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Le blog d'André Boyer

Un résultat électoral singulier

3 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Un résultat électoral singulier

L'ÉLU SURPRISE

 

La constitution votée, le match donnait un résultat tout à fait inattendu, en l’absence de sondages.

 

En effet, le 20 décembre 1848, les résultats de l’élection présidentielle sont publiés. En l’absence d’instituts de sondages, c’est à la surprise générale que Louis Napoléon Bonaparte est élu par 74,2% des votants. De son côté, le général Cavaignac qui était au pouvoir et était désigné comme le favori officiel, n’obtient que 1 448 000 voix, soit 19,5% des votants. Sans surprise par contre, les républicains de gauche qui soutenaient Ledru-Rollin sont déçus de ses 371 431 voix, soit 4,8 % des voix. Quant au socialiste Raspail, à Lamartine et à Changarnier, candidatures purement symboliques, ils n’obtiennent respectivement que  36 964 voix, 21032 voix et 4975 voix.

Ce vote, libre et aux résultats inattendus, contient des informations applicables à tous les votes non contrôlés. Les électeurs ont besoin de rêve et de sécurité. À ce titre, ils ne votent pas pour le pouvoir qu’ils subissent, sauf si les autres candidats les inquiétent. Mais lorsque l’un des candidats sait les faire rêver et les rassurer à la fois, ils se précipitent dans ses bras.

Marx, fine mouche, note que « Le 10 décembre 1848 fut le jour de l’insurrection des paysans ». On ferait référence aujourd’hui à la revanche du peuple contre les élites ou contre la pensée unique.

En 1848, les paysans, majoritaires, ont massivement voté contre l’impôt supplémentaire de 45%, contre les troubles, contre l’anarchie, contre la révolution parisienne, contre la politique.

Les ouvriers ont voté contre les responsables de la répression, y compris Ledru-Rollin.

Cavaignac a fait un bon score dans le Midi des minorités protestantes et dans le Nord, des régions toutes deux imperméables à la légende napoléonienne.

Après ce coup de théâtre, il restait à élire l’Assemblée législative. Ce fut fait six mois plus tard, les 13 et 14 mai 1849.

Dans l’intervalle, Louis-Napoléon avait soigné sa popularité auprès des catholiques en se prononçant pour la restauration de l’autorité temporelle du Pape alors que la république venait d’être proclamée à Rome par Garibaldi. Joignant le geste à la parole, il faisait débarquer, le 25 avril 1849, douze mille hommes pour rétablir le Pape, une intervention  pourtant condamnée par l’Assemblée constituante en fin de mandat. À long terme, cette décision électorale de Louis-Napoléon de rétablir l’autorité temporelle du Pape lui coûtera cher, puisqu’elle le privera de l’alliance italienne en 1870.

De plus, de nouvelles mesures avaient été prises pour contrôler l’opinion, telles que le rétablissement de la  censure sur les spectacles, le 28 janvier 1849, ou la suppression des clubs, le 24 mars 1849.

Les partis s’étaient réorganisés en vue de la prochaine élection législative. La droite s’était regroupée au sein de l’Union libérale, qui se réclamait du patronage de Louis-Napoléon Bonaparte avec comme mot d’ordre « Ordre, propriété, religion » et guerre aux « partageux ».

La gauche avait formé un comité démocratique socialiste, dirigé par Ledru-Rollin avec un programme qui a encore une saveur moderne : liberté de la presse et de réunion ; abolition de la peine de mort ; suppression de la magistrature présidentielle et stricte subordination de l’exécutif au législatif. Mais aussi progressivité de l’impôt ; droit au travail ; nationalisation des chemins de fer, des assurances et des mines.

Entre les deux, les républicains modérés, les centristes en somme, un peu sonnés par les conséquences de l’établissement du suffrage universel qu’ils avaient eux-mêmes réclamé, avaient formé une Association des Amis de la Constitution.

 

Une organisation politique tout à fait moderne, qui rend les résultats électoraux qui suivirent très intéressants. 

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