RETOUR AU COMBAT
16 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE
Dans un blog déjà lointain, le 5 mars dernier, je présentais le déroulement de la présentation de ma candidature à la fonction de Maitre-Assistant en Sciences de Gestion devant les membres du CNU, à Paris.
On l’a vu, je fis preuve d’une arrogance déplacée, aussi bien pendant qu’après cette épreuve. C’est ce que me fit comprendre à juste titre mon ami et homonyme Luc Boyer qui me confessa plus tard, après les résultats qui se révélèrent effectivement positifs.
Il eut également la gentillesse de me confier une mission d’enseignement de formation continue chez INA Roulements, une entreprise germanique de fabrication de roulements à billes installée à Haguenau, tout prés de la frontière allemande. Cette mission me permit d’effectuer cinq ou six déplacements en train de nuit entre Nice et Strasbourg et de redécouvrir l’Alsace où j’allais plus tard m’installer pour quelques années. La rémunération de cette activité annexe fut également la bienvenue en ce printemps 1980 où je ne recevais que mon salaire d‘assistant.
Pour revenir une dernière fois sur ma réaction pendant et après mon audition face au jury, je m’étais enfin trouvé dans la situation d’être jugé et reconnu au plan de la recherche avec le sentiment d’une injustice à réparer, en dehors des conflits de pouvoir inhérents au management des activités universitaires. Elle l’était désormais, au delà de mes attentes, ce qui contribuait à rehausser ma confiance. Je savourais donc le désaveu à la Commission de Spécialistes locales, puis je passais à la suite.
À échéance de deux mois, commençait pour moi le concours d’Agrégation en Sciences de Gestion, un concours en trois étapes souvent remaniées au long des années. La première étape était éliminatoire, avant deux étapes liées, une étape théorique portant sur un sujet de sciences de gestion et une étape appliquée portant sur une étude de cas dans le domaine de spécialité choisi par le candidat.
Cette première étape consistait en la présentation de mes travaux, dans les mêmes conditions que celles du Concours de Maitre de Conférences. Je considérais qu’elle ne devrait pas présenter de difficultés majeures, puisque je venais de la surmonter dans d’excellentes conditions : j’étais rodé et confiant, un peu trop même, on le verra.
Je me concentrais donc sur la préparation des deuxième et troisième épreuves. La seconde était redoutable pour moi, car ma candidature manquait de profondeur et de largeur.
Profondeur, parce que ma connaissance de la recherche en gestion était courte. Je n’avais pas accumulé beaucoup de lectures, de réflexions, bref consacré trop peu de temps à la reflexion théorique en dehors de celui que j’avais donné à la thèse et à quelques articles, en comparaison avec celui dont avait disposé les maitres de conférences confirmés qui était en compétition avec moi dans le concours.
Largeur, parce que je ne savais pas grand-chose des grandes disciplines de gestion, comme le marketing, la gestion des ressources humaines, la stratégie, la finance et surtout la comptabilité ou le contrôle de gestion. Comment acquérir en quelques semaines l’ensemble des connaissances centrales qui permettraient d’entrer en résonance avec les préoccupations, les réflexes et les fondamentaux des membres du jury ?
J’étais conscient de ces manques et également de mon absence de relations avec les professeurs qui menaient la dance du concours. Ils se trouvaient à Paris bien sûr, mais aussi à Aix, Grenoble, Bordeaux, Rennes, Lille. Pas à Nice, isolée au fin fond du Sud-Est. Tous ces professeurs préparaient leurs ouailles à l’aide de leçons simulées qui consistaient à distribuer au candidat un sujet théorique le matin et à l’écouter avec quelques collègues le soir, afin de corriger ses principales déficiences.
Trop neuf pour connaître en profondeur les disciplines de gestion, trop isolé à Nice, je risquais de buter sur le sujet théorique. Heureusement, il y eut le miracle Pierre Baranger.