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Le blog d'André Boyer

La révolte des paysans

27 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La révolte des paysans

LE CHANT DU CYGNE DES OUVRIERS FACE À LA RÉVOLTE DES PAYSANS

LA RÉVOLTE DES PAYSANS

 

Le 2 décembre 1851, une nouvelle période historique commence, le IIIe Empire, qui s'explique par celle qui vient de s’écouler entre 1848 et 1851.

 

Notons tout d’abord l’habitude prise d’organiser un coup d’État pour contourner les contraintes constitutionnelles, une habitude qui remonte à 1792.

Depuis cette date, aucun pouvoir politique n’a disposé du temps nécessaire pour s’enraciner avant qu’il ne soit balayé par un coup de vent. Deux groupes politiques se sont disputés alternativement le pouvoir, les anciens jacobins reconvertis en révolutionnaires socialistes et les bourgeois qui sont passés du royalisme raisonné à la république des libertés.

En décembre 1848, un nouvel acteur a changé le jeu, la majorité conservatrice qui n’est jamais parvenue à s’exprimer dans les urnes depuis avril 1797 et qui a saisi cette fois-ci l’opportunité de l’élection du Président de la République pour élire de manière inattendue Louis-Napoléon Bonaparte.

Dès lors que ce dernier s’est emparé des commandes de l’État, il a tout fait pour les garder, avec l’appui de la majorité de la population. C’est pourquoi le coup d’État du 2 décembre 1851 possède paradoxalement un aspect démocratique. 

Pour sa part, Karl Marx dans Le 18 brumaire de L. Bonaparte (Deuxième Édition,1869), à qui j’ai emprunté le titre de ce blog, analyse avec une grande lucidité les causes du coup d’État, lorsqu’il le qualifie de « révolte des paysans » et son analyse est toujours d'actualité ( c'est moi qui souligne) quand il mentionne la force du pouvoir de l'État en France et analyse l'origine de sa puissance :

« Ce pouvoir exécutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire, avec son mécanisme étatique complexe et artificiel, son armée de fonctionnaires d'un demi million d'hommes et son autre armée d'un demi million de soldats, effroyable corps parasite, qui recouvre comme d'une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores, se constitua à l'époque de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité, qu'il aida à renverser.

« Les privilèges seigneuriaux des grands propriétaires fonciers et des villes se transformèrent en autant d'attributs du pouvoir d'Etat, les dignitaires féodaux en fonctionnaires appointés, et la carte bigarrée des droits souverains médiévaux contradictoires devint le plan bien réglé d'un pouvoir d'Etat, dont le travail est divisé et centralisé comme dans une usine.

« La première Révolution française, qui se donna pour tâche de briser tous les pouvoirs indépendants, locaux, territoriaux, municipaux et provinciaux, pour créer l'unité civique de la nation, devait nécessairement développer l’œuvre commencée par la monarchie absolue : la centralisation, mais, en même temps aussi, l'étendue, les attributs et l'appareil du pouvoir gouvernemental. Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d'Etat…

« Toutes les révolutions politiques n'ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d'Etat comme la principale proie du vainqueur. Ce n'est que sous le second Bonaparte que l'Etat semble être devenu complètement indépendant…

"C'est ce qui explique le morne désespoir, l'effroyable sentiment de découragement et d'humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée. »

Il observe ensuite la nature des appuis dont bénéficie Louis-Napoléon Bonaparte dans la société française de 1851 :

« De même que les Bourbons avaient été la dynastie de la grande propriété foncière et les Orléans la dynastie de l'argent, les Bonaparte sont la dynastie des paysans, c'est-à-dire de la masse du peuple français

« Après que la première Révolution eut transformé les demi-serfs en libres propriétaires fonciers, Napoléon consolida et réglementa les conditions leur permettant d'exploiter tranquillement les terres qui venaient de leur échoir et de satisfaire leur enthousiasme juvénile de propriétaires. » 

 

Or les paysans français ont été tout à fait exclus de la dynamique politique depuis la Révolution, époque à laquelle ils avaient accédé à la propriété foncière. Mais ce sont eux qui élisent Louis-Napoléon président de la République et c’est sur eux que ce dernier s’appuie pour briser d'un côté la résistance des riches, les bourgeois républicains et de l'autre côté celle des révolutionnaires.

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