Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Un management sans chefs?

3 Octobre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

Un management sans chefs?

L'anarchie, une philosophie du management?

J’inaugure aujourd’hui une série d’articles sur le management, dans la série philosophique de mon blog. C’est que le management, art, science ou pratique de direction des hommes est une philosophie pour celui qui dirige, même si elle est avant tout une contrainte pour ceux qui en subissent le joug.

 

Aussi la question générale que je pose ici est de se demander s’il est possible de manager les autres ,sans les rendre malheureux ? Ou, à contrario, s’il est possible de ne pas manager les êtres humains ? La pratique a répondu, en général, que la société ne fonctionnait que par le truchement de groupes, familles, tribus, nations, toutes dotées de chefs et de règles de management.

Cette pratique a fait que, de tous temps, on a critiqué les chefs et les règles, tout en évitant de remettre en cause la nécessité de leur existence, que ce soit celle des chefs ou des règles, sauf par les anarchistes qui prétendent justement qu’il est possible de se passer de chefs. Le débat soulevé par les anarchistes est ancien puisque ce sont les Grecs qui ont inventé le terme d'anarkhia qui désigne une société littéralement « sans hiérarchie », où il n'existe pas de chef.

Dans le cadre de ces articles, nous allons commencer par prendre le temps d’examiner la possibilité d’un « auto management » des sociétés, des groupes, des entreprises,  ce qui nous amène à commencer notre réflexion sur le management par une présentation de l’anarchie et de l’anarchisme.

L’anarchie est-elle synonyme de désordre, parce qu’il n’y a pas de pouvoir et qu’il en faut nécessairement un, ou au contraire constitue t-elle un ordre suprême ? En d’autres termes le principe d’autorité est-il une nécessité absolue pour les sociétés humaines ? L'anarchisme rassemble les tenants d’une philosophie politique qui nie le principe d’autorité dans les organisations humaines et qui croit possible de mettre en pratique cette négation, en instituant une société sans domination où les individus coopèrent librement.

Est-ce une philosophie applicable ou n’est ce qu’une doctrine sans fondements? 

Il nous faut constater que l’anarchisme remonte aux origines de l'humanité et qu'il a été localement appliqué, puisque d’assez nombreuses sociétés ont fonctionné et fonctionnent parfois encore selon un ou plusieurs principes anarchistes : les Inuits, les Pygmées, les Santals, les Tivs, les Piaroa ou les Merina se perpétuent ainsi, sans autorité politique ou suivant des pratiques anarchistes telles que l'autonomie, l'association volontaire, l'aide mutuelle ou la démocratie directe.

Dés l’Antiquité en effet, une forme ou une autre de philosophie anarchiste a inspiré les pensées sur le pouvoir, puisqu’on la retrouve dans les écrits épicuriens, cyniques et stoïciens. Plus tard, au Moyen Âge, des mouvements religieux, comme les hussites ou les anabaptistes s'inspirent de principes libertaires. La Renaissance fait émerger des utopies anarchistes avant que la révolution industrielle ne provoque en réaction des mouvements de défense de la liberté individuelle, des attaques contre l'État et la religion, des critiques contre le libéralisme et le socialisme.

Enfin, des penseurs libertaires américains comme Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson et Walt Whitman préfigurent l’anarchisme de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile. Aujourd’hui, l'anarchisme reste une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver. Il avance que l’ordre de telles sociétés serait fondé sur la coopération volontaire de personnes libres avec pour but de favoriser leur épanouissement.

 

L’anarchisme a donc existé dans la pratique sociale, il a inspiré des systèmes de pensée, il a touché les cœurs, mais à ce jour il n’a pas triomphé. Est-ce parce qu’il n’est qu’une vaine utopie, qui veut ignorer, par bravade ou par idéalisme, qu’il est généralement impossible de construire un système de management anarchiste, c’est-à-dire sans chefs ? Ou est-il au contraire le système de management du futur, dont les conditions de fonctionnement ne sont pas encore réunies ?

 

(À SUIVRE)

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8