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Le blog d'André Boyer

L'anarchie ou le pouvoir désenchanté

21 Octobre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

L'anarchie ou le pouvoir désenchanté

Les Papous, une société anarchiste?

À la source de l’anarchie, on retrouve la forte conviction que l’amour de la liberté devrait pousser les hommes à s’organiser afin de la préserver. En revanche, l'anarchisme est opposé au postulat que la coercition et la domination soient nécessaires à l’organisation de la société.

 

L’anarchiste se veut donc libre de penser par lui-même et d'exprimer sa pensée. Sur la base de ce principe fondateur, comment peut s’organiser la société ?

On peut postuler qu’une société libérée de ses entraves retourne spontanément à un ordre « naturel », dans la droite ligne de la pensée de Proudhon et de Rousseau.

On peut également estimer que le concept d'ordre lui-même est artificiel. Pour l’anarchisme, il faut s’opposer à l’installation d’un ordre coercitif, quel qu’il soit, ce qui implique sauf en cas d’absolue nécessité (mais qu’est-ce qu’une « absolue nécessité » ?) de mandater qui que ce soit pour agir à sa place. Cette méfiance relative à toute délégation de pouvoir se retrouve dans une des théories du management, la théorie de l’agence.

Sur ces fondements, le projet d’organisation sociale anarchiste consiste à gérer directement sa propre vie et à décentraliser le pouvoir. Chacun est supposé participer à la vie commune tout en conservant son autonomie individuelle.

Mais lorsque le projet anarchiste se traduit en organisation, il se divise en deux mouvements principaux, l’anarchie socialiste et les individualistes libertaires. La première considère que la clef du pouvoir provient de la propriété privée, ce qui le conduit à prôner l'appropriation collective des moyens de production.

Ce postulat purement économique de l’origine du pouvoir n’est pas partagé par les seconds, les individualistes libertaires, qui considèrent que l'individu peut légitimement posséder un bien en propre. Ils recommandent par contre de supprimer les institutions autoritaires afin d’atteindre une société libertaire individualiste par des moyens éthiques.

Au total, ces deux grands courants et leurs variantes se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société où la liberté politique serait la règle, dont le réalisme est souvent contesté. Les anarchistes se défendent d’être des utopistes en citant les expériences anarchistes réussies au cours de l’histoire:

- Les pratiques anarchistes de certains peuples, comme les Aeta aux Philippines ou les Papous. 

- Les révolutions qui ont généré provisoirement des sociétés anarchistes, la Commune de Paris en 1871, la Révolution Cantonale en Espagne en 1873, la « République socialiste de Basse Californie » en 1911, la révolte de Kronstadt en mars 1921, les anarchistes espagnols et catalans en 1936-1938.

- En période non révolutionnaire, ils citent la métropole socialiste d'occident au Mexique en 1881, la Colônia Cecília dans le Parana brésilien en 1891, la coopérative Cosme au Paraguay en 1896, tous en Amérique du Sud et Centrale. En Europe, ils rappelent l’expérience de la Escuela moderna en Espagne à la fin du XIXe siècle et quelques décennies plus tard, l’émergence en France, de diverses colonies libertaires comme Aiglemont, Vaux et Saint-Maur-des-Fossés). Enfin, la commune libre danoise de Christiania représente l’expérience la plus contemporaine d'un squat autogéré au niveau d'un quartier.

Même si ces expériences n’ont pas duré. Elles semblent montrer que les sociétés anarchistes organisées autour d’un management sans chefs, sans pouvoir et sans coercition sont trop instables pour durer. Mais des graines d’anarchisme ont réussi à germer dans ces organisations bien vivantes aujourd’hui que sont les coopératives, même si elles restent minoritaires dans la pensée managériale.

Avant de nous concentrer sur le mouvement central du management AVEC chefs, nous examinerons donc les mouvements des coopératives depuis la pensée de Robert Owen et le succès des Équitables Pionniers de Rochdale jusqu’aux coopératives contemporaines.

 

(À SUIVRE)

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