100% de revenus qui se seraient entretemps effondrés. Finalement, 100% de rien.

Car, depuis les analyses fondées sur la courbe de Laffer, on savait que l'augmentation indéfiniment poursuivie de la fiscalité n'était qu'une voie sans issue.  

Si je voulais sauver ce billet de l'opprobre, il fallait absolument proposer une solution. L'évidence inverse de l'augmentation des impôts serait de les baisser et pour cela de baisser les dépenses, ce qui impliquerait des coupes claires dans la redistribution pratiquée sous l'égide de l'État. C'était un processus long et délicat, qui pouvait conduire, selon les circonstances, à la dislocation de l'État.

Bon, mais enfin c'était la voie. Encore que pour conduire une telle action, douloureuse et pénible, qui ne pouvait que susciter une forte contestation de tous les groupes lésés, il faudrait que se dégage un large consensus sur la nécessité de réduire le déficit public et que s'impose une équipe, reconnue et portée par la grande vague de l'opinion publique. Ce n'est qu'ensuite que cette équipe pourrait mettre en œuvre les mesures appropriées, qui mettront du temps à produire leurs effets.

Nous n'en étions pas là, puisque j'étais le seul à m'inquiéter. Je rangeais dans les dossiers à expulser de mon esprit les fuites en avant, du genre plus de croissance ou plus de travail. La première ne se décrétait pas, la seconde était suicidaire pour l'équipe chargée de réparer le budget.

Oui, nous n'en étions pas encore là, mais le spectacle donné par les politiciens impuissants de 2024 pourrait bien avoir la vertu, en 2025, de provoquer un réflexe susceptible de déclencher le processus de lutte contre le surendettement.

Je quittais les galets des yeux pour regarder la mer impavide. En tout cas, quelles que soient les aventures du budget, la mer resterait et le soleil aussi. Et puis, la dette ne durerait que le temps de nous apprendre à vivre avec ce que nous produisons. Une affaire de quelques années.

C'est ainsi que je me rassurais.

J'espérais avoir aussi rassuré mes lecteurs.

 

Si j'y parvenais, comme ce ne serait sûrement pas plus difficile de redresser le budget de l'État que de les rassurer, mes lecteurs, nous serions sur la bonne voie...

 

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J
Excellent texte pour décrire l’impuissance collective dans notre société mais aussil l’extraordinaire capacité des hommes à masquer les réalités.<br /> Tous mes vœux, quand même….
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A
Merci Jean-Claude. <br /> je te présente, envers et contre tout, mes meilleurs voeux pour toi et ton épouse et toutes mes amitiés, <br /> André